Notre Seigneur Jésus-Christ, en montant au ciel, a donné l'ordre aux disciples prêcher la Bonne Nouvelle partout dans le monde, en précisant deux conditions à réunir pour ceux qui ont été évangélisés pour être sauvés : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé » (Mc 16, 16). C'est pourquoi, le baptême est un élément crucial dans la vie du chrétien. Plusieurs groupes protestants n'acceptent que le baptême par immersion. Dans l’Église catholique, le baptême peut être aussi bien administré par immersion, par effusion (en versant de l'eau sur le front du candidat) et par aspersion.

1. Le baptême par immersion

Le mot « baptême » vient du latin « baptizo » qui signifie « laver », « baptiser », et du grec ancien « βαπτιξω » (prononciation : baptizo), qui signifie « plonger », « immerger ». On voit des exemples de baptêmes dans la Bible :

  • « Et il advint qu'en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean. Et aussitôt, remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe descendre vers lui » (Mc 1, 9-10) ;

  • « Chemin faisant, ils arrivèrent à un point d'eau, et l'eunuque dit : Voici de l'eau. Qu'est-ce qui empêche que je sois baptisé ? Et il fit arrêter le char. Ils descendirent tous deux dans l'eau, Philippe avec l'eunuque, et il le baptisa » (Ac 8, 36-38).

Ces deux passages indiquent que les baptêmes dont il est question se font dans un cours d'eau, mais ce qui se passe exactement dans le cours d'eau n'est pas précisé. L'origine étymologique du mot baptême laisse imaginer que Jésus et l'eunuque Éthiopien furent totalement immergés dans l'eau. Mais rien dans le texte ne garantit cela : ils peuvent avoir bien été baptisés par effusion ou par aspersion, étant arrêtés dans les eaux peu profondes avec ceux qui les ont baptisés. De plus, pour baptiser un adulte par immersion complète, il faudrait être physiquement fort, ou bien se faire assister par quelqu'un d'autre, alors que Philippe était seul avec l'Éthiopien.

Certains apologistes protestants font remarquer que si le baptême par effusion était possible, Philippe aurait pu baptiser l'Éthiopien avec l'eau qu'il emportait avec lui pour son voyage. On peut opposer à cette thèse le fait que l'Éthiopien était nouveau dans la foi, ne comprenant pas et ne connaissant pas tout de la nouvelle voie inaugurée par Jésus-Christ dont le baptême est différent de celui de Jean le Baptiste (Mc 1, 8).

2. Le baptême par effusion ou par aspersion

Il est difficile d'imaginer une immersion complète dans un cours d'eau de ceux qui reçoivent le baptême dans certains récits du Nouveau Testament :

  • Le seul jour de la Pentecôte, environ 3 000 personnes furent baptisés (Ac 2, 41). Il aurait fallu beaucoup d'eau et beaucoup de temps pour baptiser toutes ces personnes le même jour ;

  • le baptême de Saul : « Alors Ananie partit, entra dans la maison, imposa les mains à Saul et lui dit : "Saoul, mon frère, celui qui m'envoie, c'est le Seigneur, ce Jésus qui t'est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c'est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l'Esprit Saint." Aussitôt il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. Il se leva et il fut baptisé ; puis il prit de la nourriture, et les forces lui revinrent » (Ac 9, 17-19). Il n'y a pas de mention d'un déplacement dans une rivière. D'ailleurs, Saul avait faim et manquait de forces. C'est seulement après le baptême qu'il mangea ;

  • Paul et Sillas furent jetés en prison, et en pleine nuit, alors qu'ils louaient le Seigneur, la prison trembla, les portes s'ouvrirent et les chaînes de tous les prisonniers furent brisés. Le garde voulait se donner la mort, ce que Paul le défendit de faire. La Bonne Nouvelle lui fut annoncée. « Le geôlier les prit avec lui à l'heure même, en pleine nuit, lava leurs plaies et sur-le-champ reçut le baptême, lui et tous les siens » (Ac 16, 33). Là aussi, il n'est pas dit qu'ils sont allés dans une rivière avec toute la famille du geôlier, en pleine nuit. Cela est très peu probable, d'autant plus que ce dernier avait reçu l'ordre de ne pas laisser s'évader Paul et Sillas.

Le baptême institué par Jésus-Christ a commencé de son vivant. « Jésus lui-même ne baptisait pas, mais ses disciples » (Jn 4, 2). Toutefois, il ne nous est pas parvenu dans les Écritures Saintes, la manière dont le baptême était administré. On sait seulement que Jésus a dit de baptiser « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28, 19). Au vu des récits de baptêmes ci-dessus, on peut admettre que le baptême a été administré également par effusion ou par aspersion dès les temps apostoliques.

On sait que tout l'enseignement du Christ n'a pas été mis par écrit (Jn 20, 30-31) et que les Apôtres transmirent la foi « de vive voix ou par lettre » (2 Th 2, 15 ; 2 Jn 12 ; 3 Jn 13-14). C'est pour cela que l’Église catholique considère comme important l'enseignement non écrit de Jésus, transmis de façon orale, mais mis en pratique par les premiers chrétiens que l'on appelle la « Tradition de l’Église » (avec T majuscule), accessible à travers les écrits des premiers chrétiens.

Dans la Didachè, un écrit chrétien très ancien du premier siècle, on lit ceci : « Pour ce qui est du baptême, donnez-le de la façon suivante : après avoir enseigné tout ce qui précède, "baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" (Mt 28, 19) dans de l'eau vive. S'il n'y a pas d'eau vive, qu'on baptise dans une autre eau et à défaut d'eau froide, dans de l'eau chaude. Si tu n'as ni de l'une ni de l'autre, verse de l'eau sur la tête trois fois "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" » (chapitre 7).

Notons au passage que selon ce précieux témoignage de la Didachè, les premiers chrétiens baptisaient avec la formule trinitaire, c'est-à-dire, « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». Cette formule a été gardée par l’Église catholique qui considère donc l'expression « baptême au nom de Jésus » (Ac 2, 38 ; Ac 8, 16 ; Ac 10, 48 ; Ac 19, 5) comme désignant le baptême donné « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19).

3. Le baptême, un canal de grâces divines

Le baptême est un moyen par lequel Dieu nous communique des grâces spécifiques nécessaires au salut : le pardon des péchés (Ac 2, 38), la vêture du Christ (Ga 3, 27-28), le don de l'Esprit Saint, l'incorporation dans le corps du Christ qui est l’Église (1 Co 12, 13 ; Col 1, 18), l'association à la mort et à la résurrection du Christ (Rm 6, 3-4 ; Col 2, 12), etc.

Le baptême devant être administré dans le monde entier pour communiquer ces grâces-là serait impossible à pratiquer par immersion pendant certaines périodes de l'année (hiver) ou bien dans des zones très froides (Groenland et autres régions de l'arctique ou de l’antarctique), dans des zones désertiques très chaudes, etc. Le baptême par immersion peut être difficile, voire impossible, pour les personnes à mobilité réduite (handicapés), les prisonniers, les personnes souffrant de certaines maladies, les personnes âgées, hospitalisées, grabataires ou mourantes, etc. Jésus n'aurait jamais imposé une manière de baptiser irréalisable dans certaines conditions alors qu'il veut que tous les hommes soient ses disciples et que ceux qui croient soient baptisés pour être sauvés.

Pour l'Eucharistie, ce n'est pas la quantité de pain ou de vin qui compte. Pour le baptême aussi, ce n'est pas la quantité d'eau qui compte. On peut bien baptiser dans un océan aussi bien qu'avec l'eau d'une cuillère.

4. Le baptême qui purifie : préfigurations dans l'Ancien Testament

Le jour de la Pentecôte Pierre qui déclara : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Ac 2, 38). Le baptême qui purifie a de nombreuses préfigurations dans l'Ancien Testament où l'on trouve des lois sur la sanctification et la purification par aspersion de sang, d'huile ou d'eau. Voici quelques exemples :

  • « Le dix de ce mois, que chacun prenne une tête de petit bétail par famille, une tête de petit bétail par maison. On prendra de son sang et on en mettra sur les deux montants et le linteau des maisons où on le mangera » (Ex 12, 3.7) ;

  • « Tu abattras le bélier. Tu prendras de son sang et tu le mettras sur le lobe de l'oreille droite d'Aaron, sur le lobe de l'oreille droite de ses fils, sur le pouce de leur main droite et sur le gros orteil de leur pied droit. Puis tu répandras le sang contre l'autel, tout autour. Tu prendras du sang qui est sur l'autel et de l'huile d'onction, et tu en aspergeras Aaron et ses vêtements, ainsi que ses fils et les vêtements de ses fils ; ils seront ainsi consacrés, lui et ses vêtements, ainsi que ses fils et les vêtements de ses fils » (Ex 29, 20-21) ;

  • « Il trempera son doigt dans le sang et fera sept aspersions devant le voile, devant Yahvé » (Lv 4, 17) ;

  • « Yahvé parla à Moïse et dit : Prends les Lévites du milieu des Israélites et purifie-les. Ainsi feras-tu pour les purifier : tu feras sur eux une aspersion d'eau lustrale, ils se raseront tout le corps et laveront leurs vêtements, alors ils seront purs » (Nb 8, 5-7).

La préfiguration la plus claire du baptême est la prophétie d’Ézéchiel : « Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai » (Ez 36, 25). L'eau du baptême purificateur, comme les autres purifications de l'Ancien Testament, peut donc être répandue sur les candidats par effusion ou aspersion.

Parlant de Noé et des siens qui furent sauvés des eaux (Gn 8), saint Pierre déclare : « Ce qui y correspond, c'est le baptême qui vous sauve à présent et qui n'est pas l'enlèvement d'une souillure charnelle, mais l'engagement à Dieu d'une bonne conscience par la résurrection de Jésus Christ » (1 P 3, 21). De plus, affirme saint Paul, « je ne veux pas que vous l'ignoriez, frères : nos pères ont tous été sous la nuée, tous ont passé à travers la mer, tous ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer » (1 Co 10, 1-2). Or, on sait que « les Israélites pénétrèrent à pied sec au milieu de la mer, et les eaux leur formaient une muraille à droite et à gauche » (Ex 14, 22). Noé et sa famille ainsi que les Israélites fuyant l’Égypte ont-ils été immergés dans de l'eau ?

D'ailleurs, le mot « baptizo » ne signifie pas uniquement immersion (dans l'eau). Il signifie aussi « laver », « purifier ». Dans la traduction grecque de l'Ancien Testament (la Septante), ainsi que dans le Nouveau Testament, il y a de nombreux exemples dans lesquels le caractère immersif est fort discutable, voire totalement absent :

  • « Tu seras chassé d'entre les hommes, et avec les bêtes des champs sera ta demeure. Tu te nourriras d'herbe, comme les bœufs, tu seras baigné (baptizo) de la rosée du ciel » (Dn 4, 22) ;

  • Naama « descendit donc et se plongea (baptizo) sept fois dans le Jourdain, selon la parole d’Élisée : sa chair redevint nette comme la chair d'un petit enfant » (2 R 5, 14) ;

  • « Mon cœur s'égare, l'iniquité m'inonde (baptizo), mon âme succombe dans la terreur » (Is 21, 4)

  • « Ce que voyant, le Pharisien s'étonna de ce qu'il n'eût pas fait d'abord les ablutions (baptizo) avant le déjeuner » (Lc 11, 38) ;

  • Les Pharisiens et tous les Juifs « ne mangent pas au retour de la place publique avant de s'être aspergés d'eau (baptizo), et il y a beaucoup d'autres pratiques qu'ils observent par tradition : lavages (baptizo) de coupes, de cruches et de plats d'airain » (Mc 7, 4).

On doit donc admettre le baptême par effusion et par aspersion en lien avec la signification de ce mot et les pratiques préfiguratives de purification dans l'Ancien Testament.

5. Le baptême de Jésus, grand prêtre

Quand Jean-Baptiste refuse d'abord de baptiser Jésus, arguant que c'est le contraire qui devrait se faire, Jésus répond : « Laisse faire pour l'instant : car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice » (Mt 3, 15). Or, « telle sera notre justice : garder et mettre en pratique tous ces commandements devant Yahvé notre Dieu, comme il nous l'a ordonné » (Dt 6, 25). Jésus voulait donc se soumettre aux prescriptions de la Loi de Moïse quant à son statut de grand prêtre. Trois critères étaient en vigueur :

  • L'âge : « Faites le recensement de ceux des Lévites qui sont fils de Qehat, par clans et par familles, tous les hommes de 30 à 50 ans, qui devraient faire campagne, et qui accompliront leur fonction dans la Tente du Rendez-vous » (Nb 4, 2-3). « Et Jésus, lors de ses débuts, avait environ 30 ans » (Lc 3, 23) ;

  • l'appel divin : « Quant à toi, fais approcher de toi Aaron ton frère et ses fils, d'entre les Israélites, pour qu'il exerce mon sacerdoce : Aaron, Nadab et Abihu, Eléazar et Itamar, fils d'Aaron » (Ex 28, 1). « Nul ne s'arroge à soi-même cet honneur, on y est appelé par Dieu, absolument comme Aaron. De même ce n'est pas le Christ qui s'est attribué à soi-même la gloire de devenir grand prêtre, mais il l'a reçue de celui qui lui a dit : Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré » (He 5, 4-5) ;

  • l'aspersion d'eau par un prêtre : « Yahvé parla à Moïse et dit : Prends les Lévites du milieu des Israélites et purifie-les. Ainsi feras-tu pour les purifier : tu feras sur eux une aspersion d'eau lustrale, ils se raseront tout le corps et laveront leurs vêtements, alors ils seront purs » (Nb 8, 5-7). Jean-Baptiste a hérité la fonction de prêtre par son père Zacharie : « Il y eut aux jours d'Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d'Abia, et il avait pour femme une descendante d'Aaron, dont le nom était Élisabeth … » (Lc 1, 5). Le baptême reçu par Jésus devrait être par conséquent un baptême par aspersion pour compléter ce critère.

Après avoir chassé les marchands du Temple, on demanda à Jésus de quelle autorité il fait cela. Comme réponse, il dit : « Le baptême de Jean, d'où était-il ? Du Ciel ou des hommes ? Mais ils se faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : Si nous disons : Du Ciel, il nous dira : Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui » (Mt 21, 25) ? L'allusion au baptême de Jean-Baptiste montre que dans la pensée de Jésus, le baptême qu'il a reçu fait de lui un prêtre, non pas d'un sacerdoce lévitique, mais selon l'ordre de Melchisédech (He 5, 15-17). Et en tant que prêtre, il a l'autorité de chasser les marchands du Temple. Le baptême de Jésus par Jean-Baptiste dans le Jourdain est donc nécessairement un baptême par aspersion.


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)

Cet article est extrait de son livre : La foi catholique face aux doctrines protestantes

Il est aussi l'auteur du livre : Mon corps et l'amour : la Bonne Nouvelle sur la sexualité


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