Les sacrements ont été institués par le Christ. Ce sont des signes visibles accompagnés de paroles qui confèrent une grâce particulière de façon efficace, certaine, parce que c'est le Christ lui-même qui agit lorsque les sacrements sont célébrés. Dans l’Église catholique, on dénombre sept sacrements : le baptême, la confirmation, l'Eucharistie, le sacrement de la réconciliation, le sacrement des malades, le mariage et le sacrement de l'ordre. Les dénominations protestantes ne retiennent généralement que deux sacrements qu'elles appellent « ordonnances », à savoir, le baptême et la Cène (Eucharistie).

1. Définition du sacrement

« À vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu » (Lc 8, 10). Le mot « mystère » qui est utilisé plusieurs fois dans le Nouveau Testament a été traduit en latin par « sacramentum », nom qui a été adopté pour les sacrements.

« Les sacrements ont pour fin de sanctifier les hommes, d’édifier le Corps du Christ, enfin de rendre le culte à Dieu ; mais, à titre de signes, ils ont aussi un rôle d’enseignement. Non seulement ils supposent la foi, mais encore, par les paroles et les choses, ils la nourrissent, ils la fortifient, ils l’expriment ; c’est pourquoi ils sont dits sacrements de la foi. Certes, ils confèrent la grâce, mais, en outre, leur célébration dispose au mieux les fidèles à recevoir fructueusement cette grâce, à rendre à Dieu le juste culte, et à exercer la charité. Il est donc de la plus grande importance que les fidèles comprennent facilement les signes des sacrements et fréquentent de la façon la plus assidue les sacrements qui nourrissent la vie chrétienne » (Concile Vatican II, Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum concilium, n°59).

Seuls deux sacrements sont acceptés par les dénominations protestantes qui les appellent ordonnances. Ce sont le baptême et la Cène, qui seraient les seuls à être ordonnés par Jésus. Cependant, on observe que Jésus a ordonné de faire beaucoup de choses qui ne sont pas considérés comme des ordonnances par les protestants, par exemple :

  • le lavement des pieds : « Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jn 13, 14) ;

  • aider les pauvres : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, suis-moi » (Mt 19, 21).

Ainsi, la notion des deux ordonnances semble visiblement découler de la contestation des sept sacrements du catholicisme. En outre, pour les dénominations protestantes, seule la foi est nécessaire au salut. Par suite, les sacrements, pour eux, ne sont pas nécessaires pour être sauvés et ne sanctifient pas celui qui le reçoit. Le baptême et la Cène sont seulement des signes, une expression de la foi qui sert de témoignage.

Pour l’Église catholique au contraire, les sacrements sont tous institués par Jésus-Christ. On sait que tout ce que Jésus a dit et fait n'a pas pu être mis par écrit (Jn 20, 30-31). Jésus a donné plusieurs directives pour la vie de l’Église (Mt 18, 15-20) et les disciples étaient chargés de transmettre tout ce que Jésus a prescrit et enseigné (Mt 28, 20). Si les Apôtres ont transmis l'Eucharistie (1 Co 11, 23) et les autres sacrements, ils ne les ont pas inventés : c'est d'abord parce que Jésus les as prescrits. « De fondement, en effet, nul n'en peut poser d'autre que celui qui s'y trouve, c'est-à-dire Jésus Christ » (1 Co 3, 11).

2. Le baptême

Le jour de la Pentecôte, Pierre prêcha avec puissance la résurrection du Christ. « D'entendre cela, ils eurent le cœur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux apôtres : "Frères, que devons-nous faire ?" Pierre leur répondit : "Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Ac 2, 37-38). Le fait de croire au message de Pierre ne suffit pas, il fallait que les auditeurs devenus croyants se fassent baptiser et reçoivent comme grâce le pardon des péchés et la marque de l'Esprit Saint.

Les querelles sur le baptême incluent la manière de baptiser (par aspersion, immersion ou par effusion), les paroles à prononcer lors du baptême (« je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit », ou bien, « je te baptise au nom de Jésus »), le baptême des enfants, l'acceptation du baptême administré par les protestants ou par les catholiques, la nécessité du baptême pour être sauvé, etc.

3. L'Eucharistie

La Cène pour les protestants est simplement un souvenir du dernier repas de Jésus. Le pain et le vin restent du pain et du vin et représentent le Corps et le Sang du Christ. Généralement, tout le monde est admis à cette table. Les fondateurs du protestantisme ont estimé que la présence réelle de Dieu se trouvait plus dans la Bible, réorganisant ainsi le culte pour qu'il soit centré sur la lecture de la Parole de Dieu et la prédication.

Par contre, pour les catholiques, après la consécration, le pain et le vin deviennent réellement le Corps et le Sang du Christ, selon qu'il a dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps … Buvez-en tous car ceci est mon sang …  » (Mt 26, 27-28). Il ajoute : « Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson » (Jn 6, 55).

L'Eucharistie est nécessaire pour être sauvé puisque Jésus a dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 54).

De plus, la messe est un sacrifice, un renouvellement non sanglant de l'unique sacrifice de la croix. Saint Paul met en garde contre les communions indignes : « Quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s'il ne discerne le Corps. Voilà pourquoi il y a parmi vous beaucoup de malades et d'infirmes, et que bon nombre sont morts » (1 Co 11, 27-30).

« Les autres sacrements, ainsi que tous les ministères ecclésiaux et les tâches apostoliques, sont tous liés à l’Eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâques, le pain vivant, lui dont la chair, vivifiée et vivifiant par l’Esprit Saint, donne la vie aux hommes, les invitant et les conduisant à offrir, en union avec lui, leur propre vie, leur travail, toute la création. On voit donc alors comment l’Eucharistie est bien la source et le sommet de toute l’évangélisation : tandis que les catéchumènes sont progressivement conduits à y participer, les fidèles, déjà marqués par le baptême et la confirmation, trouvent, en recevant l’Eucharistie, leur insertion plénière dans le Corps du Christ. Ainsi, c’est l’assemblée eucharistique qui est le centre de la communauté des fidèles présidée par le prêtre » (Concile Vatican II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n°5).

4. La confirmation

« Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, les apôtres qui étaient à Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l'Esprit Saint leur fût donné. Car il n'était encore tombé sur aucun d'eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l'Esprit Saint » (Ac 8, 14-17).

Il manquait visiblement quelque chose d'important à ces nouveaux baptisés, le sacrement de la confirmation par lequel ils reçurent l'Esprit Saint.

« La Confirmation parfait la grâce baptismale ; elle est le sacrement qui donne l’Esprit Saint pour nous enraciner plus profondément dans la filiation divine, nous incorporer plus fermement au Christ, rendre plus solide notre lien avec l’Église, nous associer davantage à sa mission et nous aider à rendre témoignage de la foi chrétienne par la parole accompagnée des œuvres » (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1316).

Certaines dénominations protestantes ont des cérémonies de confirmation pour ceux qui ont été baptisés enfants sur la base de la foi des parents. Au cours de ces célébrations, les jeunes professent eux-mêmes leur foi. Cela ne correspond donc pas au sacrement de la confirmation catholique.

5. Le sacrement de la réconciliation

Luther reconnaît d'abord la réconciliation comme sacrement avant de l'écarter.

Après la résurrection, « les portes étant closes, là où se trouvaient les disciples, par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu et il leur dit : "Paix à vous !" Ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur. Il leur dit alors, de nouveau : "Paix à vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." Ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit : "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" » (Jn 20, 19-23).

Par la suite, saint Paul déclare qu'il lui a été confié « un ministère de réconciliation » qui n'est pas exercé à tout le monde (2 Co 5, 17-21).

6. L'onction des malades

L'onction des malades est différente de la prière pour les malades. Saint Jacques écrit : « Quelqu'un parmi vous souffre-t-il ? Qu'il prie. Quelqu'un est-il joyeux ? Qu'il entonne un cantique. Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle les presbytres de l’Église et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis. Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris » (Jc 5, 13-16). C'est la base du sacrement des malades.

De plus, dans l'évangile, Jésus envoie les douze Apôtres. « Étant partis, ils prêchèrent qu'on se repentît ; ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d'huile à de nombreux infirmes et les guérissaient » (Mc 6, 12-13).

7. Le mariage

Le mariage n'est pas considéré comme un sacrement dans le protestantisme parce qu'il n'y aurait pas d'ordre explicite de Jésus de se marier comme dans le cas du baptême (Mt 28, 19). Les protestants considèrent le mariage comme une bénédiction des époux, d'où l'expression « bénédiction nuptiale ». Généralement, le mariage n'est pas absolument indissoluble, ce qui fait que les divorces et les remariages sont tolérés.

Cependant, le mariage existe dès le commencement, après la création du premier homme et de la première femme. « Dieu les bénit et leur dit : "Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre." » (Gn 1, 28). Jésus a dit : « Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien ! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer » (Mt 19, 5-6). N'est-ce pas là un ordre explicite du Seigneur qui invite les fiancés à un type d'union précis, pour toute la vie ? La débauche n'a-t-elle toujours été condamnée et les coupables susceptibles d'entrer dans le feu éternel (Lc 21, 34 ; Ga 5, 19-21) ?

Jésus a accompli son premier signe lors des noces de Cana (Jn 2) et a donné les conditions du mariage. En particulier, il a mis fin à la possibilité de polygamie qui avait cours dans l'Ancien Testament et il a expressément condamné le divorce : « S'approchant, des Pharisiens lui demandaient : "Est-il permis à un mari de répudier sa femme ?" C'était pour le mettre à l'épreuve. Il leur répondit : "Qu'est-ce que Moïse vous a prescrit ?" – "Moïse, dirent-ils, a permis de rédiger un acte de divorce et de répudier." Alors Jésus leur dit : "C'est en raison de votre dureté de cœur qu'il a écrit pour vous cette prescription. Mais dès l'origine de la création, Il les fit homme et femme. Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère, et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien ! Ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer." Rentrés à la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur ce point. Et il leur dit : "Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à son égard ; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère" » (Mc 10, 2-12). « Ce mystère (sacramentum) est de grande portée ; je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l’Église » (Ep 5, 32).

Il faut souligner qu'au départ, il n'y avait pas de rite de célébration de mariage à l'église comme maintenant. Les fiancés se mariaient suivant les coutumes locales. Un processus complexe qui a duré des siècles, a conduit l’Église à exiger la présence d'un prêtre lors des mariages, pour éviter les mariages clandestins dont les époux peuvent nier l'existence, en cas de difficulté, afin de contracter un autre mariage. Puis, des enquêtes préalables ont été instituées, pour s'assurer qu'il n'y a pas d'empêchement, pour aboutir enfin à la forme liturgique que nous avons actuellement.

8. Le sacrement de l'ordre

La mission confiée aux douze Apôtres d'annoncer la Bonne Nouvelle devait durer jusqu'à la fin des temps (Mt 28, 20). C'est pourquoi les Apôtres eurent le soin de choisir des collaborateurs diacres (Ac 6, 1-6) et des successeurs, les presbytres et les épiscopes (Tt 1, 5 ; 1 Tm 5, 19-22) à qui ils transmettaient leur pouvoir par l'imposition des mains (1 Tm 4, 14).

« Le mot Ordre, dans l’antiquité romaine, désignait des corps constitués au sens civil, surtout le corps de ceux qui gouvernent. Ordinatio désigne l’intégration dans un ordo. Dans l’Église, il y a des corps constitués que la Tradition, non sans fondements dans l’Écriture Sainte (cf. He 5, 6 ; 7, 11 ; Ps 110, 4), appelle dès les temps anciens du nom de taxeis (en grec), d’ordines : ainsi la liturgie parle de l’ordre des évêques, de l’ordre des prêtres, et de l’ordre des diacres. D’autres groupes, reçoivent aussi ce nom d’ordre : les catéchumènes, les vierges, les époux, les veuves …

L’intégration dans un de ces corps de l’Église se faisait par un rite appelé ordination, acte religieux et liturgique, qui était une consécration, une bénédiction ou un sacrement. Aujourd’hui le mot ordination est réservé à l’acte sacramentel qui intègre dans l’ordre des évêques, des presbytres et des diacres et qui va au-delà d’une simple élection, désignation, délégation ou institution par la communauté, car elle confère un don du Saint-Esprit permettant d’exercer un "pouvoir sacré" qui ne peut venir que du Christ lui-même, par son Église. L’ordination est aussi appelée consécration car elle est une mise à part et une investiture par le Christ lui-même, pour son Église. L’imposition des mains de l’évêque, avec la prière consécratoire, constituent le signe visible de cette consécration » (Catéchisme de l’Église catholique, n°1537-1538).


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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