« Réjouissez-vous avec qui est dans la joie, pleurez avec qui pleure » (Rm 12, 15). Lors des événements sociaux (mariages, enterrements, etc.), il est légitime de participer à un culte protestant si les personnes concernées sont de cette confession. Il en est de même pour les prières œcuméniques organisées avec la permission de l'évêque.

Dans nos pays, certains chrétiens catholiques, en cas de maladie ou de difficultés de la vie, ont recours aux prières de délivrance tous azimuts, y compris celles organisées par des pasteurs protestants, souvent en ligne, sur les réseaux sociaux. Nous déconseillons cette tendance parce qu'elle s'accompagne presque toujours d'une perte de la foi catholique et le résultat escompté n'est pas toujours satisfaisant.

1. Secte ou église protestante ?

La prolifération d'églises évangéliques dans nos pays pose un problème de discernement et un sérieux problème d'ordre public. Dans cette confusion, comment distinguer les églises acceptables de celles qui ne le sont pas ? Des exemples plus ou moins dramatiques ne manquent pas.

Très récemment au Kenya, en avril 2023, le pasteur évangélique Paul Nthenge Mackenzie de l’Église Internationale de la Bonne Nouvelle (Good News International Church) prônait de jeûner jusqu’à la mort pour rencontrer Jésus, faisant plus de 400 victimes dont les corps ont été retrouvés dans la forêt de Shakahola. Les évêques de ce pays ont aussitôt demandé « une enquête rapide sur les circonstances qui ont conduit à l'acte odieux qui a conduit des Kenyans crédules à leur mort prématurée. L’épiscopat s’inquiète du fait que de prétendus prophètes et chefs de culte exploitent impunément leurs adeptes innocents. Ceux-ci ont perdu de l'argent, des biens et maintenant des vies, déplorent les évêques, qui invitent les Kenyans à être sur leurs gardes face à tous ces leaders sectaires dont la très forte emprise sur leurs adeptes portent ces derniers à croire qu'ils ont toujours raison et qu'ils ont la connaissance exclusive de la vérité » (Vatican News, Kenya : les évêques condamnent le meurtre par suicide collectif dans une secte). Il est également courant que les membres de telles églises déclarent à leurs proches que leur pasteur est capable de faire des miracles et de guérir n'importe quelle maladie.

Jésus a annoncé la venue de faux prophètes pour nous pousser à la vigilance : « Prenez garde qu'on ne vous abuse. Car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront : C'est moi le Christ, et ils abuseront bien des gens. Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres ; voyez, ne vous alarmez pas : car il faut que cela arrive, mais ce n'est pas encore la fin. Des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens. Par suite de l'iniquité croissante, l'amour se refroidira chez le grand nombre. Mais celui qui aura tenu bon jusqu'au bout, celui-là sera sauvé » (Mt 24, 4-6.11-13).

Saint Pierre ajoute : « Il y a eu de faux prophètes dans le peuple, comme il y aura aussi parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux-mêmes une prompte perdition. Beaucoup suivront leurs débauches, et la voie de la vérité sera blasphémée, à cause d'eux. Par cupidité, au moyen de paroles trompeuses, ils trafiqueront de vous, eux dont le jugement depuis longtemps n'est pas inactif et dont la perdition ne sommeille pas » (2 P 2, 1-3).

2. Le marché du spirituel

Les échecs, les prières non exaucées, les difficultés diverses, en particulier la maladie, surtout lorsque le traitement médical s'avère infructueux, constituent de dures épreuves et peuvent pousser au désespoir et il est légitime de recourir à la prière.

Dans l’Église catholique, plusieurs groupes de prière ont été suspendus, soit parce qu'ils ont des pratiques ou des enseignements déviants, soit parce que la vie morale des responsables laissent à désirer, ou encore parce que le charisme que ces derniers prétendaient avoir s'est révélé non authentique après discernement. De plus, au Burkina, les prières de délivrance à domicile sont interdites parce que, dans un domicile privé, il est difficile, pour les autorités de l’Église de surveiller et de légiférer, sans oublier que des arnaques et de nombreuses pratiques répréhensibles ont été observées. Dans l’Église catholique, l'obéissance est primordiale, si bien que si quelqu'un institue des prières de délivrance à domicile malgré l'interdiction en vigueur, on sait immédiatement que ce qu'il fait ne vient pas de Dieu, puisque Jésus a dit : « Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m'a envoyé » (Lc 10, 16).

Lorsqu'un pasteur protestant crée son église, sa dénomination, son ministère, il est autonome. Qui peut le remettre en cause ? Qui peut garantir que son charisme est (toujours) authentique ? Il n'est pas rare de voir des affiches de campagnes d'évangélisation où l'on promet des miracles instantanés, des miracles téléphoniques, etc. On invite les gens à venir quel que soit leur problème, comme si un être humain avait le pouvoir de forcer Dieu à faire des miracles.

Souvent, lorsque des catholiques arrivent dans ces milieux, on leur demande d'ôter leur croix, de ne plus porter des habits avec des images religieuses, etc. Leur foi catholique est fustigée à l'aide de quelques versets bibliques. Généralement, leur faible niveau d'instruction religieuse fait qu'ils ne savent pas comment répondre aux objections contre la foi catholique. Dans plusieurs endroits on leur demande de revenir les dimanches, au détriment de la messe dominicale qui est obligatoire pour un catholique, ou encore de payer la dîme et de se convertir au protestantisme afin que leur prière soit exaucée. Régulièrement, des gens qui sont allés à ce genre de prière et dont la situation ne s'est pas améliorée reviennent se confesser.

3. Garder le dépôt de la foi

« Prends pour norme les saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l'amour du Christ Jésus. Garde le bon dépôt avec l'aide de l'Esprit Saint qui habite en nous » (2 Tm 1, 13-14).

Dès le départ, les chrétiens étaient invités à ne pas se fier à n'importe quel prédicateur, et surtout, à garder la foi reçue, le dépôt de la foi. Lorsqu'on se dit catholique, que l'on croit « en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique », on a le devoir de préserver cette foi-là. En passant de longues heures à écouter des prédicateurs non catholiques, si l'on n'a pas de bases solides, on finit par être convaincu des erreurs qui sont enseignées Bible à la main, et à perdre progressivement la foi.

Il est nécessaire également que les fidèles catholiques prennent conscience qu'ils ont un grand trésor dans l’Église auquel ils peuvent recourir : la sainte messe qui est la plus grande prière au cours de laquelle Jésus lui-même est réellement présent, l'adoration eucharistique, les demandes de messe, le Rosaire, etc. Il y a aussi des exorcistes nommés par l’évêque, des groupes de prières reconnus, etc.

Enfin, il suffit d'ouvrir les yeux pour voir qu'il y a les mêmes souffrances, les mêmes maladies et les mêmes maux chez les fidèles des autres religions, quand bien même leurs responsables prétendent pouvoir tout guérir. Jésus a averti que pour le suivre, il fallait prendre la croix (Mt 16, 24). Cela signifie concrètement que des épreuves diverses peuvent survenir dans la vie du chrétien. Saint Jacques ajoute : « Heureux homme, celui qui supporte l'épreuve ! Sa valeur une fois reconnue, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment » (Jc 1, 12). Dans l'épreuve, il faut donc garder sa foi catholique et se souvenir de l'exhortation de l'Apôtre : « Ne désertez pas votre propre assemblée comme quelques-uns ont coutume de le faire » (He 10, 25) !


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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