« Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Mc 16, 15-16). Telles sont les paroles de Jésus avant son ascension dans le ciel qui font dire à certains que le baptême doit être réservé aux personnes adultes capables d'exprimer leur foi. Cependant, le baptême des tout-petits doit être examiné à la lumière des autres Écritures.
1. Le baptême est la nouvelle circoncision
Abraham « reçut le signe de la circoncision comme sceau de la justice de la foi qu'il possédait » (Rm 4, 11). Dieu conclut avec lui une alliance dont la circoncision était le signe : « Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération. Qu'il soit né dans la maison ou acheté à prix d'argent à quelque étranger qui n'est pas de ta race, on devra circoncire celui qui est né dans la maison et celui qui est acheté à prix d'argent » (Gn 17, 12-13).
Jésus a inauguré une Alliance nouvelle dans laquelle la circoncision est remplacée par le baptême : « C'est en lui que vous avez été circoncis d'une circoncision qui n'est pas de main d'homme, par l'entier dépouillement de votre corps charnel ; telle est la circoncision du Christ : ensevelis avec lui lors du baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts » (Col 2, 11-12).
Il est vrai que la circoncision n'était pratiquée que sur les personnes de sexe masculin (jamais sur les filles ou les dames), mais elle était administrée aux petits enfants de la maisonnée (Gn 17, 12-13). Si elle est remplacée par le baptême, il n'y a pas de raison d'exclure du baptême les enfants de parents ou de tuteurs chrétiens.
2. Des familles entières baptisées
La Bible nous rapporte des cas où des personnes ayant reçu l'annonce la Bonne Nouvelle ont été baptisés avec toute leur maisonnée. C'est le cas de ce gardien de prison qui gardait Paul et Silas, dont il est écrit : « Le geôlier les prit avec lui à l'heure même, en pleine nuit, lava leurs plaies et sur-le-champ reçut le baptême, lui et tous les siens » (Ac 16, 33). Saint Paul dit également : « J'ai baptisé encore la famille de Stéphanas » (1 Co 1, 16).
Dans les Actes des Apôtres, saint Paul a aussi baptisé une dame et toute sa famille : « Nous étant assis, nous adressâmes la parole aux femmes qui s'étaient réunies. L'une d'elles, nommée Lydie, nous écoutait ; c'était une négociante en pourpre, de la ville de Thyatire ; elle adorait Dieu. Le Seigneur lui ouvrit le cœur, de sorte qu'elle s'attacha aux paroles de Paul. Après avoir été baptisée ainsi que les siens, elle nous fit cette prière : "Si vous me tenez pour une fidèle du Seigneur, venez demeurer dans ma maison." Et elle nous y contraignit » (Ac 16, 13-15).
Ceux qui refusent le baptême des bébés et des petits enfants ont coutume de dire que rien ne prouve qu'il y avait des petits enfants ou des bébés dans la famille du geôlier ou de Stéphanas. Mais rien ne prouve non plus qu'il n'y en avait pas. Il ne faut pas oublier que dans le contexte juif, la famille, ce n'est pas seulement papa et maman.
De plus, les passages ci-dessus ne disent pas explicitement que les autres membres des familles concernées ont tous exprimé leur repentance ni confessé expressément la foi en Jésus-Christ. Les petits enfants ne sont pas capables de le faire, mais cela ne doit pas être un empêchement au baptême au regard de ce qui précède puisque leur confession de foi est suppléée par celle de leur(s) parent(s) ou de l’Église en général. En effet, Pierre dit au geôlier que sa confession de foi suffira à sauver les membres de sa famille : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et les tiens » (Ac 16, 31). Et l’Écriture signale que les enfants des chrétiens sont des « saints » (1 Co 7, 14).
3. Laissez venir à moi les enfants !
Dans la Bible, il est fait mention de nombreux cas où des personnes adultes ont demandé le baptême après avoir eu la foi suite à l'annonce de l'évangile (Ac 2, 41). « On présentait aussi à Jésus les tout-petits pour qu'il les touchât ; ce que voyant, les disciples les rabrouaient. Mais Jésus appela à lui ces enfants, en disant : Laissez les petits enfants venir à moi, ne les empêchez pas ; car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu » (Lc 18, 15-16). C'est la preuve que dès le départ, ceux qui adhéraient à la foi ne venaient pas à Jésus seuls, mais avec leurs enfants, et il n'est pas indiqué d'empêcher aujourd'hui des enfants de venir à Jésus, de devenir enfants de Dieu par le baptême.
En effet, la promesse de Dieu concerne aussi les enfants selon le discours de Pierre le jour de la Pentecôte : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit. Car c'est pour vous qu'est la promesse, ainsi que pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2, 38-39). Cette promesse, c'est le don de l'Esprit Saint par le baptême comme Pierre l'a rappelé au préalable : « Il se fera dans les derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards des songes » (Ac 2, 17 ; Jl 3, 1).
4. Le témoignage de la Tradition de l’Église
On sait également que les Apôtres n'ont pas tout écrit, et qu'ils transmettaient certaines instructions oralement. C'est ainsi qu'on lit dans la troisième épître de saint Jean : « J'aurais beaucoup de choses à te dire. Mais je ne veux pas le faire avec de l'encre et un calame. J'espère en effet te voir sous peu, et nous nous entretiendrons de vive voix » (3 Jn 13-14). C'est pourquoi l’Église catholique tient compte de la manière dont les chrétiens des premiers siècles ont vécu sous l'action de l'Esprit Saint, en tenant compte des enseignements écrits ou oraux des Apôtres encore appelés la « Tradition de l’Église » (avec T majuscule). Les protestants rejettent la Tradition de l’Église.
Or, on trouve dans les écrits des premiers chrétiens (qui ne sont pas dans la Bible) qu'on a toujours baptisé les bébés et les enfants sur la base de la foi de leurs parents. Il n'y a donc pas de raison qu'aujourd'hui, on refuse de baptiser les enfants, surtout si l'on connaît les grâces que confère le baptême : être revêtu du Christ (Ga 3, 27), être régénéré par l'eau et par l'Esprit (Jn 3, 5), recevoir le pardon de ses péchés personnels et du péché originel (Ac 2, 38 ; Rm 6, 3-7). Le Psalmiste ne dit-il pas qu'il était pécheur dès le sein de sa mère » (Ps 51(50), 7) ?
Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)
- Cet article est extrait de son livre : La foi catholique face aux doctrines protestantes
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