On appelle viol le fait de contraindre quelqu’un à des relations sexuelles par la violence ou par des menaces. Ce crime fait partie des actes dits de violence sexuelle, d'abus sexuel, d'agression sexuelle, etc. Les victimes sont généralement la gent féminine, mais souvent, des hommes sont concernés. Les auteurs de viols peuvent-ils s’appliquer cette maxime dite la règle d’or : « Ne fais à personne ce que tu n'aimerais pas subir » (Tb 4, 15) ?

« Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : "Fais ceci, évite cela". Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir, et c’est elle qui le jugera. La dignité de l’homme exige de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure » [1].

Le viol bafoue le droit de chacun au respect de sa dignité et de sa liberté. Il cause des dommages sur le corps et l’appareil génital de la victime en raison de la violence employée. Qui pis est, il crée des souffrances psychologiques et morales qui peut affecter la victime toute sa vie. Le viol est toujours un acte intrinsèquement mauvais. Plus grave encore est le viol commis sur des enfants, en particulier de la part des parents, de tuteurs ou d’éducateurs envers les enfants qui leur sont confiés.

Même entre personnes mariées, les relations sexuelles doivent se faire d’un commun accord, car elles expriment l’amour, le don d’une personne à l’autre. Entrepris sans amour, les rapports ne provoquent presque pas de plaisir chez la femme. De plus, si par cette union une nouvelle vie commence, l’enfant qui a été conçu sans amour, dans un contexte de disputes notoires, dans la violence conjugale naîtra et grandira avec des blessures psychologiques encore appelées blessures intra-utérines. C’est pourquoi certaines idées religieuses ou coutumières qui imposent à la femme d’accepter des rapports sexuels non désirés ou forcés sont moralement inacceptables. Ce sont par exemple : « Vos épouses sont pour vous un champ de labour ; allez à votre champ comme et quand vous le voulez et œuvrez pour vous-mêmes à l'avance » ; une femme ne doit jamais refuser son mari pour aucun prétexte ; l’homme a le droit de frapper sa femme si elle lui désobéit ; ou encore, la femme à sa mort ira au paradis seulement si elle a scrupuleusement satisfait à son mari pendant sa vie terrestre, etc.

Dans la même catégorie que les violences sexuelles, il y a aussi le mariage forcé, souvent précoce. « Tous les fidèles jouissent du droit de n’être soumis à aucune contrainte dans le choix d’un état de vie » [2], que ce soit pour le mariage, le sacerdoce ou la vie religieuse. C’est pourquoi la question principale à laquelle les fiancés doivent répondre au début de la célébration du mariage est celle-ci : « Vous allez vous engager l'un envers l'autre. Est-ce librement et sans contrainte ? ». Dans l’Église catholique, le mariage contracté sous l'effet de la violence ou de la crainte grave externe, même si elle n'est pas infligée à dessein est invalide [3].

Être complice d’un don de fille ou accepter une fille donnée constitue toujours un péché grave [4]. « Aucun mariage ne peut exister entre l'homme et la femme enlevée ou au moins détenue en vue de contracter mariage avec elle, à moins que la femme, une fois séparée de son ravisseur et placée en lieu sûr et libre, ne choisisse spontanément le mariage » [5].

En outre, sans que ce ne soit à proprement parler des viols, les attouchements sexuels, le harcèlement et l’abus d’autorité sont à bannir. Les attouchements désignent le fait de toucher sans permission ou contre son gré certaines parties du corps d’une autre personne (seins, fesses, etc.) pour satisfaire ses propres convoitises. Même avec permission, en dehors des couples mariés, les caresses et touchers propres à créer des dangers de péché ou des excitations sexuelles sont à éviter.

Le harcèlement sexuel quant à lui consiste à agacer une personne par des gestes, paroles et comportements souvent accompagnés de chantage pour l’obliger à consentir à des unions charnelles. Enfin, l’abus d’autorité est le fait d’user de son rang social, de son autorité, de sa fonction, pour des intérêts personnels, notamment pour obtenir facilement des faveurs sexuelles. C’est le cas par exemple des enseignants envers leurs élèves, des employeurs envers leurs employés, des patrons envers leurs subalternes, de tout responsable envers ceux dont il a la charge.

Par ailleurs, certaines études ont montré qu'il existe une grande corrélation entre agressions sexuelles (le viol en particulier) et la la pornographie [6]. En effet, la sexualité y est montrée comme une domination de la femme, considérée comme « le sexe faible ». Les hommes se doivent de prouver leur virilité, en ne montrant ni faiblesse ni pitié ni tendresse pour leurs partenaires qui semblent s’en réjouir. Il y a de plus en plus de scènes de violence et de viols dans le milieu pornographique, même dans les films grand public [7]. Tout cela formate les cerveaux à enregistrer que le viol est normal, et que les femmes aiment bien qu’on les viole [8]. En conséquence, il est illusoire de combattre la pédophilie et le viol uniquement par des lois pénales sophistiquées si la lutte ne concerne pas aussi et surtout la pornographie et d’une façon générale la dépravation des mœurs.

Enfin, les jeunes filles et les dames sont appelées à la modestie dans leur habillement, à la prudence dans la fréquentation de certains lieux et de certaines personnes. Les personnes victimes d’abus sexuels doivent être quant à elles entourées de compassion et d’affection. Elles chercheront des personnes crédibles à qui elles pourront se confier, qui les aideront à retrouver confiance en elles-mêmes et en Dieu, et à envisager sereinement l’avenir. « Un ami fidèle est un puissant soutien : qui l'a trouvé a trouvé un trésor » (Si 6, 14).

 

Remarque importante : On ne doit pas avorter en cas de viol !

Le viol est toujours une expérience traumatisante pour la victime qui peut la marquer toute sa vie. Bien plus, lorsqu’une grossesse survient après un viol, la victime et son entourage (en général les parents) sont davantage troublés, et peuvent penser légitime de recourir à l’avortement pour faire disparaître cette grossesse non désirée, surtout quand la loi civile le permet ouvertement[9], d’autant plus que l’enfant qui naîtra les rappellera à tout moment qu’un incident malheureux s’est produit, souvent avec un inconnu.

Cependant, l’enfant qui a été engendré est quand même un être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est un innocent sans défense, qui n’a jamais souhaité que sa mère soit violée, qui n’a pas demandé à être là. Il est là. Il demande à vivre, à être protégé, à ne pas être tué. C’est pourquoi la solution à ce drame exige une profonde réflexion qui va au-delà des solutions de facilités qui n’en sont pas.

L’avortement, même en cas de viol, n’est pas moralement acceptable. C’est commettre un second crime dans le sein de la victime, le premier étant la violence exercée par l’agresseur. C’est rendre le mal pour le mal (cf. 1 Th 5, 15 ; 1 P 3, 9). Est très condamnable l’attitude de certains médecins d’inscrire systématiquement des produits abortifs sur l’ordonnance médicale lorsqu’ils ont affaire à une patiente violée, de leur propre initiative, à l’insu même de la victime ou de ses parents, ou sur leur demande.

Les témoignages montrent que les femmes qui ont eu recours à l’avortement ou qui ont eu à le subir dans de tels cas souffrent bien plus des conséquences médicales et psychologiques de l’avortement que du souvenir du viol lui-même.

La mère et son entourage devraient être soutenus sur tous les plans (moral, spirituel, matériel, économique, psychologique, social) pour surmonter cette épreuve fort pénible tout en refusant l’avortement par un sursaut de foi et de crainte de Dieu. C’est là aussi une façon de porter sa croix à la suite du Christ (cf. Mt 10, 38).

 

Notes : 

[1] Concile Vatican II, Gaudium et spes, n°16-17.

[2] Canon 219.

[3] Cf. canon 1103.

[4] Cf. Jean-Marie Untaani COMPAORE, Sel et lumière du monde : lettre pastorale post-synodale, n° 30, juin 1999.

[5] Canon 1089.

[6] Certains chercheurs disculpent la pornographie en essayant de montrer au contraire qu'il n'y a pas de lien significatif : les plaintes en justice de cas d'agressions sexuelles dans plusieurs pays n'ont pas augmenté au même rythme que la disponibilité de la pornographie dont la consommation n'a fait que s'accentuer. Toutefois, force est de constater que les crimes sexuels sont de loin les crimes les moins signalés à la police ou à la justice.

En janvier 2020, en France un livre a défrayé la chronique. Sarah Abitbol, patineuse, plusieurs fois championne de France publie aux éditions Plon, Un si long silence où à 44 ans, elle révèle avoir été violée pendant deux ans à l'âge de 15 ans par son ancien entraîneur : « Il aura fallu trente ans pour que ma colère cachée se transforme enfin en cri public. Vous avez détruit ma vie, monsieur O., pendant que vous meniez tranquillement la vôtre... Quand j’ai voulu parler, à plusieurs reprises, je n’ai pas pu le faire ». La grande majorité des victimes n'oseront pas évoquer l'horreur qu'elles ont vécu à des proches, à plus forte raison aux structures judiciaires.

[7] AFREG, Une sexualité phallocratique et violente, http://pornodependance.com/representations1.htm

[8] Voici une phrase de Robin Morgan (1980) qui est devenue célèbre : « Pornography is the theory, and rape is the practice » : « La pornographie est la théorie, le viol est la pratique ».

[9] C’est le cas dans les pays où l’avortement est légalisé. Au Burkina, l’avortement en cas de viol est malheureusement autorisé par le code pénal (article 387). Cependant, en toutes circonstances, « il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Ac 5, 29).

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