« Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à son égard ; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère » (Mc 10, 11-12). A cause de ces paroles de Jésus, bien que compatissante, l’Église n’a pas d’autre choix que de refuser la sainte Communion et le sacrement de la réconciliation aux divorcés qui contractent une nouvelle union. Il leur est refusé de même le sacrement des malades, la possibilité d’être parrains ou marraines, des funérailles chrétiennes parce que là, ils persévèrent désormais dans le péché grave et manifeste d’adultère. Leur situation est très similaire à celle des jeunes vivant en concubinage.

« L'expérience quotidienne montre, malheureusement, que ceux qui ont recours au divorce envisagent presque toujours de passer à une nouvelle union, évidemment sans cérémonie religieuse catholique. Et comme il s'agit là d'un fléau qui, comme les autres, s'attaque de plus en plus largement aux milieux catholiques eux-mêmes, il faut d'urgence affronter ce problème avec la plus grande sollicitude. L’Église, en effet, instituée pour mener au salut tous les hommes, et en particulier les baptisés, ne peut pas abandonner à eux-mêmes ceux qui – déjà unis dans les liens du sacrement de mariage – ont voulu passer à d'autres noces. Elle doit donc s'efforcer, sans se lasser, de mettre à leur disposition les moyens de salut qui sont les siens.

Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide.

L’Église, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l’Écriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l’Église, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier : si l'on admettait ces personnes à l'Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l’Église concernant l'indissolubilité du mariage» [1]. « Cette norme n'a aucun caractère punitif ni certes discriminatoire à l'égard des divorcés remariés, mais elle exprime plutôt une situation objective qui par elle-même rend impossible l'accès à la Communion eucharistique » [2].

Le Pape Jean Paul II a aussi énoncé la concession suivante : « La réconciliation par le sacrement de pénitence [des divorcés remariés] – qui ouvrirait la voie au sacrement de l'Eucharistie – ne peut être accordée qu'à ceux qui se sont repentis d'avoir violé le signe de l'Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par exemple l'éducation des enfants –, remplir l'obligation de la séparation, ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux [rapports sexuels, etc.] » [3]. Il appartient aux évêques de juger des cas où cela est applicable en écartant toute possibilité de scandale des fidèles.

Les divorcés remariés peuvent régulariser leur situation en demandant le sacrement de mariage à la mort du premier conjoint. Cependant, « qui en vue de contracter mariage avec une personne déterminée aura donné la mort au conjoint de cette personne ou à son propre conjoint, attente invalidement ce mariage. Attentent aussi invalidement mariage entre eux ceux qui ont donné la mort à leur conjoint par une action commune physique ou morale » [4].

N'oublions pas que « les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d'appartenir à l'Église, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu'ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la Messe, mais sans recevoir la Communion, par l'écoute de la Parole de Dieu, par l'adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les œuvres de pénitence, par l'engagement dans l'éducation de leurs enfants.

Mariage et famille sont des institutions qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine comme telle » [5].

Il n’est pas rare que sous nos cieux, pour des raisons égoïstes et érotiques, des hommes chassent leur femme pour en prendre une autre, ou bien, laissant leur épouse avec ses enfants, ils aménagent ailleurs avec une autre femme. Ironie du sort, lorsqu’ils sont atteints de graves maladies, la femme illégitime les délaisse, car la relation était basée sur l’intérêt, le plaisir et l’argent. Il est alors courant que la famille envoie une délégation chez l’épouse légitime pour lui demander de faire miséricorde et de venir s’occuper de son époux malade. On pourrait se demander pourquoi il n’y a pas eu une telle délégation auprès du mari pour le raisonner lors de sa séparation avec son épouse. Nombreuses sont les femmes qui au nom de leur foi, au nom de l'ordre de Jésus de pardonner soixante-dix sept fois (Mt 18, 21), acceptent cette dure proposition, après tant d’années d’humiliations et de rejet. Et nombreux sont ces hommes qui meurent en demandant pardon pour ce comportement insensé. Quand la mort n’a pas eu raison d’eux, ils sont les premiers, à l’image du fils prodigue (cf. Lc 15, 19), à demander à rejoindre leur épouse, « non pas en tant que mari, mais seulement comme habitant de la maison ». Ce n’est pas mieux ainsi ?

 

Notes : 

[1] Jean-Paul II, Familiaris consortio, n°84.

[2] Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux évêques de l'Église catholique sur l'accès à la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés-remariés, n°4.

[3] Jean-Paul II, Familiaris consortio, n°84.

[4] Canon 1090. C’est le crime de conjugicide.

[5] Benoît XVI, Sacramentum caritatis, n°29.


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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