La Bible est le livre par excellence des chrétiens à travers lequel Dieu nous parle. Elle est « inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice » (2 Tm 3, 16). Alors que les protestants prônent une interprétation libre et personnelle, l’Église catholique insiste sur une interprétation qui soit conforme à la seule foi (Ep 4, 5) qui a été transmise une fois pour toutes (Jude 3) dont le Magistère est le garant.

1. Des difficultés de compréhension de la Bible

« L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). Ainsi, la Bible doit être au cœur de la vie quotidienne du chrétien. Dieu nous a parlé à travers des hommes, qui ont écrit la Bible selon les manières de parler de leur époque, dans des langues données (grec et hébreu), selon des genres littéraires donnés (le style poétique pour le Cantique des Cantiques et les Psaumes, etc.), et en fonction des destinataires des écrits. Ce sont autant de paramètres dont il faut tenir compte pour mieux comprendre un texte biblique.

Il arrive qu'en lisant la Bible, certains passages ne soient pas (bien) compris. C'est le cas de l'eunuque Éthiopien dans les Actes des Apôtres qui ne comprenait pas ce qu'il lisait dans le livre du prophète Isaïe. C'est l'Apôtre Philippe qui lui apporte les explications idoines (Ac 8, 26-35). L'Apôtre Pierre relève l'existence de passages difficiles à comprendre dans les lettres de saint Paul et regrette que des gens en fassent une interprétation erronée : « Tenez la longanimité de notre Seigneur pour salutaire, comme notre cher frère Paul vous l'a aussi écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. Il le fait d'ailleurs dans toutes les lettres où il parle de ces questions. Il s'y rencontre des points obscurs, que les gens sans instruction et sans fermeté détournent de leur sens – comme d'ailleurs les autres Écritures – pour leur propre perdition. Vous donc, très chers, étant avertis, soyez sur vos gardes, de peur qu'entraînés par l'égarement des criminels, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté » (2 P 3, 15-17).

Il s'en suit qu'une interprétation purement personnelle de la Bible peut conduire à des erreurs graves et entraîner la perdition. Saint Pierre appelle ceux qui agissent ainsi des « égarés », des « criminels ». C'est pourquoi, l'interprétation de la Bible a besoin de garde-fous, de balises, pour rester dans la droiture.

Dans le récit de la tentation du Christ (Mt 4, 1-11), on voit comment le diable utilise des versets bibliques pour demander à Jésus de faire des choses contraires à la volonté de Dieu. Et c'est aussi en utilisant les Saintes Écritures que le Christ repousse ces tentations. Il est donc clair par cet exemple que l'interprétation personnelle de la Bible peut donner lieu à une instrumentalisation des textes à des fins inavouées, exactement comme le diable l'a fait.

De plus, la grande majorité des chrétiens ne connaissent ni le grec, ni l'hébreu ni l'araméen, langues dans lesquelles la Bible a été écrite, encore moins le contexte historique et culturel de l'époque. Ils ont accès au texte biblique à partir des traductions. Quand un mot ou une expression a plusieurs significations, le traducteur est obligé de faire un choix qui serait différent du choix d'un autre traducteur. Quand un mot n'a pas de correspondance dans la langue de la traduction, le traducteur est obligé de le remplacer quand même par un autre. Etc. Face à ces difficultés, comment soutenir l'interprétation personnelle de la Bible prônée par les fondateurs du protestantisme ? Sa mise en application a donné lieu à la création de milliers d'églises différentes encore appelées « dénominations » ou « congrégations » qui revendiquent toutes d'avoir interprété correctement la Bible. Toutes ces dénominations, si différentes doctrinalement les unes des autres, peuvent-elles toutes à la fois enseigner authentiquement la Parole de Dieu et être conforme à l'unique foi (Ep 4, 5) qui a été transmise une fois pour toutes (Jude 3) ? Certainement pas.

On pourrait objecter qu'il y a aussi des divisions dans l’Église catholique, par exemple, entre « traditionalistes » et « progressistes ». Même au temps des Apôtres, il y a eu aussi des controverses (Ac 15, discuté ci-dessous). Toutefois, les discussions dans l’Église catholique ne concernent pas des points fondamentaux de doctrine tels que l'Eucharistie, le sacerdoce, la dévotion à la Vierge Marie, le purgatoire, etc., comme cela est le cas pour les différentes branches du protestantisme dont les enseignements divergent sur ces points là. En outre, leurs enseignements sont susceptibles de changer avec le temps au gré des interprétations personnelles, comme en témoigne le fait que très peu de dénominations aient conservé les convictions des fondateurs du protestantisme. Luther par exemple croyait à la virginité perpétuelle de Marie et acceptait l'intercession des saints. Cela n'est plus la chose la plus acceptée chez les protestants.

Pourtant, la Bible même avertit : « aucune prophétie d’écriture n'est objet d'explication personnelle ; ce n'est pas d'une volonté humaine qu'est jamais venue une prophétie, c'est poussés par l'Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1, 20-21). L'Esprit Saint conduit à la vérité toute entière (Jn 16, 13) et si toutes ces interprétations personnelles étaient mues par l'Esprit Saint, on parviendrait à une doctrine unique. Mais ce n'est pas ce que l'on observe.

En pratique, lorsqu'un protestant rencontre une difficulté d'interprétation de la Bible, il se réfère à son pasteur. Et si de nouvelles questions se posent, c'est au pasteur ou à un collège de pasteurs de la dénomination de trancher la question. L'interprétation personnelle a donc ses limites, même dans le protestantisme, et sert simplement à rejeter l'interprétation authentique, par l’Église catholique.

2. Le Magistère, garant de l'interprétation authentique

Dans les Actes des Apôtres, il s'est posé une question délicate qui a suscité beaucoup de débats : est-ce que les non Juifs devraient se faire circoncire pour devenir chrétiens ? À ce propos, chacun ne s'en est pas tenu à son interprétation personnelle et il ne s'est pas créé une autre église (dénomination) à la suite de cette vive controverse. Les autres Apôtres vont se retrouver à Jérusalem autour de Pierre, et c'est la décision prise, c'est-à-dire, l'enseignement de l’Église réunie autour de Pierre qui est promulguée aux chrétiens (Ac 15, 1-29) qui y adhèrent dans la foi. « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables ... » C'est ainsi que commence la déclaration.

Donc dès le départ, Dieu a voulu qu'il y ait un organe vivant, conduit par l'Esprit Saint, pour trancher ces questions de haute importance dans l'interprétation des Écritures, et qu'il n'y ait pas de création d'églises parallèles à l'unique Église que Jésus a créée (Mt 16, 18) à la suite d'interprétations personnelles en désaccord avec la sentence du Magistère.

Il est donc absolument légitime pour un chrétien de suivre l'enseignement de l’Église réunie autour du Pape, le successeur de l'Apôtre Pierre, car l'Esprit Saint lui-même garantit leur enseignement. On appelle « Magistère » de l’Église, l'enseignement du Pape uni aux évêques qui tiennent la place des Apôtres : « Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m'a envoyé » (Lc 10, 16).

Le Magistère n'intervient pas à tout bout de champ dans la méditation personnelle de la Parole de Dieu par le chrétien. Mais il a le pouvoir de se prononcer si une interprétation est recevable ou pas, surtout en cas de discussion. Jésus a particulièrement prié pour l'unité des chrétiens (Jn 17, 20-23) puisqu'il n'y a qu'« un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous » (Ep 4, 5-6).

Le Magistère n'est pas au-dessus de la Parole de Dieu mais à son service non sans l'assistance de l'Esprit Saint. Le Magistère a aussi comme référence, l'unique foi transmise une fois pour toutes (Jude 3), par écrit ou de vive voix (2 Th 2, 15), qu'on appelle la Tradition de l’Église. Ainsi, toute interprétation qui s'oppose à ce qu'on a toujours cru depuis les origines du christianisme est d'office erronée.


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)

Cet article est extrait de son livre : La foi catholique face aux doctrines protestantes

Il est aussi l'auteur du livre : Mon corps et l'amour : la Bonne Nouvelle sur la sexualité


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