Le mot « catholique » ne se trouve pas dans la Bible, encore moins les mots « protestant », « évangélique », etc. Certains prétendent que l’Église catholique n'a pas été fondée par Jésus-Christ parce que les catholiques ne suivraient pas les enseignements laissés par Jésus-Christ et consignés dans la Bible. Des noms de fondateurs sont souvent proposés. Un peu d'histoire suffit pour connaître l'origine de la catholicité de l’Église fondée par Jésus-Christ lui-même.

1. Signification du mot catholique

Le mot « catholique » vient du grec ϰατὰ (kata) signifiant « selon , envers, vers, etc. », et ὅλος (holos) qui veut dire « tout ». « Catholique » signifie donc « selon la totalité », en un mot, « universel ».

Autrefois, Dieu s'est révélé à Abraham et à sa descendance, et c'était ce peuple là uniquement qui connaissait le vrai Dieu. Un Psaume prophétise : « Toutes les nations que tu as faites, viendront se prosterner devant toi et rendre gloire à ton nom, Seigneur, car tu es grand et tu fais des merveilles, toi, Dieu, le seul » (Ps 86(85), 9-10). Pour que s'accomplissent les Écritures, dès le départ, Jésus a voulu que son église soit catholique, universel, quand il dit : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 18-20).

Le mot « Église » lui-même vient du grec ἐκκλησία (ekklesia) qui signifie « assemblée ». Selon saint Cyrille de Jérusalem, « l'Église est appelée catholique (ou universelle) parce qu'elle existe dans le monde entier, d'une extrémité à l'autre de la terre ; et parce qu'elle enseigne de façon universelle et sans défaillance toutes les doctrines que les hommes ont besoin de connaître, sur les réalités visibles et invisibles, célestes et terrestres. En outre, elle est appelée catholique parce qu'elle soumet à la vraie religion tout le genre humain : chefs et sujets, savants et ignorants ; parce qu'elle soigne et guérit universellement toute espèce de péchés commis par l'âme et par le corps ; enfin parce qu'elle possède en elle toute espèce de vertus, en actions ou en paroles, quel que soit leur nom, et toute espèce de dons spirituels.

Ce nom d'Église (ou Convocation) lui convient tout à fait parce qu'elle "convoque" et rassemble tous les hommes, ainsi que le Seigneur ordonne dans le Lévitique : "Convoque toute la communauté à l'entrée de la Tente du Témoignage" (Lv 8, 3). Il est à noter que le mot "convoque" (ekklèsiason) est employé ici pour la première fois dans l'Écriture, lorsque le Seigneur établit Aaron dans la charge de grand prêtre. Et dans le Deutéronome, Dieu dit à Moïse : "Convoque devant moi le peuple, et qu'ils entendent mes paroles pour apprendre à me craindre" (Dt 31, 28). Il fait encore mention de ce nom d'Église, quand il dit au sujet des tables de la Loi : "Sur elles étaient écrites toutes les paroles que le Seigneur vous a dites sur la montagne, au jour de l'Ekklèsia (de la convocation)" (Dt 9, 10), ce qui revient à dire, plus explicitement : "Au jour où vous vous êtes réunis sur la convocation du Seigneur". Le Psalmiste dit aussi : "Je te rendrai grâce dans la grande assemblée (ekklèsia), dans un peuple nombreux je te louerai" (Ps 35(34) 18) » (Saint Cyrille de Jérusalem, Catéchése prébaptismale sur le symbole de la foi, cité dans : Office des lectures, mercredi de la 17è semaine du temps ordinaire).

2. Apparition du mot catholique

Jésus n'a pas donné de nom particulier à ceux qui le suivraient. Les Actes des Apôtres nous rapportent que c'est bien plus tard, « à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens » (Ac 11, 26).

De même, il n'y avait pas de qualificatif particulier à l'église fondée par Jésus-Christ. La plus ancienne trace de l'emploi du mot catholique vient d'une lettre de Ignace d’Antioche vers l'an 105. Il écrit : « Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père. [...] Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique. Il n'est pas permis en dehors de l'évêque ni de baptiser, ni de faire l'agape, mais tout ce qu'il approuve, cela est agréable à Dieu aussi. Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime » (Saint Ignace d’Antioche, Lettre aux Smyrniotes, VIII, 2).

C'est ainsi que le mot « catholique » devint le qualificatif propre à l’Église fondée par Jésus-Christ qui dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle » (Mt 16, 18).

Lorsque saint Paul et les autres parlent de l'Église de Laodicée (Col 4, 15-16), l'Église de Corinthe (1 Co 1, 2), l'Église des Thessaloniciens (1 Th, 1, 1), etc., il désigne simplement une communauté de chrétiens qui se rassemblent dans ces localités. Mais ces chrétiens partagent tous la même foi, la même discipline et les mêmes sacrements, car, souligne-t-il, « il n'y a qu'un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous » (Ep 4, 5-6). Plusieurs autres fois, il emploie l'expression « l’Église » au singulier pour montrer que toutes ces communautés chrétiennes dispersées forment un seul Corps dont le Christ est la tête » (Col 1, 18). « Car je suis devenu ministre de l’Église, en vertu de la charge que Dieu m'a confiée, de réaliser chez vous l'avènement de la Parole de Dieu » (Col 1, 25).

3. Rôles de l’empereur Constantin et de saint Paul

Certains soutiennent que c'est saint Paul ou l'empereur Constantin qui seraient les fondateurs de l’Église catholique.

Saint Paul reconnaît son passé obscur quand il dit : « Je ne mérite pas d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l’Église (ekklesia) de Dieu » (1 Co 15, 9 ; Ph 3, 6). Il ne peut donc pas avoir fondé l'Église qu'il a lui-même persécutée. Il ajoute : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n'a pas été stérile. Loin de là, j'ai travaillé plus qu'eux tous : Oh!! Non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Co 15, 10). C'est son zèle à annoncer l’Évangile, à expliquer le mystère du Christ dans ses prédications et ses lettres qui font de lui presque l'égal des autres Apôtres.

Constantin, quant à lui, est né vers l'an 280 et est mort en l'an 337. L'emploi du qualificatif « catholique » était déjà en vigueur bien avant sa naissance, et l’Église structurée avec des évêques, comme le montre la lettre de saint Ignace d'Antioche. Constantin ne peut donc pas avoir fondé l’Église catholique.

Après la mort de Jésus, les premiers chrétiens ont commencé à être persécutés. Étienne a été lapidé (Ac 7, 59). Dans l'empire romain, il y avait aussi cette persécution du simple fait d'être chrétien. L'empereur Constantin signe en l'an 313, l'édit de Milan qui accorde la liberté de culte aux chrétiens. Il a aussi facilité l'organisation du Concile de Nicée en 325 qui permit de clarifier certains points de doctrine. Il fut baptisé à l'article de la mort. C'est ainsi que la figure de Constantin est devenue célèbre dans l'histoire de l’Église catholique.

4. Jésus-Christ n'a pas fondé les églises protestantes

L'acharnement à vouloir démontrer que Jésus n'aurait pas fondé l’Église catholique proviendrait du fait historique évident que Jésus n'a pas fondé les églises protestantes. Luther, le fondateur du protestantisme, a commencé son mouvement de Réforme en 1517. Luther n'est pas Jésus-Christ. Et depuis cette époque, il s'est créé une multitude d'églises « réformées » qui ne partagent pas la même foi. Pour chacune d'elle, on peut retrouver facilement la date de fondation et le(s) nom(s) du(des) fondateur(s). Cette continuelle multiplication des dénominations, toutes différentes les unes des autres et toutes créées par des hommes, augmente continuellement la division entre les chrétiens, et fait remémorer la douloureuse indignation de l'Apôtre : « J'entends par là que chacun de vous dit : "Moi, je suis à Paul" – "Et moi, à Apollos" – "Et moi, à Céphas" – "Et moi, au Christ." Le Christ est-il divisé » (1 Co 1, 12-13) ?


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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