Bonjour. Je remercie Mr KAFANDO d'avoir posté des questions pertinentes à la suite de ma vidéo sur la thématique du concubinage et de la réception de la sainte Communion. Je réponds inline.

>>>> J'ai vu un élément tik tok que Tous En Choeur /Candaf Chœur  a relayé dans lequel l'abbé Kizito parle de la communion et du concubinage.  Il y a des sujets que nous abordons souvent et nous donnons des points de vue en fonction de notre air culturel qui peut être discutable si l'on expose cela à l'échelle universelle.

Je voudrais préciser que sur ce point précis, l'enseignement que j'ai donné n'est ni mon point de vue personnel ni fonction de mon air culturel. Il s'agit de l'enseignement officiel de l'Eglise qui s'applique à toute l'Eglise.

1. Cf. Canon 916 - Qui a conscience d'être en état de péché grave ne célébrera pas la Messe ni ne communiera au Corps du Seigneur sans recourir auparavant à la confession sacramentelle ...

2. Cf. Catéchisme de l'Eglise catholique. Les n°2380 à 2391 détaillent le sixième commandement (Tu ne commettras pas d'adultère) https://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P82.HTM

>>>> Il dit que ceux qui sont en concubinage ne peuvent pas communier tout simplement parce qu'ils ont commis un péché grave à travers la fornication. Au Burkina Faso comme théologie ça peut encore tenir et je ne suis pas sûr que de façon générale certains seront d'accord avec une telle affirmation fondamentale.

J'ai dit précisément ceci dans la vidéo et je maintiens : « Saint Paul nous dit : "quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur" (1 Co 11, 27-29). On ne peut donc pas prendre la Sainte Communion lorsqu'on a conscience d'avoir commis un péché grave. Or, la fornication, c'est-à-dire les relations sexuelles avant le mariage à l'église, est un péché grave (1 Co 6, 9-20 ; Ep 5, 5 ; Col 3, 5-6). Par conséquent, un seul péché de fornication empêche de prendre la Sainte Communion, à plus forte raison l'état de concubinage qui est une situation de péché grave, permanent et public. »

Bien entendu, il y a des contrées où même l'enseignement officiel de l'Eglise n'est plus accepté. Il est même ouvertement contredit, souvent par ceux qui ont la charge d'enseigner. Au Burkina, ce n'est pas non plus gagné d'avance.

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>>>> La communion est elle un repas "des purs"et des "sans péché ?"

Certainement pas. Car, "si nous disons : 'Nous n'avons pas de péché', nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous." (1 Jean 1, ??. Avant la distribution la communion, l'assemblée est invitée à dire : "Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri".

Toutefois, s'appuyant sur les Saintes Ecritures (1 Jn 5, 16-17), l'Eglise distingue les péchés "mortels" qui empêchent de communier, et les péchés "véniels", moins graves qui n'empêchent pas de communier (cf. https://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P66.HTM).

>>>> La fornication est elle le péché le plus grave que l'on puisse commettre pour qu'on l'indexe ainsi ?

Il y a bien des péchés plus graves que la fornication qui empêchent aussi de communier, et des péchés moins graves que la fornication qui restent quand même graves et empêchent de communier.

Et pourquoi l’on ne devrait pas indexer ce péché – et tous les autres – alors que la Bible le fait à plusieurs reprises ? (1 Co 6, 9-20 ; Ep 5, 5 ; Col 3, 5-6 ; etc.).

>>>> Au dernier repas, le Christ a t'il refusé ce repas à Judas qui devait le trahir? Ou à Pierre qui devait le nier ?

Veuillez remarquer que c'était AVANT que Juda ne trahisse et que Pierre ne renie. Et même que Pierre n'avait pas l'intention de le faire. Quoi qu’il en soit, l’Ecriture inspirée par Dieu nous dit qu’il faut éviter les communions indignes et on doit en tenir compte. (1 Co 11, 27-29)

L’attitude de Jésus envers Juda est mystérieuse et fait l’objet de nombreux gros livres. Certains pensent qu’en lui donnant la bouchée, ce dernier devait comprendre à quel point Jésus l’aimait et devrait renoncer à son projet machiavélique. Mais on voit plutôt que s’accomplit cette parole prophétique : « Même l'ami, qui avait ma confiance et partageait mon pain, m'a frappé du talon. » (Psaume 41(40), 10)

>>>> Pourquoi le Christ n'exige pas que le prêtre soit pur avant de devenir Eucharistie par ses mains ? Ce sont entre autre des questions sérieuses qu'il faut désormais se poser dans la théologie de la l'Eucharistie.

Dire que le Christ ne l'exige pas, ce n'est pas très exact.

D'une part, tous les sacrements sont efficaces par eux-mêmes, c'est-à-dire qu'ils produisent leurs effets quel que soit l'état de sainteté du prêtre qui l'administre, parce que c'est le Christ lui-même qui opère.

D'autre part, Jésus invite tout le monde à la sainteté (Mathieu 5, 48) et particulièrement ses Apôtres : "Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître." (Jean 15, 14-15)

>>>> Venons maintenant à une question de fond...si on est rigoureux à l'égard des concubins par rapport à la communion.  Et les mariés qui commentent l'adultère ?

Les personnes mariées qui ont commis l'adultère ne devraient pas communier sans se confesser au préalable.

>>>> Comment les distinguer pour leur refuser la communion ? Le Pape François s'est posé la question un jour...

Lorsque je distribue la communion, je ne peux pas distinguer le concubin, la personne qui a commis l'adultère ou d'autres péchés graves qui empêchent de recevoir la sainte Communion. Mais je suis tenu de rappeler à chacun, individuellement, que c'est le Corps du Christ qu'ils reçoivent.

Il y a des gens qui savent qu'ils ne doivent pas communier et qui communient quand même. D'autres le font sans le savoir ... Il est de notre devoir d'enseigner. Mais si quelqu'un se présente à moi et que je sais objectivement qu'il est en situation irrégulière qu'il ne peut pas communier, je lui refuserai la communion.

Je signale au passage que les propos du Pape sont souvent rapportés de façon fragmentaire et hors de leur contexte.

>>>> Nous sommes moralisateur au Burkina Faso et ce n'est pas mauvais. Mais lorsqu'il faut confronter notre pensée à celle des autres. Là il nous faut encore creuser.

En Occident, actuellement, on prône la "liberté", on ne veut plus entendre parler de "morale", de "péché". Tout doit être permis. Du coup lorsqu'on dit qu'on veut dire que quelque chose est mal on est taxé de "moralisateur". Lorsqu'on est contre les actes homosexuels par exemple, on est taxé d'homophobe et si on emploie un vocabulaire non approprié, on peut faire la prison.

Je pense que les prêtres ont le devoir d'annoncer la doctrine INTEGRALE de l'Eglise qui comporte des aspects moraux, libre aux gens d'accepter ou de refuser de suivre. En envoyant les disciples annoncer la Bonne Nouvelle dans le monde entier, Jésus n'a-t-il pas demandé de leur apprendre à respecter TOUS ses commandements ? (Mt 28, 20)

>>>> La théologie de saint Paul sur la communion a ses limites.

Il existe une mentalité qui prétend que c'est saint Paul qui a "inventé" beaucoup de règles du christianisme puisqu'il a écrit plus que les autres. Du coup, il faut dire que sa théologie a des limites comme prétexte pour ne pas l'appliquer. Qui veut tuer son chien l'accuse de rage. Mais on devrait d'abord répondre à la question suivante : les écrits de saint Paul sont-ils inspirés par Dieu oui ou non. Si c'est oui, ben, acceptons-les humblement, y compris quand il dit qu'on ne doit pas prendre indignement la sainte Communion (1 Corinthiens 11, 27-30) et quand bien même la réflexion sur les questions qui subsistent se poursuivra.

"Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice : ainsi l'homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne." (2 Timothée 3, 16-17)

>>>>  Lorsque je me suis renseigné auprès de certains spécialistes de l'histoire de L'Eglise, il est ressorti que le lien né entre la communion et le mariage n'est pas théologique mais pastoral.

D'une part, ce n'est pas vrai, parce que les paroles de l'Ecriture sont claires sur le sujet. D'autre part, qu'une mesure soit "théologique" ou "pastorale", dès lors qu'elle est en vigueur, il faut l'appliquer.

>>>> Lorsque les missionnaires sont arrivés, pour encourager les fidèles à pouvoir se marier, et à sortir de leur concubinage, on fit le lien en leur interdisant simplement l'accès à la communion. Et plus tard pour avoir des arguments, on fit appel à Saint Paul qui parle de cet aspect. Pour manger il faut avoir les mains propres c'est sûr. Tout péché doit être confessé. Mais ne faisons pas de ce lien une question sans appel.

Je suis curieux de savoir quels "spécialistes" vous avez consultés parce que la réponse qu'ils vous ont donnée me fait sourire. Quiconque a fait sérieusement l'histoire de l'Eglise sait que cette disposition biblique sur la réception de la sainte Communion n'a pas commencé à être appliquée avec l'arrivée des missionnaires au Burkina il y a environ 100 ans.

>>>> C'est comme la question des funérailles ecclésiastiques qu'on refuse d'accorder à ceux qui sont dans la polygamie dans nos paroisses du Burkina. Ça pose des questions de fond.

Ceux qui n'ont pas droit aux funérailles ecclésiastiques sont précisés par le droit canon (Canon 1184)

>>>> Non  loin de moi l'idée  de saper une pastorale pastorale. Je m'excuse auprès de ceux qui auront ce regard. En réalité c'est un peu intellectuel et ceux qui ne sont pas à la hauteur ne vont pas comprendre. C'était ma toute petite contribution à ce débat théologique. Je vous remercie. Kafando Bewendtaoré

Je vous remercie d'avoir pris le temps pour nous partager votre pensée et je remercie et encourage au passage l'équipe d'animation de Tous en Chœur. Je n'ai pas senti en vous lisant une volonté de saper la pastorale. Votre publication m'a permis de préciser certaines choses qui ne pouvaient pas être dites dans Tiktok où les vidéos doivent être le plus court possible. Ce sont des questions légitimes que se posent beaucoup de fidèles et qui méritent qu'on les examine sérieusement.

Toutes les théologies et tous les raisonnements intellectuels ne sont pas conformes à l’enseignement officiel de l’Eglise qui doit être notre référence. « Ainsi nous ne serons plus des enfants, nous ne nous laisserons plus ballotter et emporter à tout vent de la doctrine, au gré de l'imposture des hommes et de leur astuce à fourvoyer dans l'erreur. » (Ep 4, 14)

Je reste disponible pour toute question. Dieu vous bénisse.

Abbé Kizito NIKIEMA

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Ce site vous est offert par l'Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso).

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