« Il y avait une foule assise autour de Jésus et on lui dit : "Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent." Il leur répond : "Qui est ma mère ? Et mes frères ?" Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit : "Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un frère et une sœur et une mère" » (Mc 3, 32-35 ; Mt 12, 46-50 ; Lc 8, 19-21). Ce passage est souvent utilisé par certains protestants pour soutenir que Jésus aurait méprisé sa mère et que nous ne devrions pas lui accorder de l'importance.

Il en est de même de la réponse de Jésus dans cet autre passage : « Or il advint, comme Jésus parlait ainsi, qu'une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : "Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés !" Mais il dit : "Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent" » (Lc 11, 27-28) !

En réalité, ici, on voit comment il est tout à fait naturel pour ceux qui aiment Jésus de louer sa Mère. Pour les catholiques, Jésus montre dans ces deux épisodes que Marie est heureuse, non pas d'abord parce qu'elle a mis au monde le Fils de Dieu, mais surtout à cause de sa grande foi et de son obéissance à Dieu. Cela est mis en exergue en comparant la foi de Marie à celle de Zacharie.

1. Jésus a toujours honoré sa mère

« Car le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces, lui qui n'a pas commis de faute – et il ne s'est pas trouvé de fourberie dans sa bouche » (1 P 2, 21-22). Ainsi, puisque le Christ n'a pas commis de péché, on peut affirmer qu'il n'a jamais désobéi au troisième commandement : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20, 12) ! Et si le Christ a toujours honoré sa mère, nous laissant un modèle à suivre, nous devons également honorer Marie sa mère et notre mère (Ap 12, 17) qui nous rappelle ce devoir de louange : « Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1, 48) ! Bienheureuse surtout en raison de sa foi. Examinons d'abord la foi de Zacharie.

2. La foi de Zacharie

Saint Luc raconte : « Il y eut aux jours d'Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d'Abia, et il avait pour femme une descendante d'Aaron, dont le nom était Élisabeth. Or il advint, comme il remplissait devant Dieu les fonctions sacerdotales au tour de sa classe, qu'il fut, suivant la coutume sacerdotale, désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du Seigneur et y brûler l'encens. Et toute la multitude du peuple était en prière, dehors, à l'heure de l'encens. Alors lui apparut l'Ange du Seigneur, debout à droite de l'autel de l'encens. À cette vue, Zacharie fut troublé et la crainte fondit sur lui.

Mais l'ange lui dit : "Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée ; ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jean. Tu auras joie et allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin ni boisson forte ; il sera rempli d'Esprit Saint dès le sein de sa mère et il ramènera de nombreux fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu. Il marchera devant lui avec l'esprit et la puissance d’Élie, pour ramener le cœur des pères vers les enfants et les rebelles à la prudence des justes, préparant au Seigneur un peuple bien disposé."

Zacharie dit à l'ange : "A quoi connaîtrai-je cela ? Car moi je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge." Et l'ange lui répondit : "Moi je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle. Et voici que tu vas être réduit au silence et sans pouvoir parler jusqu'au jour où ces choses arriveront, parce que tu n'as pas cru à mes paroles, lesquelles s'accompliront en leur temps » (Lc 1, 5.8-20).

Voici quelques caractéristiques de cette scène :

  • Zacharie est un prêtre de haut rang ;

  • il est tiré au sort pour l'office au Temple, ce qui est un signe de la faveur divine ;

  • l'apparition a lieu dans le Temple situé à Jérusalem, précisément dans le Saint des Saints où seul le grand prêtre entre une fois l'an ;

  • le peuple était uni à Zacharie dans la prière dans l'autre partie du Temple ;

  • l'apparition a lieu pendant le sacrifice, devant l'autel ;

  • « Zacharie fut troublé et la crainte fondit sur lui » ;

  • Zacharie priait pour avoir un enfant malgré son âge avancé et la vieillesse de sa femme ;

  • Zacharie savait que dans l'Ancien Testament, Abraham et Sarah ont eu un enfant à un âge avancé après une promesse du Seigneur (Gn 15, 5-7) ;

  • l'ange lui annonce qu'il aura cet enfant ;

  • Zacharie répond à l'instar d'Abraham : « À quoi saurai-je que je le posséderai » (Gn 15, 8) ?

Dans sa réponse, l'ange reproche à Zacharie son incrédulité parce qu'il avait suffisamment de signes pour croire. Ce manque de foi sera sanctionné par un mutisme jusqu'à ce que les événements s'accomplissent, sans que son consentement n'ait été demandé. Tel n'est pas le cas de Marie.

3. La foi de Marie

Saint Luc poursuit : « Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Il entra et lui dit : "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi." À cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation.

Et l'ange lui dit : "Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin."

Mais Marie dit à l'ange : "Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ?" L'ange lui répondit : "L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile ; car rien n'est impossible à Dieu." Marie dit alors : "Je suis la servante du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole !" Et l'ange la quitta » (Lc 1, 26-38).

On peut relever le contraste suivant avec l'apparition à Zacharie :

  • Marie est seulement une jeune fille ;

  • elle n'habite pas Jérusalem, la « ville sainte » (Ne 11, 1 ; Ap 21, 10), la « cité de Dieu » (He 12, 22), mais le village de Nazareth ;

  • l'apparition a lieu dans sa maison ;

  • il n'y pas de prière spéciale mentionnée ni par Marie, ni par d'autres personnages au dehors ;

  • Marie n'a pas une crainte passive : « À cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation » ;

  • Marie ne demande pas un signe. Elle ne doute pas. Elle demande seulement « comment » les paroles de l'ange vont se réaliser ;

  • l'ange gratifie sa foi en lui annonçant que sa cousine Élisabeth est miraculeusement enceinte ;

  • Marie répond immédiatement et formellement : « Je suis la servante du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole », sans aucune considération des difficultés et des conséquences de cette acceptation.

Marie a une très grande foi. Elle est la première à croire en Jésus-Christ, à croire que celui qu'elle va mettre au monde sera le Fils de Dieu. Élisabeth a raison de s'écrier sous l'action de l'Esprit Saint : « Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1, 45) ! C'est en raison de cette foi et de son OUI, que nous est né le Sauveur du monde.

4. Jésus et sa parenté

Mais contrairement à Élisabeth qui voit la béatitude de Marie en raison de sa foi, une femme dit : « Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés » ! Jésus répond : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent » (Lc 11, 27-28) !

Jésus montre par là, d'une part, qu'il distingue sa parenté selon la chair et sa parenté selon la foi. Notre Seigneur nous donne la possibilité d'entrer dans sa famille, d'être considérés et aimés par lui comme sa mère, son frère ou sa sœur, simplement en croyant et en mettant en pratique les paroles de Dieu. C'est un privilège pour nous les chrétiens que Jésus rappelle dans l'autre passage lorsque, regardant la foule, il répond à ceux qui lui disent que sa mère et ses frères le cherchent : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un frère et une sœur et une mère » (Mc 3, 35).

D'autre part, Jésus préfère la parenté spirituelle basée sur la foi. Mais à voir de plus près, Marie fait bel et bien partie de cette famille spirituelle parce que l’Écriture dit expressément qu'elle a cru (Lc 1, 45) et mentionne à deux reprises : « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19 ; Lc 2, 51). Oui, Marie est « la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Elle est bénie entre les femmes (Lc 1, 42). Toutes les générations devront impérativement la proclamer bienheureuse (Lc 1, 48), non seulement parce qu'elle est la mère du Seigneur, mais surtout parce que, de façon active, elle a écouté la parole du Seigneur et l'a mise en pratique. À Marie s'appliquent de façon plus éminente ces paroles du livre de Judith : « Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d'Israël ! Tu es le grand honneur de notre race » (Jdt 15, 9) !


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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