La question de la dîme est de plus en plus soulevée, même dans l’Église catholique. Elle consiste à donner le dixième de ses revenus à l’Église. Elle est obligatoire dans bon nombre de dénominations protestantes. Dans l’Église catholique, elle n'est pas obligatoire, quoique certains prédicateurs tendent à faire du paiement régulier de la dîme un acte indispensable de la pratique religieuse.
1. La dîme dans l'Ancien Testament
La première mention de la dîme dans la Bible est celle faite spontanément par Abraham alors qu'il s'appelait toujours Abram : « Melchisédech, roi de Shalem, apporta du pain et du vin ; il était prêtre du Dieu Très-Haut. Il prononça cette bénédiction : "Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut qui créa ciel et terre, et béni soit le Dieu Très-Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains." Et Abram lui donna la dîme de tout » (Gn 14, 18-20 ; He 7, 4).
Les douze tribus d'Israël avaient chacun son territoire, à l'exception de la tribu de Lévi, celle des prêtres, qui vivaient de la dîme et des offrandes du Temple : « Yahvé dit à Aaron : "Tu n'auras point d'héritage dans leur pays, il n'y aura pas de part pour toi au milieu d'eux. C'est moi qui serai ta part et ton héritage au milieu des Israélites. Voici : aux enfants de Lévi je donne pour héritage toute dîme perçue en Israël, en échange de leurs services, du service qu'ils font dans la Tente du Rendez-vous. C'est Lévi qui fera le service de la Tente du Rendez-vous, et les Lévites porteront le poids de leurs fautes. C'est un décret perpétuel pour vos générations : les Lévites ne posséderont point d'héritage au milieu des Israélites, car c'est la dîme que les Israélites prélèvent pour Yahvé que je donne pour héritage aux Lévites. Voilà pourquoi je leur ai dit qu'ils ne posséderaient point d'héritage au milieu des Israélites" » (Nb 18, 20-24).
Les Lévites devraient à leur tour prélever la dîme sur tout ce qu'ils recevaient comme dîme pour Yahvé, en privilégiant les meilleures parts : « Tu parleras aux Lévites et tu leur diras : Quand vous percevrez sur les Israélites la dîme que je vous donne en héritage de leur part, vous en retiendrez le prélèvement de Yahvé, la dîme de la dîme. Elle tiendra lieu du prélèvement à prendre sur vous, au même titre que le blé pris sur l'aire et le vin nouveau pris sur la cuve. Ainsi, vous aussi, vous retiendrez le prélèvement de Yahvé, sur toutes les dîmes que vous percevrez sur les Israélites. Vous donnerez ce que vous aurez prélevé pour Yahvé au prêtre Aaron. Sur tous les dons que vous recevrez vous retiendrez le prélèvement de Yahvé ; c'est sur le meilleur de toutes choses que vous retiendrez la part sacrée » (Nb 18, 26-29).
Dieu va rendre ensuite la dîme obligatoire : « Chaque année, tu devras prendre la dîme de tout ce que tes semailles auront rapporté dans tes champs et, en présence de Yahvé ton Dieu, au lieu qu'il aura choisi pour y faire habiter son nom, tu mangeras la dîme de ton froment, de ton vin nouveau et de ton huile, les premiers-nés de ton gros et de ton petit bétail ; ainsi tu apprendras à toujours craindre Yahvé ton Dieu » (Dt 14, 22-23).
En conséquence, ne pas donner la dîme dans l'Ancien Testament était un péché, qui, comme tout péché, provoquait la colère de Dieu et pouvait empêcher l'exaucement des prières (Is 1, 15-17). Le prophète Malachie est explicite à ce sujet : « Un homme peut-il tromper Dieu ? Or vous me trompez ! – Vous dites : En quoi t'avons-nous trompé ? – Quant à la dîme et aux redevances. La malédiction vous atteint : c'est que vous me trompez, vous la nation dans son entier. Apportez intégralement la dîme au trésor, pour qu'il y ait de la nourriture chez moi. Et mettez-moi ainsi à l'épreuve, dit Yahvé Sabaot, pour voir si je n'ouvrirai pas en votre faveur la bénédiction en surabondance » (Ml 3, 8-10).
Signalons aussi que le souhait de Dieu est que la dîme devait être donnée avec amour : « Chaque fois que tu fais une offrande, montre un visage joyeux et consacre la dîme avec joie » (Si 35, 8).
2. La dîme dans le Nouveau Testament
Jésus disait aux Pharisiens : « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c'est ceci qu'il fallait pratiquer sans négliger cela » (Mt 23, 23 ; Lc 11, 42).
Par ces paroles, Jésus indique que ce que Dieu attend d'abord de nous ce n'est pas la dîme, mais le respect des commandements plus importants, relatifs à l'amour et à la justice. Il ajoute : « C'est ceci qu'il fallait pratiquer sans négliger cela. » Il indique là que ce type d'offrande ne doit pas être négligé. Mais devons-nous comprendre qu'il s'agit toujours de verser le dixième de ses revenus comme dans l'Ancien Testament ?
Sans qu'il ne s'agisse explicitement de la dîme, mais d'une offrande volontaire, Jésus est pris d'admiration pour une veuve qui donne, non pas 10%, mais tout ce qu'elle avait pour vivre : « S'étant assis face au Trésor, il regardait la foule mettre de la petite monnaie dans le Trésor, et beaucoup de riches en mettaient abondamment. Survint une veuve pauvre qui y mit deux piécettes, soit un quart d'as. Alors il appela à lui ses disciples et leur dit : "En vérité, je vous le dis, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous ceux qui mettent dans le Trésor. Car tous ont mis de leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre" » (Mc 12, 41-44).
Les premiers chrétiens montraient un grand détachement vis-à-vis des biens matériels et pratiquaient la mise en commun de 100% de leurs biens : « La multitude des croyants n'avait qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun. Avec beaucoup de puissance, les apôtres rendaient témoignage à la résurrection du Seigneur Jésus, et ils jouissaient tous d'une grande faveur. Aussi parmi eux nul n'était dans le besoin ; car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins » (Ac 4, 32-35). De la sorte, et les besoins de l’Église et les besoins des fidèles étaient pris en charge, avec un soin particulier pour les veuves (1 Tm 5, 16 ; Ac 6, 1).
Le grand nombre de fidèles catholiques rend difficile cette mise en commun qui doit être pratiquée dans le mariage, entre époux. Les communautés de religieux et de religieuses s'obligent encore à la mise en commun.
« Qu'as-tu que tu n'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifier comme si tu ne l'avais pas reçu » (1 Co 4, 7) ? Tout notre argent appartient à Dieu. Pas seulement 10%, mais 100%. Ce que Dieu attend de nous, c'est d'utiliser nos revenus pour notre devoir d'état, pour aider les pauvres, sans oublier le soutien de l’Église. La nouvelle consigne est celle-ci : « Que chacun donne selon ce qu'il a décidé dans son cœur, non d'une manière chagrine ou contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9, 7).
3. La destination de la dîme
Des historiens anciens comme Flavius Joseph (vers 37 – 100) parlent de trois types possibles de dîmes (Flavius Joseph, Antiquités, livre IV) comme on peut le voir dans l'Ancien Testament : l'un pour le culte et la survie des Lévites, un autre pour les fêtes, un troisième pour les pauvres :
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« Chaque année, tu devras prendre la dîme de tout ce que tes semailles auront rapporté dans tes champs et, en présence de Yahvé ton Dieu, au lieu qu'il aura choisi pour y faire habiter son nom, tu mangeras la dîme de ton froment, de ton vin nouveau et de ton huile, les premiers-nés de ton gros et de ton petit bétail ; ainsi tu apprendras à toujours craindre Yahvé ton Dieu. Si le chemin est trop long pour toi, si tu ne peux pas apporter la dîme parce que le lieu choisi par Yahvé pour y faire habiter son nom est trop loin de chez toi, quand Yahvé ton Dieu t'aura béni, tu la convertiras en argent, tu serreras l'argent dans ta main et tu iras au lieu choisi par Yahvé ton Dieu ; là tu échangeras cet argent contre tout ce que tu désireras, gros ou petit bétail, vin ou boisson fermentée, tout ce dont tu auras envie. Tu mangeras là en présence de Yahvé ton Dieu et tu te réjouiras, toi et ta maison.
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Tu ne négligeras pas le lévite qui est dans tes portes, puisqu'il n'a ni part ni héritage avec toi.
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Au bout de trois ans, tu prélèveras toutes les dîmes de tes récoltes de cette année-là et tu les déposeras à tes portes. Viendront alors manger le lévite [puisqu'il n'a ni part ni héritage avec toi], l'étranger, l'orphelin et la veuve de ta ville, et ils s'en rassasieront. Ainsi Yahvé ton Dieu te bénira dans tous les travaux que tes mains pourront entreprendre » (Dt 14, 22-29).
Tobit semble avoir pratiqué ces trois dîmes :
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« Bien des fois, j'étais absolument seul à venir en pèlerinage à Jérusalem, pour satisfaire à la loi qui oblige tout Israël à perpétuité. Je courais à Jérusalem, avec les prémices des fruits et des animaux, la dîme du bétail, et la première tonte des brebis. Je les donnais aux prêtres, fils d'Aaron, pour l'autel. Aux lévites, alors en fonction à Jérusalem, je donnais la dîme du vin et du blé, des olives, des grenades et des autres fruits.
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Je prélevais en espèces la seconde dîme, six ans de suite, et j'allais la dépenser à Jérusalem chaque année.
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Je donnais la troisième aux orphelins, aux veuves et aux étrangers qui vivent avec les Israélites ; je la leur apportais en présent tous les trois ans. Nous la mangions, fidèles à la fois aux prescriptions de la Loi mosaïque et aux recommandations de Debbora, mère de Ananiel, notre père » (Tb 1, 6-8).
Saint Paul n'a jamais collecté de dîme. Voici ce qu'il dit :
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« Argent, or, vêtements, je n'en ai convoité de personne : vous savez vous-mêmes qu'à mes besoins et à ceux de mes compagnons ont pourvu les mains que voilà » (Ac 20, 33-34) ;
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« Car vous savez bien comment il faut nous imiter. Nous n'avons pas eu une vie désordonnée parmi vous, nous ne nous sommes fait donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n'être à la charge d'aucun de vous : non pas que nous n'en ayons le pouvoir, mais nous entendions vous proposer en nous un modèle à imiter » (2 Th 3, 7-9 ; 2 Co 12, 13) ;
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« Ou bien, aurais-je commis une faute en vous annonçant gratuitement l’Évangile de Dieu m'abaissant moi-même pour vous élever, vous » (2 Co 11, 7) ?
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« Que le disciple fasse part de toute sorte de biens à celui qui lui enseigne la parole » (Ga 6, 6) ;
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« Ne savez-vous pas que les ministres du temple vivent du temple, que ceux qui servent à l'autel partagent avec l'autel ? De même, le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre de l’Évangile. Mais je n'ai usé, moi, d'aucun de ces droits, et je n'écris pas cela pour qu'il en soit ainsi à mon égard ; plutôt mourir que de... Mon titre de gloire, personne ne le réduira à néant » (1 Co 9, 13-15).
Néanmoins, il a reçu des dons des Philippiens et des Macédoniens qu'il apprécie à sa juste valeur :
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« Vous avez bien fait de prendre part à mon épreuve. Ce n'est pas que je recherche les dons ; ce que je recherche, c'est le bénéfice qui s'augmente à votre actif. Pour le moment, j'ai tout ce qu'il faut, et même plus qu'il ne faut ; je suis comblé, depuis qu'Épaphrodite m'a remis votre offrande, parfum de bonne odeur, sacrifice que Dieu reçoit et trouve agréable » (Ph 4, 14.17-18) ;
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« J'ai dépouillé d'autres Églises, recevant d'elles un salaire pour vous servir. Et quand, une fois chez vous, je me suis vu dans le besoin, je n'ai été à charge à personne : ce sont les frères venus de Macédoine qui ont pourvu à ce qui me manquait. De toutes manières, je me suis gardé de vous être à charge, et je m'en garderai » (2 Co 11, 8-9).
Il a aussi organisé une collecte pour la communauté de Jérusalem : « Quant à la collecte en faveur des saints, suivez, vous aussi, les instructions que j'ai données aux Églises de la Galatie. Que le premier jour de la semaine, chacun de vous mette de côté chez lui ce qu'il aura pu épargner, en sorte qu'on n'attende pas que je vienne pour recueillir les dons. Et une fois près de vous, j'enverrai, munis de lettres, ceux que vous aurez jugés aptes, porter vos libéralités à Jérusalem » (1 Co 16, 1-3).
4. La dîme n'est pas obligatoire
Dans l’Église catholique, la dîme a été pratiquée de façon obligatoire à certaines époques et à certains lieux. Toutefois, dans la législation actuelle (Code de droit canonique), on rappelle seulement que « les fidèles sont tenus par l'obligation de subvenir aux besoins de l'Église afin qu'elle dispose de ce qui est nécessaire au culte divin, aux œuvres d'apostolat et de charité et à l'honnête subsistance de ses ministres. Ils sont aussi tenus par l'obligation de promouvoir la justice sociale et encore, se souvenant du commandement du Seigneur, de secourir les pauvres sur leurs revenus personnels » (canon 222). Il n'est pas dit qu'il s'agit de 10% des revenus.
Si l’Église, « colonne et support de la vérité » (1 Tm 3, 15) ne déclare pas la dîme obligatoire, il n'appartient pas à un prêtre, un berger ou un responsable de communauté de la déclarer obligatoire. Il revient aux évêques et aux conférences des évêques de prendre des dispositions pratiques pour ceux qui voudraient payer la dîme, et pour l'utilisation qui en sera faite.
Dans l'archidiocèse de Ouagadougou, la dîme se remet dans les paroisses, aux prêtres ou dans les secrétariats paroissiaux contre établissement d'un reçu, en précisant qu'il s'agit d'une dîme. La dîme ne doit pas être remise à des bergers ou à des groupes de prières. Ces consignes ont pour but d'éviter les abus et les escroqueries, et pour éviter que l’Église soit décriée (2 Co 8, 20). Il nous revient par exemple qu'il y a des gens qui créent des groupes de prières sur les réseaux sociaux. Ils se font passer pour des prêtres et demandent des contributions diverses, la dîme, et encouragent de demander des messes avec eux, etc.
Le denier de culte a été mis en place en France après la séparation de l’Église et de l’État en 1905, l’État ne voulant plus subventionner les cultes ni prendre en charge le traitement des prêtres. Le denier de culte est une sorte d'impôt annuel qui dépend des revenus de chacun, et qui, en plus des quêtes ordinaires, des quêtes impérées, des dîmes, des dons volontaires et des appels à contributions, aident à prendre en charge les dépenses de l’Église.
Les charges de l’Église incluent l'entretien et la construction des bâtiments, le paiement des salaires, de l'eau et de l'électricité, la prise en charge des prêtres et de la formation des prêtres, le financement des différentes activités et des moyens d'apostolat (radios, télévisions, etc.), l'aide aux pauvres, etc. Il y a de plus en plus des initiatives d'auto-prise en charge (location de bâtiments, imprimeries, agriculture, élevage, etc.).
5. La dîme dans les églises protestantes
Il y a une diversité de pratiques dans les églises protestantes avec une diversité de justifications. Certaines d'entre elles n'imposent pas la dîme. Mais dans nos pays, la dîme est souvent prêchée avec insistance en rappelant les malédictions données par le prophète Malachie (Ml 3, 8), et en rattachant toutes sortes de promesses à son paiement (guérisons, exaucement de la prière, fin des difficultés de toute sorte, etc.). En plus des dîmes, il y a régulièrement des collectes et des offrandes volontaires qui occupent une partie importante du culte.
Cela fait voir d'un mauvais œil certaines de ces églises qui font de l'évangile un véritable business, une source de profit illégitime :
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Si un fidèle gagne 100.000 F par mois, sa dîme mensuelle est de 10.000 F.
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Si le pasteur arrive à avoir 10 fidèles qui gagnent 100.000 F par mois, il gagne lui aussi 100.000 F le mois.
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S'il arrive à faire adhérer à son église seulement 100 fidèles qui gagnent 100.000 F par mois, il se retrouve à empocher 1.000.000 F par mois.
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Que dire alors s'il arrive à remplir une grande église de fidèles, en particulier avec des fidèles bien posés financièrement ?
Cet aspect financier peut pousser à la création de nouvelles dénominations. Dans ces conditions, les responsables de ces églises seront portés à tout mettre en œuvre pour attirer du monde, en mettant par exemple l'accent sur les prières de guérison, de délivrance, ainsi que les prophéties, dont l'authenticité pose souvent question.
Cela rappelle l'avertissement de l'Apôtre : « Quant à ceux qui veulent amasser des richesses, ils tombent dans la tentation, dans le piège, dans une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent. Pour s'y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont transpercé l'âme de tourments sans nombre. Pour toi, homme de Dieu, fuis tout cela. Poursuis la justice, la piété, la foi, la charité, la constance, la douceur » (1 Tm 6, 9-11).
6. Dîme et bénédictions
Dans le régime du Nouveau Testament, le versement de la dîme, entendu comme le dixième des revenus, n'est pas une obligation. Par conséquent, celui qui ne la pratique pas ne commet pas de péché et il n'y a pas de punition associée à cela.
On doit cesser cette insistance et cette mauvaise interprétation des paroles du prophète Malachie qui a vécu dans l'Ancien Testament : « Un homme peut-il tromper Dieu ? Or vous me trompez ! – Vous dites : En quoi t'avons-nous trompé ? – Quant à la dîme et aux redevances. La malédiction vous atteint : c'est que vous me trompez, vous la nation dans son entier. Apportez intégralement la dîme au trésor, pour qu'il y ait de la nourriture chez moi. Et mettez-moi ainsi à l'épreuve, dit Yahvé Sabaot, pour voir si je n'ouvrirai pas en votre faveur la bénédiction en surabondance » (Ml 3, 8-10).
Dieu ne nous donne pas des grâces parce que nous payons la dîme. Dieu n'a pas besoin de notre argent. Nous ne pouvons pas acheter la grâce de Dieu. Tout ce qu'il nous donne, il le donne gratuitement, sans aucun mérite de notre part :
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« Qui en effet a jamais connu la pensée du Seigneur ? Qui en fut jamais le conseiller ? Ou bien qui lui a donné en premier pour devoir être payé de retour ? Car tout est de lui et par lui et pour lui. A lui soit la gloire éternellement ! Amen » (Rm 11, 34-36) ;
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« Qui donc en effet te distingue ? Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifier comme si tu ne l'avais pas reçu » (1 Co 4, 7) ?
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« Ainsi de vous ; lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire" » (Lc 17, 10).
Ainsi, ils sont dans l'erreur ceux qui enseignent que pour avoir un boulot, ou être exaucé, il faut mettre Dieu à l'épreuve en payant la dîme ou en lui promettant de payer la dîme une fois exaucé. D'ailleurs, Dieu sait que les hommes sont capables de ne pas respecter leurs promesses. Dieu nous demande seulement de respecter ses commandements et de prier avec persévérance (Lc 18, 1), « car le Seigneur a les yeux sur les justes et tend l'oreille à leur prière, mais le Seigneur tourne sa face contre ceux qui font le mal » (1 P 3, 12).
Néanmoins, Jésus encourage la charité et récompense ceux qui donnent de cœur joie, et cela n'est pas restreint à la dîme : « Donnez, et l'on vous donnera ; c'est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante, qu'on versera dans votre sein ; car de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour » (Lc 6, 38).
7. Le plus grand, c'est la charité (1 Co 13, 13)
« Quant à la bienfaisance et à la mise en commun des ressources, ne les oubliez pas, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir » (He 13, 16).
Donner régulièrement une certaine partie de ses richesses, ne doit pas être un prétexte pour ne pas respecter les autres commandements (Mt 23, 23), ni pour juger ceux qui ne le font pas (Lc 18, 11-14).
Il ne convient pas de payer scrupuleusement la dîme et de ne pouvoir payer la scolarité de ses enfants ou soigner un parent malade. Jésus le rappelait aux Pharisiens : « Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : Je déclare korbân (c'est-à-dire offrande sacrée) les biens dont j'aurais pu t'assister, vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère et vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous vous êtes transmise. Et vous faites bien d'autres choses du même genre » (Mc 7, 11-13).
Le chrétien sait qu'en donnant aux pauvres, il donne aussi à Dieu (Mt 25, 35). C'est un devoir d'état de s'occuper de sa famille, de ses parents, de ses enfants (Mt 23, 23). C'est librement que chacun dispose de ses biens, en tenant compte de son devoir d'état, sans oublier les nécessités de l’Église et les pauvres.
« Songez-y : qui sème chichement moissonnera aussi chichement ; qui sème largement moissonnera aussi largement. Que chacun donne selon ce qu'il a décidé dans son cœur, non d'une manière chagrine ou contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie. Dieu d'ailleurs est assez puissant pour vous combler de toutes sortes de libéralités afin que, possédant toujours et en toute chose tout ce qu'il vous faut, il vous reste du superflu pour toute bonne œuvre, selon qu'il est écrit : Il a fait des largesses, il a donné aux pauvres ; sa justice demeure à jamais. Celui qui fournit au laboureur la semence et le pain qui le nourrit vous fournira la semence à vous aussi, et en abondance, et il fera croître les fruits de votre justice. Enrichis de toutes manières, vous pourrez pratiquer toutes les générosités, lesquelles, par notre entremise, feront monter vers Dieu l'action de grâces. Car le service de cette offrande ne pourvoit pas seulement aux besoins des saints ; il est encore une source abondante de nombreuses actions de grâces envers Dieu » (2 Co 9, 6-12).
Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)
- Cet article est extrait de son livre : La foi catholique face aux doctrines protestantes
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