Non.
« Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles » (He 1, 1-2). « L'économie chrétienne, étant l'Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n'est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ » (Concile Vatican II, Dei Verbum, n° 4).
L’argument de Jn 14, 16 : « Et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet »
Celui qui évoque ce passage de l’évangile pour justifier l’avènement de prophètes après Jésus-Christ selon la Bible devrait répondre à une question fondamentale : L’évangile de saint Jean est-elle digne de confiance ?
Si la réponse est oui, ils devraient aussi s’expliquer sur le fait qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Fils de Dieu et/ou ne suivent pas pleinement son enseignement confié et maintenu dans l’Église catholique. Car, la conclusion de tout le discours de l’évangile de saint Jean est le suivant : « Jésus a fait sous les yeux de ses disciples encore beaucoup d'autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-là ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jn 20, 30-31).
Si la réponse est non, c’est-à-dire, si l’évangile de saint Jean n’est pas digne de confiance, alors Jn 14, 16 ne peut être brandi comme la preuve de la prédiction par Jésus de la venue d’un autre prophète après lui.
Si on lit en toute honnêteté ce passage de saint Jean dans son contexte, sans isoler ce bout de phrase et sans ignorer les règles élémentaires de la grammaire française, on se rendra compte que Jésus parle de la venue de l’Esprit Saint rapportée dans Actes des Apôtres (cf. Ac 2). L’Esprit Saint, c’est Dieu lui-même, car Dieu est Père, Fils et Saint-Esprit.
Jésus dit en effet : « Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements ; et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous. […] Le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 15-17.26). Le Paraclet n’est donc pas une personne humaine, mortelle, mais bien l’Esprit Saint (v. 26), qui est Dieu, que le monde ne peut voir parce qu’il est invisible, et qui peut demeurer éternellement (à jamais) auprès des disciples de Jésus, les chrétiens.
Et voici comment l’Esprit Saint se manifesta aux Apôtres : « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome. Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : "Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ? » (Ac 2, 1-8)
Jésus annonce la venue de nombreux faux prophètes
Jésus n’a pas manqué de mettre en garde les chrétiens sur la venue de faux prophètes :
« Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur des épines ? Ou des figues sur des chardons ? Ainsi tout arbre bon produit de bons fruits, tandis que l'arbre gâté produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre gâté porter de bons fruits. Tout arbre qui ne donne pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu. Ainsi donc, c'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 15-20).
« Et Jésus leur répondit : "Prenez garde qu'on ne vous abuse. Car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront : C'est moi le Christ, et ils abuseront bien des gens. Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres ; voyez, ne vous alarmez pas : car il faut que cela arrive, mais ce n'est pas encore la fin. Des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens. Par suite de l'iniquité croissante, l'amour se refroidira chez le grand nombre. Mais celui qui aura tenu bon jusqu'au bout, celui-là sera sauvé » (Mt 24, 4-6.11-13)
Les Apôtres, à la suite de Jésus, rappelèrent ces avertissements aux premières communautés chrétiennes :
« Il y a eu de faux prophètes dans le peuple, comme il y aura aussi parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux-mêmes une prompte perdition. Beaucoup suivront leurs débauches, et la voie de la vérité sera blasphémée, à cause d'eux. Par cupidité, au moyen de paroles trompeuses, ils trafiqueront de vous, eux dont le jugement depuis longtemps n'est pas inactif et dont la perdition ne sommeille pas » (2 P 2, 1-3).
« Vous avez ouï dire que l'Antichrist doit venir ; et déjà maintenant beaucoup d'antichrists sont survenus : à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là. Ils sont sortis de chez nous, mais ils n'étaient pas des nôtres. S'ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous. Mais il fallait que fût démontré que tous n'étaient pas des nôtres. Quant à vous, vous avez reçu l'onction venant du Saint, et tous vous possédez la science. Je vous ai écrit, non que vous ignoriez la vérité, mais parce que vous la connaissez et qu'aucun mensonge ne provient de la vérité. Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Le voilà l'Antichrist ! Il nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils ne possède pas non plus le Père. Qui confesse le Fils possède aussi le Père » (1 Jn 2, 18-23).
« L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s'attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience : ces gens-là interdisent le mariage et l'usage d'aliments que Dieu a créés pour être pris avec action de grâces par les croyants et ceux qui ont la connaissance de la vérité. Car tout ce que Dieu a créé est bon et aucun aliment n'est à proscrire, si on le prend avec action de grâces : la parole de Dieu et la prière le sanctifient » (1 Tm 4, 1-5).
« Je m'étonne que si vite vous abandonniez Celui qui vous a appelés par la grâce du Christ, pour passer à un second évangile - non qu'il y en ait deux ; il y a seulement des gens en train de jeter le trouble parmi vous et qui veulent bouleverser l'Évangile du Christ. Eh bien ! Si nous-même, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu'il soit anathème ! Nous l'avons déjà dit, et aujourd'hui je le répète : si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ! » (Ga 2, 6-9).
C’est pourquoi, les chrétiens ayant reconnu et accueilli il y a plus de 2000 ans, Jésus-Christ, plénitude de la Révélation divine, ne peuvent reconnaître comme venant de Dieu quiconque se prétendant prophète. D’ailleurs, les livres des prophètes des autres religions ne sont jamais lus à la messe parce qu’ils ne sont pas Parole de Dieu.
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« L'heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu » (Jn 16, 2)