C'est affectueusement et non sans raisons, que les catholiques attribuent à Marie le titre très légitime de Reine du ciel, en latin « Regina caeli ». Pour les opposants, les mentions de Reine du ciel dans la Bible, toutes de l'Ancien Testament, se rapportent à des déesses dont le culte est idolâtrique. Toutefois, la royauté de Marie est intimement liée à celle de son Fils Jésus.

1. Reine du ciel dans l'Ancien Testament

Il y a deux passages contenant des mentions claires d'une Reine du ciel dans l'Ancien Testament :

  • Dieu dit à Jérémie : « Et toi, n'intercède pas pour ce peuple-là, n'élève en leur faveur ni plainte ni prière, n'insiste pas auprès de moi, car je ne veux pas t'écouter. Tu ne vois donc pas ce qu'ils font dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem ? Les fils ramassent le bois, les pères allument le feu, les femmes pétrissent la pâte pour faire des gâteaux à la Reine du Ciel ; et puis on verse des libations à des dieux étrangers pour me blesser. Est-ce bien moi qu'ils blessent – oracle de Yahvé – n'est-ce pas plutôt eux-mêmes pour leur propre honte » (Jr 7, 16-19) ?

  • « Alors tous les hommes qui savaient que leurs femmes encensaient des dieux étrangers et toutes les femmes présentes – une grande assemblée – (et tout le peuple établi au pays d’Égypte et à Patros) firent cette réponse à Jérémie : "En ce qui concerne la parole que tu nous a adressée au nom de Yahvé, nous ne voulons pas t'écouter ; mais nous continuerons à faire tout ce que nous avons promis : offrir de l'encens à la Reine du Ciel et lui verser des libations, comme nous le faisions, nous et nos pères, nos rois et nos princes, dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem, alors nous avions du pain à satiété, nous étions heureux et nous ne voyions point de malheur. Mais depuis que nous avons cessé d'offrir de l'encens à la Reine du Ciel et de lui verser des libations, nous avons manqué de tout et avons péri par l'épée et la famine. D'ailleurs, quand nous offrons de l'encens à la Reine du Ciel et lui versons des libations, est-ce à l'insu de nos maris que nous lui faisons des gâteaux qui la représentent et lui versons des libations" » (Jr 44, 15-19) ?

Dans ce contexte particulier, Reine du ciel fait référence à Ishtar aussi appelée Astarté, une déesse assyrienne et babylonienne, l’épouse de Baal, encore appelé Moloch. Son culte est un faux culte qui provoque la colère de Dieu. Cela n'empêche pas que Marie soit la vraie Reine du ciel avec une signification particulière. À titre de comparaison, plusieurs rois dans l'Ancien Testament sont appelés « roi des rois », y compris par Dieu lui-même :

  • « Artaxerxès, le roi des rois, au prêtre Esdras, Secrétaire de la Loi du Dieu du ciel, paix parfaite » (Esd 7, 12) ;

  • « Car ainsi parle le Seigneur Yahvé : Voici que j'amène à Tyr, venant du Nord, Nabuchodonosor, roi de Babylone, roi des rois, avec chevaux, chars et cavaliers, une troupe et un peuple nombreux » (Ez 26, 7) ;

  • Daniel dit au roi : « C'est toi, ô roi, roi des rois, à qui le Dieu du Ciel a donné royaume, pouvoir, puissance et honneur » (Dn 2, 37).

Pourtant, Jésus est le véritable « Roi des rois, le Seigneur des Seigneurs » (1 Tm 6, 15 ; Ap 17, 14). Et c'est précisément parce que Jésus est Roi que Marie est Reine.

2. La Reine mère ou Gebirah

Dans le royaume davidique, la reine n'est pas une épouse du roi, certainement à cause de la polygamie, mais la mère du roi. Elle portait le nom de Reine mère, en hébreu « Gebirah ». Elle jouissait d'un grand honneur dans le royaume. Le roi pouvait s'agenouiller devant elle seule. Elle était conseillère du roi, et avait une grande influence sur lui. Le roi ne refuse pas ses requêtes. De ce fait, plusieurs personnes demandaient à la Reine mère de plaider leur cause auprès du roi. Voici quelques passages pour soutenir ces propos :

  • « Jéhu partit et alla à Samarie. Comme il était en route, à Bet-Eqèd-des-Pasteurs, il y trouva les frères d'Ochozias, roi de Juda, et demanda : "Qui êtes-vous ?" Ils répondirent : "Nous sommes les frères d'Ochozias et nous descendons saluer les fils du roi et les fils de la reine mère" » (2 R 10, 12-13) ;

  • Dieu dit à Jérémie : « Dis au roi et à la reine-mère : Asseyez-vous bien bas, car elle est tombée de votre tête, votre couronne de splendeur » (Jr 13, 18) ;

  • « Adonias fils de Haggit se rendit chez Bethsabée, mère de Salomon. Elle demanda : "Est-ce la paix que tu apportes ?" Il répondit : "Oui." Bethsabée se rendit donc chez le roi Salomon pour lui parler d'Adonias, et le roi se leva à sa rencontre et se prosterna devant elle, puis il s'assit sur son trône, on mit un siège pour la mère du roi et elle s'assit à sa droite. Elle dit : "Je n'ai qu'une petite demande à te faire, ne me rebute pas." Le roi lui répondit : "Demande, ô ma mère, car je ne te rebuterai pas" » (1 R 2, 13.19-20).

3. Marie, Reine du ciel

L'ange Gabriel annonce à Marie que son Fils sera roi à la place du roi David : « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin » (Lc 1, 31-33). Ainsi, Jésus inaugure un nouveau Royaume dont Marie sa mère est automatiquement la Reine mère, la Gebirah, à qui il ne peut rien refuser. On comprend alors pourquoi aux noces de Cana, à peine a-t-elle informé son Fils que les mariés n'ont plus de vin, qu'elle avise les serviteurs de faire tout ce qu'il leur dira de faire, assurée que le problème sera résolu immédiatement (Jn 2, 1-11).

Puisque Jésus est le Roi du ciel, alors, Marie, sa mère, est la Reine du ciel, en latin « Regina caeli ». On peut de même dire que Marie est Reine du ciel et de la terre, Reine de l'univers, etc., parce que son Fils est le Roi du ciel et de la terre, Roi de l'univers tout entier. On comprend alors pourquoi Élisabeth s'écrie à la vue de Marie : « Et comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur » (Lc 1, 43) ? C'est un insigne honneur. Par le vocable de « Notre-Dame », les chrétiens appliquent la royauté de Marie à leur localité : Notre-Dame de Yagma, Notre-Dame de Lourdes, etc.

Salomon fit asseoir sa mère Bethsabée à sa droite, sur un siège royal (1 R 2, 19-20). Le roi, comme la reine mère avaient une couronne de gloire (Jr 13, 18). Le Psaume 45(44) fait l'éloge du roi : « Ton trône est de Dieu pour toujours et à jamais ! Sceptre de droiture, le sceptre de ton règne ! La reine est à ta droite, parée d'or d'Ophir » (v7.10). De même, Jésus, une fois monté au ciel (Ac 1, 9) couronne sa mère comme Reine. C'est pourquoi, dans l'Apocalypse, elle apparaît au ciel également, avec des apparats royaux : « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête » (Ap 12, 1).

Le soleil et la lune sont les astres que Dieu a créés pour la division du temps, des jours, des saisons, des mois, des années, des fêtes (Gn 1, 14-19). Si Marie a la lune sous les pieds, cela signifie qu'elle exerce une domination sur le temps, de même que Jésus exerce une domination sur ses ennemis qui sont sous ses pieds (Ac 2, 34 ; Jos 10, 24). C'est pourquoi, aux noces de Cana, bien que l'heure de Jésus ne soit pas encore arrivée, Marie a obtenu de lui qu'il fasse son premier miracle (Jn 2, 1-11).

« Qui est cette femme, qui surgit comme l'aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil, redoutable comme des bataillons » (Ct 6, 10) ?


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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