Ce qui rend l’homme et la femme impurs, c’est le péché. La femme peut aller à l’Église à tout moment, et jeûner également. Elle peut communier si elle n’a pas d’empêchement à recevoir la sainte communion. Les empêchements à la communion concernent aussi bien l’homme que la femme.
L’Église ne peut en aucun cas soumettre la femme à un interdit pour des causes qui ne dépendent pas d’elle, mais de la nature. Le Christ nous a affranchis de toutes ces lois de l’Ancien Testament qui n'étaient valables que pour un temps donné. Le chrétien est appelé à abandonner ces considérations, encore valables dans certaines religions, qui n’ont rien à voir avec le message libérateur de l’Évangile.
Le sang dans l’Ancien Testament
Moïse (environ 1250 ans avant Jésus Christ) a donné ainsi à son peuple des « lois de pureté » (cf. Lv 11-16) : est pur ce qui peut rapprocher de Dieu, est impur ce qui rend inapte à son culte ou en est exclu.
Le sang, dont la consommation était interdite, était considéré le principe vital de l’homme et de l’animal. Il sert aux cultes et aux différents rituels : « Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes. Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est-à-dire le sang. Mais je demanderai compte du sang de chacun de vous. J'en demanderai compte à tous les animaux et à l'homme, aux hommes entre eux, je demanderai compte de l'âme de l'homme » (Gn 9, 3-5).
C’est pourquoi dans l’Ancien Testament, la perte ou l’écoulement de sang était considéré comme une impureté. Il faut préciser que ce n’est pas la femme qui est impure mais le temps de la menstruation (cf. Lv 15, 19-33).
Jésus et le pur et l’impur
Jésus clarifie la notion de pur et d’impur lorsque des pharisiens et des scribes se sont approchés de Jésus pour lui demander pourquoi ses disciples mangeaient sans avoir fait des ablutions. « Et ayant appelé de nouveau la foule près de lui, il leur disait : "Écoutez-moi tous et comprenez ! Il n'est rien d'extérieur à l'homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller, mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende !" Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l'homme ne peut le souiller, parce que cela ne pénètre pas dans le cœur, mais dans le ventre, puis s'en va aux lieux d'aisance" (ainsi il déclarait purs tous les aliments). Il disait : "Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme. Car c'est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l'homme"» (Mc 7, 14-15.18b-23).
En clair, ce qui souille l’homme (et la femme) et le rend impur, c’est le péché, son refus délibéré de faire la volonté de Dieu. Parmi les éléments énumérés qui sortent de l’homme, il n’y a aucune mention de sécrétions naturelles : sang, morve, urines, selles, sueur, salive, etc.
Toucher Jésus
Les évangiles rapportent le cas d’une hémorroïsse, qui, en raison de sa foi à Jésus, viole l’interdiction mosaïque de se tenir à l’écart de tous parce qu’étant impure.
« Une femme atteinte d'un flux de sang depuis douze années, qui avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, mais allait plutôt de mal en pis, avait entendu parler de Jésus ; venant par derrière dans la foule, elle toucha son manteau. Car elle se disait : "Si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée." Et aussitôt la source d'où elle perdait le sang fut tarie, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de son infirmité. Et aussitôt Jésus eut conscience de la force qui était sortie de lui, et s'étant retourné dans la foule, il disait "Qui a touché mes vêtements ?" Ses disciples lui disaient : "Tu vois la foule qui te presse de tous côtés, et tu dis : Qui m'a touché ?" Et il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, craintive et tremblante, sachant bien ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Et il lui dit : "Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton infirmité." » (Mc 5, 25-34)
La foi de cette femme et son geste a inspiré les habitants de Gennésaret : « Les gens de l'endroit, l'ayant reconnu, mandèrent la nouvelle à tout le voisinage, et on lui [Jésus] présenta tous les malades : on le priait de les laisser simplement toucher la frange de son manteau, et tous ceux qui touchèrent furent sauvés » (Mt 14, 35-36).
Or participer à la messe et communier, c’est toucher Jésus, et bien plus encore : c’est accueillir Jésus dans sa vie et se laisser transformer par lui : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui … Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 56.54). Les femmes ont bel et bien le droit d’aller à la messe à tout moment et de communier quand elles n'ont pas d'empêchement à le faire. Pour pouvoir communier, il faut être catholique, baptisé, avoir fait la première communion, ne pas être en situation irrégulière (e.g. concubinage, ...), ne pas avoir conscience de péché grave.
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« Du moment que vous êtes morts avec le Christ aux éléments du monde, pourquoi vous plier à des ordonnances comme si vous viviez encore dans ce monde ? "Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas", tout cela pour des choses vouées à périr par leur usage même ! Voilà bien les prescriptions et doctrines des hommes ! Ces sortes de règles peuvent faire figure de sagesse par leur affectation de religiosité et d'humilité qui ne ménage pas le corps ; en fait elles n'ont aucune valeur pour l'insolence de la chair » (Col 2, 20-23).
Bibliographie : Robert ABELAVA, Les interdits bibliques : une question d’exégèse et de pastorale, Kinshasa-Parakou, Verbum Bible, 2005, 110p.
Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)
Il est l'auteur de deux livres :
- La foi catholique face aux doctrines protestantes
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