Nulle part dans les évangiles, on voit Jésus appeler Marie « Mère ». Par deux fois, on rencontre de façon plutôt surprenante, l'expression « Femme ». C'était d'abord aux noces de Cana, quand Marie lui fait remarquer que les mariés n'ont plus de vin. « Jésus lui dit : "Que me veux-tu, femme ? Mon heure n'est pas encore arrivée" » (Jn 2, 4). Plus tard, c'était du haut de la Croix : « Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : "Femme, voici ton fils" » (Jn 19, 26).
Cette appellation, loin d'être méprisante, est pourtant exploitée par certains protestants pour laisser entendre que Jésus n'aurait pas eu (beaucoup) de considération pour sa mère, et par conséquent, que l'on ne devrait pas accorder de l'importance à cette Femme.
1. Jésus emploie souvent l'expression « Femme »
On trouve dans les Écritures plusieurs passages où Jésus emploie l'expression « Femme » :
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À la Syro-phénicienne : « Alors Jésus lui répondit : "O femme, grande est ta foi ! Qu'il t'advienne selon ton désir !" Et dès ce moment, sa fille fut guérie » (Mt 15, 28) ;
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à la femme infirme, courbée depuis 18 ans : « La voyant, Jésus l'interpella et lui dit : "Femme, te voilà délivrée de ton infirmité" » (Lc 13, 12) ;
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à la Samaritaine : « Jésus lui dit : "Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père » (Jn 4, 21) ;
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à la femme adultère : « Alors, se redressant, Jésus lui dit : "Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée" » (Jn 8, 10) ?
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À Marie Madeleine : « Jésus lui dit : "Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu" » (Jn 20, 15) ?
Jésus n'est pas le seul à s'exprimer ainsi :
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Les anges à Marie-Madeleine : « Ceux-ci lui disent : "Femme, pourquoi pleures-tu ?" Elle leur dit : "Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a mis" » (Jn 20, 13) ;
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Pierre reniant Jésus : « Mais lui nia en disant : "Femme, je ne le connais pas" » (Lc 22, 57). L'instant d'après, il emploie de même l'expression « homme » pour s'adresser à un serviteur : « Peu après, un autre, l'ayant vu, déclara : "Toi aussi, tu en es !" Mais Pierre déclara : "Homme, je n'en suis pas" » (Lc 22, 58).
Si dans toutes les situations ci-dessus, l'interpellation « Femme » n'a rien de péjoratif, pourquoi subitement, lorsqu'il s'agit de Jésus s'adressant à sa mère, ce serait un manque de respect ?
2. Jésus n'a jamais manqué de respect à sa mère
Notre Seigneur Jésus, lui qui était de condition divine, s'est abaissé en devenant homme (Ph 2, 6-8), semblable à nous en toute chose à l'exception du péché (He 4, 15 ; 2 Co 5, 21). Par conséquent, Jésus a toujours respecté le troisième commandement du décalogue qui stipule : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20, 12) ! Il a aussi rappelé la nécessité pour les chrétiens de respecter ce commandement (Mt 19, 19). Par conséquent, Jésus n'a JAMAIS manqué de respect à sa mère. Jamais !
La Bible souligne même que tout ce que Jésus a fait et dit n'a pas été écrit : « Il y a encore bien d'autres choses qu'a faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu'on en écrirait » (Jn 21, 25). On ne peut donc pas affirmer que toute sa vie, Jésus n'a jamais appelé Marie « Mère ».
Les évangélistes étaient plus préoccupés de mettre par écrit ce qui concerne le mystère du Christ. C'est ainsi que dans toutes les lettres de saint Paul, la seule allusion à Marie est très vague : « Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale » (Ga 4, 4-5).
Néanmoins, comment pourrait-on manquer de respect à celle au sujet de laquelle les Écritures rappellent l'importance : « Tu es bénie entre les femmes » (Lc 1, 42) ?
3. Marie, la nouvelle Ève
Marie est la nouvelle Ève à plusieurs titres. Tout d'abord, parce que Jésus est le nouvel Adam : « La mort a régné d'Adam à Moïse même sur ceux qui n'avaient point péché d'une transgression semblable à celle d'Adam, figure de celui qui devait venir... Comme en effet par la désobéissance d'un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l'obéissance d'un seul la multitude sera-t-elle constituée juste » (Rm 5, 14.19).
En écoutant le serpent, un ange déchu (Ap 12, 9) qui se fait passer pour un ange de lumière (2 Co 11, 14), Ève désobéit à Dieu et entraîne Adam à la désobéissance (Gn 3, 1-6). Cela était une image lointaine de Marie, qui, écoutant un ange bon, envoyé par Dieu, obéit à Dieu en acceptant d'être la mère de son Fils. Sous l'action de l'Esprit Saint, elle conçoit aussitôt son Fils (Lc 1, 26-38), qui, par son obéissance également sauve le genre humain.
De plus, Dieu dit au serpent : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon » (Gn 3, 15). Cette prophétie s'applique de façon éminente à Marie à qui convient parfaitement le titre de « Femme ». En effet, le diable et sa suite ont une hostilité pour sa descendance, en tout premier lieu (Ap 12, 17), voire exclusivement (Ga 3, 16) pour Jésus, le fruit de ses entrailles (Lc 1, 42), venu « réduire à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et d'affranchir tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort » (He 2, 14-15). « Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi détruit, c'est la Mort » (1 Co 15, 25-26).
Au début de son ministère, Jésus dit à Marie : « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n'est pas encore arrivée » (Jn 2, 4). Cette réponse n'altéra pas la foi de Marie qui était assurée du miracle qu'elle demandait. Elle se contente alors de conseiller aux servants : « Tout ce qu'il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5) ! L'heure dont Jésus faisait allusion, c'était l'heure de sa mort dont Jésus déclare l'accomplissement : « Père, l'heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie » (Jn 17, 1). À cette heure là, Marie est encore présente sous la croix. C'est avec une dévotion maternelle que Jésus lui dit : « Femme, voici ton fils » (Jn 19, 26).
Ainsi, Marie est la « Femme » par excellence, la « pleine de grâce » (Lc 1, 28), « bénie entre les femmes » (Lc 1, 42), « le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête » (Ap 12, 1), bref, la « Femme » que toutes les générations devront proclamer bienheureuse (Lc 1, 18).
Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)
- Cet article est extrait de son livre : La foi catholique face aux doctrines protestantes
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