Oui et non.

Les chrétiens croient en un seul Dieu et les musulmans aussi (monothéisme). Puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, on pourrait alors conclure que les chrétiens et les musulmans ont le même Dieu.

Cependant, lorsqu’on dépasse cette approche superficielle, on se rend compte de différences insurmontables entre le Dieu chrétien et le Dieu musulman. Dieu tel qu’il s’est révélé en Jésus-Christ est unique et Trine, c’est-à-dire, que Dieu est Père et Fils et Saint-Esprit. Le Fils s’est fait chair, en la personne de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme. Jésus est celui qui a révélé pleinement le mystère de Dieu et après lui les chrétiens ne s’attendent qu’à de faux prophètes.

Dans la foi musulmane par contre, Dieu est unique. Les évangiles sont reconnus, mais Jésus est simplement considéré comme un prophète et ne peut être appelé Fils de Dieu. Mahomet est le dernier des prophètes venu après Jésus-Christ.

Il s’en suit aussi des différences dans les prescriptions divines. Par exemple, le Dieu des chrétiens interdit la polygamie et le divorce, alors que celui des musulmans les autorise.

Sur ce sujet, laissons le saint Pape Jean-Paul II nous enseigner : « Dans la déclaration conciliaire Nostra Aetate, […], on peut lire : « L’Église regarde aussi avec estime les musulmans qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre » (Nostra Aetate, n°3). En raison de leur monothéisme, ceux qui croient en Allah nous sont particulièrement proches. […]

Quiconque lit le Coran, en connaissant déjà l’Ancien et le Nouveau Testament, percevra clairement le processus de réduction dont la Révélation divine y est l’objet. Il est impossible de ne pas être frappé par l’incompréhension qui s’y manifeste de ce que Dieu a dit Lui-même, d’abord dans l’Ancien Testament par les prophètes, ensuite de façon définitive dans le Nouveau Testament par son Fils. Toute cette richesse de l’auto-révélation de Dieu, qui constitue le patrimoine de l’Ancien et du Nouveau Testament, a été, en fait laissée de côté dans l’islam.

Le Dieu du Coran est appelé par des plus beaux noms connus dans le langage humain. Mais, en fin de compte, il est un Dieu qui reste étranger au monde. Un Dieu qui est absolument Majesté et jamais Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». L’islam n’est pas une religion de rédemption. Il n’offre aucun espace à la Croix et à la Résurrection. [La Rédemption est le fait que Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ qui, par sa Passion, sa mort sur la Croix et sa Résurrection rachète le monde, sauve tous les hommes.] Jésus est mentionné, mais seulement comme prophète qui prépare la venue du dernier de tous les prophètes, Mahomet. Marie aussi, la Vierge-Mère, est nommée. Mais le drame de la Rédemption est complètement absent. C’est pourquoi non seulement la théologie mais encore l’anthropologie de l’islam sont très éloignées de celles du christianisme.

Cependant, la religiosité des musulmans est digne de respect. On ne peut pas ne pas admirer, par exemple, leur fidélité à la prière. Sans se préoccuper ni du temps ni du lieu, celui qui nomme Dieu Allah tombe à genoux et se plonge dans la prière plusieurs fois par jour. Cette image reste un modèle pour ceux qui confessent le vrai Dieu, et en particulier pour ces chrétiens qui abandonnent leurs merveilleuses cathédrales et prient si peu ou ne prient pas du tout.

Le Concile a invité l’Église au dialogue avec les fidèles du Prophète, et l’Église s’est engagée dans cette voie. Nous lisons dans Nostra Aetate : « Si au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimités se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté » (Nostra Aetate, n°3).

Cependant, les difficultés très concrètes ne manquent pas non plus. Dans les pays où les courants fondamentalistes prennent le pouvoir, les droits de l’homme et le principe de la liberté religieuse sont interprétés, hélas, de façon tout à fait unilatérale : par liberté religieuse, on entend la liberté d’imposer la « vraie religion » à tous les citoyens. La condition des chrétiens dans ces pays est parfois dramatique. Les attitudes fondamentalistes de ce genre rendent les contacts réciproques fort difficiles. Néanmoins, la disponibilité au dialogue et à la collaboration demeure immuable du côté de l’Église ».

Bibliographie :

Jean-Paul II, "Quelle différence y a-t-il entre le Dieu des musulmans et le Dieu des chrétiens ?" in Entrez dans l’Espérance, Paris, Plon-Mame, 1994, pp. 149-154.

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