Plan de l'article : 1. Position de Justforcatholics.org - 2. Réponse catholique
1. Position de Justforcatholics.org
Question 8: Qu'enseigne l'Eglise Catholique Romaine en ce qui concerne l'Immaculée Conception ? Quelle est la signification de ce dogme ?
Réponse: Voici ce que l'Eglise Catholique enseigne: "Tout au long des siècles passés, l'Eglise a pris de plus en plus conscience que Marie, "à qui une grâce a été faite" de la part du Seigneur (Luc 1:28), a été rachetée dès le moment de sa conception. C'est ce que déclare le dogme de l'Immaculée Conception, proclamé par le Pape Pie IX en 1854: "La Très Sainte Vierge Marie fut préservée de toute souillure du péché originel, dès le premier moment de sa conception, par une grâce singulière et un privilège accordés par le Dieu Tout-Puissant, et en raison des mérites de Jésus-Christ, le Sauveur de l'espèce humaine (Pie IX, Ineffabilis Deus, 1854)" (Catéchisme de l'Eglise Catholique, paragraphe 491).
Pendant des siècles, il y eut un grand débat dans l'Eglise, avant que le dogme de l'Immaculée Conception soit proclamé en 1854. Les théologiens Catholiques admettent que cette doctrine n'est pas révélée explicitement dans l'Ecriture. Le Catéchisme fait seulement référence à Luc 1:28 comme preuve biblique. Pourtant, ce verset ne peut absolument pas signifier que Marie ait été conçue sans péché. La même expression est employée dans Ephésiens 1:6, concernant tous les Chrétiens ! Personne ne prétend pourtant que tous les Chrétiens ont été conçus sans péché dans leur nature humaine !
Au cours des premiers siècles de l'Eglise, il n'est jamais fait mention de l'Immaculée Conception. "Les premiers écrits en faveur de ce dogme ne sont apparus qu'au douzième siècle, sous la plume d'un moine anglais appelé Eadmer. Parmi ceux qui se sont opposés à ce dogme figurent des personnalités qui sont pourtant révérées par l'Eglise de Rome: Bernard de Clairvaux, Peter Lombard, Saint Bonaventure, et Saint Thomas d'Aquin, pour ne citer qu'eux. Ce n'est qu'au quatorzième siècle que Duns Scot élabora une théorie qui fut reprise par les Franciscains, ardents défenseurs de ce dogme, dans leurs débats avec les Dominicains, qui leur étaient violemment opposés" (H.M. Carson, Roman Catholicism Today).
Contrairement à cet enseignement catholique, la Bible enseigne clairement que "tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu" (Romains 3:23). Tous les descendants d'Adam partagent sa nature de péché: "C'est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché" (Romains 5:12). Tous les hommes ont donc besoin d'être sauvés. Marie elle-même appelle Dieu "mon Sauveur" (Luc 1:47). Il est évident qu'elle ne connaissait pas le dogme catholique de l'Immaculée Conception !
La Bible déclare que seul Christ est né sans péché (Hébreux 4:15). Christ seul est Immaculé dès Sa conception. C'est pour cela que Christ, qui n'a jamais connu le péché, "a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice" (1 Pierre 2:24).
Les implications de ce dogme sont très sérieuses. Voici ce que le Pape a déclaré:
"Par conséquent, si quelqu'un ose - à Dieu ne plaise ! - penser différemment de ce que nous avons défini, qu'il sache et comprenne qu'il se condamne par son propre jugement, qu'il a fait naufrage par rapport à la foi, et qu'il s'est coupé de l'unité de l'Eglise. En outre, en raison de ses propres actions, il s'expose à subir les peines définies par la loi, s'il exprime oralement, par écrit, ou par tout autre moyen, les erreurs qu'il a acceptées dans son cœur" (Pie IX, Ineffabilis Deus).
Le Magistère de l'Eglise Catholique (c'est-à-dire le pape et les évêques) voudrait nous faire croire à cette doctrine que ni les Ecritures ni les Pères de l'Eglise ont enseignée. Ce sont les saintes Ecritures qui peuvent nous rendre sages à salut, par la foi en Jésus-Christ (1 Timothée 3:15). Nous n'avons besoin d'aucune doctrine étrangère à la Bible pour être sauvés. En fait, c'est l'Eglise Catholique qui a "fait naufrage par rapport à la foi", en acceptant une doctrine qui est contraire à l'enseignement de la Bible. C'est elle qui s'est coupée de l'unité de l'Eglise. La véritable Eglise n'a jamais rien eu à voir avec les inventions théologiques de l'Eglise de Rome.
© Dr Joseph Mizzi. Used by permission. Source : http://www.justforcatholics.org/fr08.htm (05/04/2020)
2. Réponse catholique
Différence entre péché originel et péché personnel
Pour bien comprendre ce qu'on appelle Immaculée Conception, il est nécessaire de bien comprendre au préalable la notion de péché originel.
L'expression « péché originel » désigne d'abord le premier péché commis par Adam et Ève. « Par un seul homme le péché est entré dans le monde » (Rm 5, 12). Et le Psalmiste nous dit : « mauvais je suis né, pécheur ma mère m'a conçu » (Ps 51(50), 7). Avant de naître, avant de pouvoir poser un acte de lui-même, dès le sein de sa mère, l'auteur du Psaume nous dit qu'il était pécheur. C'est ce qu'on appelle aussi « péché originel ». Le péché originel est l'état de pécheur dans lequel tout homme naît. Il ne s'agit pas d'un acte posé, mais bien d'un « état » qui est hérité.
L'Immaculée Conception signifie que Marie a été préservée du péché originel par une grâce venant déjà de la mort et de la résurrection du Christ.
Tous ont péché
Saint Paul enseigne que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rm 3, 23). Il s'agit là de péchés, d'actes posés par des personnes qui sont en contradiction avec la volonté de Dieu. Le même Paul enseigne que les enfants avant un certain âge dit « âge de la raison » ne commettent pas de péché (cf. Rm 9, 11). Par suite, le « tous ont péché » ne signifie pas que des personnes privilégiées ne puissent être préservées du péché originel. Adam et Ève par exemple ont été créés sans le péché originel. C'est leur libre choix de désobéir qui a amené le péché dans le monde, y compris le péché originel. Donc la Bible n'enseigne pas que seul le Christ est Immaculée Conception contrairement à ce qu'affirme l'auteur du texte ci-dessus.
La grâce accordée à Marie
La citation du n° 491 du Catéchisme de l’Église Catholique faite ci-dessus est erronée à dessein. Le Catéchisme dit en effet : « Au long des siècles l’Église a pris conscience que Marie, "comblée de grâce" par Dieu (Lc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception ». Il est bien écrit « comblée de grâce par Dieu », l'auteur rapporte « à qui une grâce a été faite de la part du Seigneur ». Il convient d'être fidèle lorsqu'on fait une citation littérale encadrée par des guillemets, même si l'on n'est pas d'accord avec le contenu.
La pomme de discorde, c'est la traduction de Lc 1, 28. Ce n'est pas la même expression en Ep 1, 6. Le Nouveau Testament a été entièrement écrit en grec. Le mot grec charis signifie grâce. De ce mot, viennent des mots comme charismatique, etc.
- En Ep 1, 6, il est écrit : « sa grâce dont Il nous a gratifiés dans le Bien-Aimé ». Dans le texte grec, sa grâce = « χάριτος » (karistos) et gratifié est rendu par « ἐχαρίτωσεν » (ekaristosèn).
- En Lc 1, 28, l'ange salue Marie : Salut « κεχαριτωμένη » (kekaristoménè).
Même si on n'aime pas le lièvre, il faut reconnaître qu'il a de longues oreilles. On ne peut pas objectivement dire qu'en Ep 1, 6 et Lc 1, 28, on a la même expression. Les bibles protestantes (Louis Second) traduisent malheureusement Lc 1, 28 par « toi à qui une grâce a été faite ». L'Ange appelle Marie « pleine de grâce », « comblée de grâce ». Il ne s'agit pas du fait qu'elle ait reçu une faveur particulière comme ailleurs en Ep 1, 6 par exemple. La salutation de l'ange est conforme aux habitudes des juifs, comme on peut le voir en Jn 19, 3 : « Salut, roi des Juifs ! » Puisque Jésus est identifié au roi des Juifs, alors, l'unique comblée de grâce que les Écritures désignent c'est bien Marie. Cet état de fait ne commence pas avec la salutation de l'ange.
L'Immaculée Conception de Marie
En latin, « macula » signifie tache. Immaculée Conception signifie conçue sans la tache du péché originel. L’Église croit que Marie, fort de cette grâce, a fait l'effort de persévérer dans la grâce de Dieu et n'a pas commis de péché personnel. Ainsi, en Marie, Dieu a préparé pour son Fils lors de sa venue au monde une demeure digne, immaculée, sans tache.
« Mais qui donc extraira le pur de l'impur ? Personne ! » (Jb 14, 4). Pour que Jésus, le très pur sorte de Marie, il fallait que Dieu brise en Marie la chaîne du péché transmise à l'humanité par Adam en permettant que sa conception soit sans la tache du péché originel. Et pleine de cette grâce, la « bénie es-tu entre les femmes » (Lc 1, 42) a persévéré dans la grâce en se préservant du péché toute sa vie, afin que d'elle, la toute pure, naisse le Sauveur du monde. La Bible présente Marie comme la femme vêtue du soleil, ayant la lune sous les pied et illuminée d'une couronne de 12 étoiles bien avant la naissance de son fils (Ap 12, 1).
Marie avait besoin d'être sauvée et elle reconnaît que Dieu est son sauveur lorsqu'elle chantait son cantique : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur » (Lc 1, 46-47). Que Marie doive être sauvée par le Christ ne signifie pas qu'elle ait été effleurée par le péché originel ou qu'elle ait commis un quelconque acte contraire à la volonté de Dieu, car même lorsqu'on est sans péché, on a encore besoin que le Christ nous justifie, à l'instar de saint Paul qui dit : « Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais je n'en suis pas justifié pour autant » (1 Co, 4, 4).
« Si, par la faute d'un seul, la multitude est morte, combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d'un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude » (Rm 5, 15). En rigueur de termes, c'est Ève la première qui a péché et qui a suggéré à Adam de manger aussi le fruit défendu, et celui-ci alors qu'il le pouvait n'a pas refusé. Marie est la nouvelle Ève, conçue comme la première Ève sans le péché originel. La première Ève a désobéi et a transmis le péché au premier Adam. La Nouvelle Ève, l'humble servante du Seigneur (cf. Lc 1, 38.48), la mère de tous « ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17) a toujours obéi au Seigneur et a en quelque sorte transmis son obéissance au nouvel Adam, Jésus-Christ, cause de notre salut. En fait, en disant son oui à l'ange (cf. Lc 1, 38), Marie, plus que toute autre personne, a coopéré avec Dieu pour nous donner son Fils unique qui nous a sauvés.
Un dogme de l’Église
Il est vrai que dans les tentatives d'expliquer l'Immaculée Conception, certaines figures illustres ont émis des réserves, comme saint Bernard de Clairvaux (1090 – 1153), Pierre Lombard (1100 – 1160), Saint Bonaventure (1217 – 1218), et Saint Thomas d'Aquin (1224 – 1274).
Ce qu'on oublie de dire, c'est que ce privilège de Marie a toujours été cru et défendu par les premiers chrétiens, en particulier par bien de Pères de l’Église comme saint Éphrem le Syrien (306 – 373), saint Grégoire de Nysse (330 – 395), Amphiloque d'Iconium (IVème siècle), saint Ambroise de Milan (340 – 397), saint Augustin (354 – 430), saint Jérôme(347 – 420), et bien d'autres, longtemps avant Duns Scot (1266 – 1308).
Il faut aussi ajouter que dans l’Église, il y a souvent eu des controverses. Par exemple, juste après le départ du Christ, il y a eu la question de la circoncision de ceux qui devenaient chrétiens. Certains étaient pour, d'autres contre. Pour trancher la question, les Apôtres se réunirent à Jérusalem autour de Pierre que Jésus avait choisi comme chef (cf. Jn 21, 15-17). La décision fut qu'il ne fallait pas l'imposer aux nouveaux convertis. Le baptême suffit (cf. Ac 17).
Ainsi donc, lorsque le Pape, successeur de saint Pierre, par son autorité fixe une règle de doctrine, il met fin aux débats en confirmant ce que l'on doit croire.C'est ce qu'a fait le Pape Pie IX, dans son document intitulé Ineffabilis Deus le 8 décembre 1854. Dès lors, on ne peut être catholique sans croire à l'Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie. En effet, comme dit le Christ, « Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m'a envoyé » (Lc 10, 16).