« Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale » (Ga 4, 4-5).
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Jésus est le Fils de Dieu : c’est l’affirmation principale de toute la Bible. Les chrétiens sont ceux qui ont reconnu en Jésus le Fils de Dieu, à l’encontre de l’idée selon laquelle il est absurde pour Dieu d’avoir un Fils.
Certaines personnes, sans même avoir ouvert la Bible déclarent qu’il n’y est pas écrit que Jésus est le Fils de Dieu. D’autres encore prétendent que c’est une parabole. Naturellement, elles restent muettes quand on leur demande de raconter une parabole de Jésus ou tout simplement de dire ce que c’est qu’une parabole.
Jésus, simple prophète ? Les difficultés pour les proches de Jésus de l’accepter comme Fils de Dieu
Il n’a pas été facile pour les contemporains de Jésus de l’accepter comme Fils de Dieu. Comme envoyé par le Père (cf. Jn 5), il est prophète, mais il est bien plus que cela.
Malgré ses miracles et son enseignement, son entourage demeurait perplexe : « Jésus se rend dans sa patrie, et ses disciples le suivent. Le sabbat venu, il se mit à enseigner dans la synagogue, et le grand nombre en l'entendant étaient frappés et disaient : "D'où cela lui vient-il ? Et qu'est-ce que cette sagesse qui lui a été donnée et ces grands miracles qui se font par ses mains ? Celui-là n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère [cousin] de Jacques, de Joset, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs [cousines] ne sont-elles pas ici chez nous ?" Et ils étaient choqués à son sujet » (Mc 6, 1-3).
A la vue des signes qu’il accomplissait, beaucoup voyaient en Jésus un prophète. C’est le résultat du sondage d’opinion que Jésus réalise avec ses disciples. « Jésus posa à ses disciples cette question : "Au dire des gens, qu'est le Fils de l'homme ?" Ils dirent : "Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres encore, Jérémie ou quelqu'un des prophètes" – "Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ?" Simon-Pierre répondit : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant." En réponse, Jésus lui dit : "Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux" » (Mt 16, 13-17). C’est donc un réductionnisme que de voir en Jésus seulement un prophète, un simple envoyé de Dieu : c’est là, une vision purement humaine, relevant « de la chair et du sang », que la foi permet de dépasser.
Si Jésus a été tué, c’est justement parce qu’il s’est révélé Fils de Dieu, comme le montre cet extrait de son procès : « De nouveau le Grand Prêtre l'interrogeait, et il lui dit : "Tu es le Christ, le Fils du Béni ?" - "Je le suis, dit Jésus, et vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel." Alors le Grand Prêtre déchira ses tuniques et dit : "Qu'avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avez entendu le blasphème ; que vous en semble ?" Tous prononcèrent qu'il était passible de mort » (Mc 14, 61-64).
La divinité de Jésus, fondement des évangiles
Le premier verset de l’Évangile de saint Marc est le titre de son écrit : « Commencement de l'Évangile : Jésus Christ, Fils de Dieu » (Mc 1, 1). De la sorte, tout le document de saint Marc ne sert qu’à montrer que Jésus est le Fils de Dieu, et c’est cela l’Évangile (= Bonne Nouvelle).
Saint Jean, lui, commence son évangile avec la même assertion, avec une tournure hautement théologique : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu … » (Jn 1, 1). Si cela est difficile à comprendre, on peut se référer à la conclusion de son évangile : « Jésus a fait sous les yeux de ses disciples encore beaucoup d'autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-là ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jn 20, 30-31).
Chez saint Luc, l’affirmation de la divinité de Jésus se fait au commencement de son évangile, à travers l’Annonciation de l’ange à Marie : « L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Il entra et lui dit : "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi." A cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et l'ange lui dit : "Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin." Mais Marie dit à l'ange : "Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ?" L'ange lui répondit : "L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu" » (Lc 1, 26-35).
Quand saint Mathieu appelle Jésus, « le fils de l’homme », il ne le diminue pas, car Jésus est vrai homme et vrai Dieu, est né d’une femme, la Vierge Marie, mais aussi, il est éternellement engendré, c’est-à-dire éternellement Fils de Dieu et qui a pris chair de la Vierge Marie. D’ailleurs, saint Mathieu le dit au début de son évangile : « Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l'on appelle Christ » (Mt 1, 16).
Peut-on alors parler de parabole au sujet de la filiation divine de Jésus ? Quiconque lit l’un des évangiles honnêtement (Mathieu, Marc, Luc, Jean), même superficiellement, ne peut pas nier qu’ils attestent nettement que Jésus est le Fils de Dieu. Il est déplorable que certaines sectes comme les Témoins de Jéhovah, déformant la Bible, ne voient en Jésus qu’un prophète, un homme qui avait des capacités extraordinaires et qui tout au plus n’a pas commis de péché (cf. Jn 8, 46 ; He 4, 15 ; 1 P 2, 21-22).
Est-il impossible que Dieu ait un Fils ? Le mystère de l’Incarnation
Les musulmans partagent avec les chrétiens la foi en la conception virginale de Jésus, c’est-à-dire, le mystère selon lequel Jésus soit né de la Vierge Marie sans l’intervention d’un homme, il y a 2000 ans. Qu’il soit dit en passant qu’il s’agit d’un mystère de foi, d’une réalité non accessible par la raison humaine, et non acceptable par la médecine.
Le christianisme ne s’arrête pas là, car, avec la foi en la toute-puissance de Dieu, qui a créé l’homme et la femme à partir de rien (Gn 1, 27), on peut être tenté de penser qu’il ne lui était pas difficile de faire concevoir Marie dans sa virginité, et de là, conclure que Jésus était un prophète exceptionnel.
Le mystère de l’Incarnation quant à lui, il est différent. Il signifie que Dieu s’est fait vraiment homme en la personne de Jésus-Christ, en d’autres termes, que Jésus est le Fils de Dieu, que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Jésus est de condition divine (Ph 2, 6), il était dès le commencement (Jn 1, 1) ; il déclare : «En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham existât, Je Suis ».
Là encore, il s’agit d’un mystère. Le mot mystère recouvre une réalité qui dépasse absolument, et par définition la raison humaine, quelque chose qu’on ne peut connaître qu’à la suite d’une révélation. Il y a un obstacle épistémologique et psychologique certain à l’acceptation de ce mystère lorsque l’on professe déjà son impossibilité. Toutefois, quand il s’agit de Dieu, de ses qualités et de ses privilèges, l’esprit humain ne peut pas saisir d’une façon équivalente ce qui est en lui, car il est plus grand que notre esprit : « autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées », dit le Seigneur (Is 55, 9).
Il est plus facile de croire en un Dieu qui se manifeste par des signes grandioses : ouragans, montagne fumante, tremblements de terre, bouleversement des étoiles, etc. (cf. Ex 19, 18-19 ; 1 R 19, 11-12). Mais notre Dieu a choisi de montrer sa toute-puissance en s’abaissant, en assumant la condition humaine en toute chose à l’exception du péché, pour nous donner l’exemple (cf. 2 P 2, 21-24). Seule la foi permet d’adhérer à ces mystères.
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Le Christ Jésus,
ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement
le rang qui l'égalait à Dieu.
Mais il s'est anéanti,
prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes,
reconnu homme à son aspect,
il s'est abaissé,
devenant obéissant jusqu'à la mort,
et la mort de la croix.
C'est pourquoi Dieu l'a exalté :
il l'a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,
afin qu'au nom de Jésus
tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame :
"Jésus Christ est Seigneur "
à la gloire de Dieu le Père. (Ph 2, 6-11)
Bibliographie :
Jean-Paul II, "Quelle différence y a-t-il entre le Dieu des musulmans et le Dieu des chrétiens ?" in Entrez dans l’Espérance, Paris, Plon-Mame, 1994, pp. 149-154.