« Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique ». Cette « belle profession de foi » (1 Tm 6, 12) décrit les quatre caractéristiques fondamentales de l’Église du Christ. Est appelé apostolique, ce qui vient des Apôtres. L’Église catholique est apostolique, d'une part, parce qu'elle tient sa foi des Apôtres et a pour fondement les Apôtres (Ep 2, 20 ; Ap 21, 14), d'autre part, parce que les Apôtres ont transmis le pouvoir et l'autorité qu'ils ont eux-mêmes reçus de Jésus-Christ à d'autres personnes (les épiscopes, c'est-à-dire, les évêques) par l'imposition des mains. Ceux-ci à leur tour ont consacré d'autres évêques, ainsi de suite, de façon ininterrompue jusqu'à ce jour et jusqu'à la fin des temps. En particulier, le Pape est le successeur de saint Pierre. Le rejet de la succession apostolique est à l'origine de la doctrine de la « sola scriptura » (seule l’Écriture compte) et de celle du « solus Christus » (le Christ seul) professées dans le protestantisme.

1. Le pouvoir des Apôtres ne s'arrête pas avec la mort des Apôtres

« Or il advint, en ces jours-là, qu'il s'en alla dans la montagne pour prier, et il passait toute la nuit à prier Dieu. Lorsqu'il fit jour, il appela ses disciples et il en choisit douze, qu'il nomma Apôtres » (Lc 6, 12-13 ; Mc 3, 13-15). Ainsi, au sein de ses disciples, existait un groupe à part, les douze, qui étaient plus proches de Jésus et avaient une mission particulière. Même après la mort de Judas, le groupe était toujours appelé « les douze » (Jn 20, 24).

Jésus a donné son enseignement. Il a institué les douze, les sacrements et la discipline de l’Église pour qu'ils durent dans le temps. Pour le cas de l'Eucharistie, c'est aux douze uniquement que Jésus a dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi … Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi » (1 Co 11, 24-25). Mais on s'aperçoit plus tard que l'Eucharistie est célébrée même dans la communauté de Corinthe où il n'y a aucun des douze Apôtres (1 Co 11, 18-34). C'est la preuve que les Apôtres ont transmis à d'autres personnes le pouvoir et la mission reçus de Jésus-Christ de célébrer l'Eucharistie.

Un autre exemple. Jésus dit : « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il n'écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. Que s'il refuse de les écouter, dis-le à l’Église. Et s'il refuse d'écouter l’Église, qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain » (Mt 18, 15-18). Cette directive ne devait pas cesser d'être appliquée avec la mort du dernier Apôtre. Elle est applicable jusqu'à la fin des temps.

L'institution du collège des Apôtres a aussi pour vocation de perdurer jusqu'à la fin des temps. Cela s'aperçoit également à travers l'élection de Matthias.

2. Le remplacement de Juda

Pierre, commentant des passages de l'Ancien Testament (Ps 69(68), 26 et Ps 109(108), 8) commande le remplacement de Judas, qui s'était pendu. Il dit : « "Il est écrit au livre des Psaumes : Que son enclos devienne désert et qu'il ne se trouve personne pour y habiter. "Et encore : Qu'un autre reçoive sa charge. "Il faut donc que, de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu'au jour où il nous fut enlevé, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection." On en présenta deux, Joseph dit Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias. Alors ils firent cette prière : "Toi, Seigneur, qui connais le cœur de tous les hommes, montre-nous lequel de ces deux tu as choisi pour occuper, dans le ministère de l'apostolat, la place qu'a délaissée Judas pour s'en aller à sa place à lui." Alors on tira au sort et le sort tomba sur Matthias, qui fut mis au nombre des douze apôtres » (Ac 1, 20-26).

Ce passage est très significatif. Tout d'abord, on y voit la conscience que ce collège des Apôtres devait se maintenir dans le temps et non pas disparaître au fil du temps avec la mort des Apôtres. Il ne s'agit pas d'un processus de remplacement d'Apôtres indignes comme le suggèrent certains, car l'inconduite de Judas avait commencé du temps de Jésus qui l'a quand même maintenu dans le collège des Apôtres (Jn 12, 4-6). Pierre a renié Jésus (Mt 26, 69-74) et tous, à l'exception de Jean l'ont abandonné aux heures douloureuses de la crucifixion (Mc 14, 50 ; Jn 19, 26). Mais Jésus ne les a pas remplacés.

Ensuite, Matthias « fut mis au nombre des douze apôtres » (autre traduction : fut compté avec les douze ; Ac 1, 26). En d'autres termes, Matthias reçoit le même pouvoir, la même dignité, le même ministère que les autres Apôtres qui ont été choisis par Jésus-Christ lui-même.

De plus, quand Pierre dit : « qu'un autre prenne sa charge » (Ac 1, 20), le mot grec utilisé pour « charge » est « épiscopèn ». Donc, Pierre a dit littéralement : « qu'un autre prenne son épiscopat », l'épiscopat étant le ministère de l'épiscope, c'est-à-dire, de l'évêque. L'office des Apôtres est donc l'épiscopat.

Il y a un privilège intransmissible de la première génération d'Apôtres, celui d'avoir suivi Jésus depuis son baptême jusqu'à son ascension, celui d'être témoins de la résurrection. C'est ce critère qui a prévalu pour l'élection de Matthias. Mais ce n'est pas une condition sine qua non pour succéder aux Apôtres. « Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu » (2 Co 1, 1) remplit-il cette condition ? Lui-même donne d'autres critères pour être épiscope : « Aussi faut-il que l'épiscope soit irréprochable, mari d'une seule femme, qu'il soit sobre, pondéré, courtois, hospitalier, apte à l'enseignement, ni buveur ni batailleur, mais bienveillant, ennemi des chicanes, détaché de l'argent, sachant bien gouverner sa propre maison et tenir ses enfants dans la soumission d'une manière parfaitement digne … Que ce ne soit pas un converti de fraîche date, de peur que, l'orgueil lui tournant la tête, il ne vienne à encourir la même condamnation que le diable » (1 Tm 3, 2-6).

3. Une Église hiérarchisée

On peut voir dans le Nouveau Testament que l’Église est hiérarchique dès le départ et cela a été voulu par Jésus. La communauté chrétienne de Philippe avait « leurs épiscopes et leurs diacres » (Ph 1, 1). Les autres églises locales aussi. C'est pourquoi, « elle est sûre cette parole : celui qui aspire à la charge d'épiscope désire une noble fonction » (1 Tm 3, 1).

Saint Paul précise aux Corinthiens que les prophètes sont soumis aux Apôtres, en particulier lui qui écrit, quand il déclare : « Si quelqu'un croit être prophète ou inspiré par l'Esprit, qu'il reconnaisse en ce que je vous écris un commandement du Seigneur. S'il l'ignore, c'est qu'il est ignoré » (1 Co 14, 37-38). Mais qui tient la place des Apôtres dans cette communauté ? Les épiscopes.

Il écrit, en parlant de Jésus, que « c'est lui encore qui a donné aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l'œuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ » (Ep 4, 11-12). Dans cette énumération également, les Apôtres ont une préséance sur les prophètes, Apôtres dont le ministère continue à travers les épiscopes.

4. L'imposition des mains

On trouve dans le Nouveau Testament, la fonction d'ancien, de presbytre (en grec : presbyteros) qui était pratiquement similaire à celle des épiscopes. Pierre, Apôtre, se fait appeler humblement « ancien » (1 P 5, 1). À Éphèse, saint Paul fait appeler les « anciens » (Ac 20, 17) à qui il fait les adieux et s'adresse à eux quelques versets plus tard en disant : « Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l'Esprit Saint vous a établis gardiens (episcopoi) pour paître l’Église de Dieu, qu'il s'est acquise par le sang de son propre fils » (Ac 20, 28).

On ne devient pas successeur des Apôtres, épiscope ou presbytre par soi-même, on le devient par l'imposition des mains, plus tard appelé sacrement de l'ordre. L’Écriture même récuse ceux « qui usurpent le titre d'Apôtre » et qui sont en fait des menteurs (Ap 2, 2).

Saint Paul rappelait à Timothée ses devoirs en qualité d'épiscope ou de presbytre : « C'est pourquoi je t'invite à raviver le don spirituel que Dieu a déposé en toi par l'imposition de mes mains » (2 Tm 1, 6). Et encore : « Ne néglige pas le don spirituel qui est en toi, qui t'a été conféré par une intervention prophétique accompagnée de l'imposition des mains du collège des presbytres » (1 Tm 4, 14). Il lui a aussi donné cette consigne : « Ne te hâte pas d'imposer les mains à qui que ce soit » (1 Tm 5, 22).

5. La succession apostolique

Après sa résurrection, Jésus dit : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20, 21). Le mot apôtre vient du grec, apostolos, qui signifie « envoyé (en mission) » et convient particulièrement aux Douze que Jésus a choisis pour continuer sa mission en son nom : « Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé » (Mt 10, 40).

Les Douze se sont préoccupés d'annoncer la Bonne Nouvelle et de choisir des successeurs dignes. Ces derniers également firent de même, ainsi de suite, à travers le rite de l'imposition des mains. C'est pourquoi on peut affirmer aujourd'hui, que les évêques catholiques sont les successeurs des Apôtres, et qu'ils ont reçu leur pouvoir par une chaîne ininterrompue d'évêques qui remonte aux Apôtres. Les prêtres sont ordonnés par les évêques, donc bénéficient également de cette succession apostolique. Le Pape est précisément le successeur de saint Pierre.

La mission principale de Timothée qui a reçu l'imposition des mains est de « garder le dépôt de la foi » (1 Tm 1, 14) avec cette instruction : « Ce que tu as appris de moi sur l'attestation de nombreux témoins, confie-le à des hommes sûrs, capables à leur tour d'en instruire d'autres » (2 Tm 2, 2). À Tite, il est rappelé sa mission de choisir ces hommes sûrs : « Si je t'ai laissé en Crète, c'est pour y achever l'organisation et pour établir dans chaque ville des presbytres, conformément à mes instructions » (Tt 1, 5).

C'est par ce moyen du collège des évêques uni autour du Pape que Jésus conserve intacte dans son Église, l'unique foi (Ep 4, 5) qu'il a « transmise une fois pour toutes » (Jude 3). C'est le collège des évêques uni autour du Pape qui a le charisme d'infaillibilité. C'est pourquoi l'enseignement et la foi de l’Église catholique est la même depuis 2000 ans, depuis Jésus-Christ jusqu'à ce jour, et restera la même jusqu'à la fin des temps.

Cela est très important. Après le Concile de Jérusalem, Pierre fait écrire une lettre qui commence ainsi : « Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut ! Ayant appris que, sans mandat de notre part, certaines gens venues de chez nous ont, par leurs propos, jeté le trouble parmi vous et bouleversé vos esprits … » (Ac 15, 23-24). Il apparaît donc que ceux qui sont allés enseigner qu'il fallait que les non Juifs qui recevraient le baptême devraient recevoir aussi la circoncision n'avaient pas de mandat de la part des apôtres et de leurs anciens. Dans cette situation, ils ne sont pas infaillibles, et manifestement, ils ont enseigné l'erreur. D'où l'importance d'agir et d'enseigner à l'intérieur du cadre de la succession apostolique.

Car, « si quelqu'un enseigne autre chose et ne reste pas attaché à de saines paroles, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à la doctrine conforme à la piété, c'est un être aveuglé par l'orgueil, un ignorant en mal de questions oiseuses et de querelles de mots ; de là viennent l'envie, la discorde, les outrages, les soupçons malveillants, les disputes interminables de gens à l'esprit corrompu, privés de la vérité, aux yeux de qui la piété est une source de profits » (1 Tm 6, 3-5).

6. La notion de succession apostolique dans le protestantisme

Dans le protestantisme, il n'y a pas de sacerdoce ministériel (évêques, prêtres, diacres) ni le sacrement de l'ordre. Tous les fidèles partagent le sacerdoce commun, étant un « peuple de prêtres » (1 P 2, 9). La succession apostolique au sens catholique y est inexistante.

Les protestants considèrent par contre qu'ils détiennent leur foi des apôtres en suivant exclusivement leurs enseignements consignés dans les Saintes Écritures. Cependant, force est de constater l'existence aujourd'hui de milliers de dénominations (d'églises protestantes) qui se réclament toutes envoyées par Dieu, mais qui enseignent des doctrines très différentes à partir de la seule et même Bible. « Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m'a envoyé » (Lc 10, 16). Laquelle des dénominations doit-on écouter tout en étant sûr d'écouter le Seigneur ? De quelle autorité une personne dispose-t-elle, sans le mandat des successeurs des Apôtres, de créer une dénomination autonome avec des enseignements qui lui sont propres, sans avoir de compte à rendre à personne ? Quelle est la place du rite de l'imposition des mains dans ces dénominations ?

De plus, si l'on admet l'hypothèse que les fondateurs du protestantisme auraient restauré, il y a seulement 500 ans, la vraie foi issue des apôtres, il est à noter que bien de dénominations actuelles ont une foi qui s'est éloignée de celle des fondateurs dont les écrits sont encore disponibles. En d'autres termes, la supposée « foi véritable » restaurée dans les années 1500 n'a pas pu être sauvegardée dans le protestantisme dans son ensemble.

Jésus a dit : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 19-20). Comme le montrent les Saintes Écritures, la succession apostolique fait partie de ce que le Christ a prescrit et qui a été observé dès le commencement. « À lui la gloire maintenant et jusqu'au jour de l'éternité ! Amen » (1 P 3, 18).


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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