Un sujet très sensible est le mariage entre chrétiens et non chrétiens. Certaines familles et certains responsables protestants (évangéliques) enseignent que la Bible interdit de tels mariages encore appelés mariages mixtes ou mariage avec disparité de culte. Cette attitude met les jeunes dans le désarroi et pousse certains couples à vivre ensemble de longues années sans mariage, sans intention de se séparer tout en éduquant leurs enfants. Et pourtant, la Parole de Dieu permet le mariage entre chrétiens et non-chrétiens. Nous analyserons ci-dessous les différents arguments souvent avancés pour prôner l'interdiction de ces mariages.

1. L'interdiction des mariages dans l'Ancien Testament

Les passages qui interdisent formellement le mariage entre un Israélite et une personne d'une autre nation sont tous de l'Ancien Testament. Par exemple :

  • «  Lorsque Yahvé ton Dieu t'aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, des nations nombreuses tomberont devant toi : les Hittites, les Girgashites, les Amorites, les Cananéens, les Perizzites, les Hivvites, et les Jébuséens, sept nations plus nombreuses et plus puissantes que toi. Tu ne contracteras pas de mariage avec elles, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, ni ne prendras leur fille pour ton fils. Car ton fils serait détourné de me suivre ; il servirait d'autres dieux ; et la colère de Yahvé s'enflammerait contre vous et il t'exterminerait promptement » (Deutéronome 7, 1.3-4) ;

  • « Eh bien ! ne donnez pas vos filles à leurs fils et ne prenez pas leurs filles pour vos fils ; ne vous souciez jamais de leur paix ni de leur bonheur, afin que vous deveniez forts, que vous mangiez les meilleurs fruits du pays et le laissiez en patrimoine à vos fils pour toujours » (Esdras 9, 12) ;

  • « Alors Shekanya, fils de Yehiel, l'un des fils d'Elam, prenant la parole, dit à Esdras : "Nous avons trahi notre Dieu en épousant des femmes étrangères, prises parmi les peuples du pays. Eh bien ! malgré cela, il y a encore un espoir pour Israël. Nous allons prendre devant notre Dieu l'engagement solennel de renvoyer toutes nos femmes étrangères et les enfants qui en sont nés, nous conformant au conseil de Monseigneur et de ceux qui tremblent au commandement de notre Dieu. Que l'on agisse selon la Loi ! » (Esdras 10, 2-3 ; cf. 1 Rois 11, 1-11)

  • « En ces jours-là encore, je vis des Juifs qui avaient épousé des femmes Ashdodites, ammonites ou moabites. Je les tançai et les maudis, en frappai plusieurs, leur arrachai les cheveux et les adjurai de par Dieu : "Vous ne devez pas donner vos filles à leurs fils, ni prendre pour femmes aucune de leurs filles, pour vos fils ou pour vous-mêmes ! N'est-ce pas en cela qu'a péché Salomon, roi d'Israël ? Parmi tant de nations, aucun roi ne lui fut semblable; il était aimé de son Dieu ; Dieu l'avait fait roi sur tout Israël. Même lui, les femmes étrangères l'entraînèrent à pécher ! Faudra-t-il entendre dire que vous commettez aussi ce grand crime : trahir notre Dieu en vous mariant avec des femmes étrangères?" » (Nehemie 13, 23.25-27 ; cf. Malachie 2, 11)

Toutefois, dans l'Ancien Testament, il y avait beaucoup d'interdits, par exemple des interdits alimentaires comme celui de ne pas manger de la viande de porc (cf. Lv 11, 7). Ces interdits avaient pour but de garder le peuple d'Israël dans une certaine pureté dans l'attente du Messie. Beaucoup de ces prescriptions ont été abolies par Jésus-Christ qui a inauguré un Nouveau Testament. Il convient donc d'abandonner des pratiques désormais dépassées à la lumière du Nouveau Testament.

De plus, même dans l'Ancien Testament, on constate que l'interdiction des mariages n'était pas stricte. Le mariage des Israélites avec les Égyptiens et les Édomites était clairement autorisé et les enfants, à partir de la troisième génération devenaient Israélites, ce qui n'était pas possible avec les autres peuples : « Le bâtard ne sera pas admis à l'assemblée de Yahvé ; même ses descendants à la dixième génération ne seront pas admis à l'assemblée de Yahvé. L'Ammonite et le Moabite ne seront pas admis à l'assemblée de Yahvé : même leurs descendants à la dixième génération ne seront pas admis à l'assemblée de Yahvé, et cela pour toujours. Tu ne tiendras pas l'Édomite pour abominable, car c'est ton frère. Tu ne tiendras pas l’Égyptien pour abominable, car tu as été un étranger dans son pays. À la troisième génération, leurs descendants seront admis à l'assemblée de Yahvé » (Dt 23, 3-4.8-9).

On constate aussi que Moïse épousa Séphora, du pays de Madiân, puis une éthiopienne (cf. Exode 2, 21-22; Nombres 12, 1). Booz épousa Ruth, une Moabite (Ruth 1, 22). Rahab, une Cananéenne qui avait protégé des émissaires juifs fut admise dans la communauté d'Israël. Ruth et Rahab sont même devenues des ancêtres du Christ (cf. Mathieu 1, 5) qui inaugure une Nouvelle Alliance.

2. L'attelage disparate de 2 Corinthiens 6, 14-18

Dans le Nouveau Testament, il n'y a aucune interdiction formelle du mariage entre chrétiens et non-chrétiens. Mais force est de constater que le passage suivant est souvent évoqué pour interdire de tels mariages : « Ne formez pas d'attelage disparate avec des infidèles. Quel rapport en effet entre la justice et l'impiété ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Béliar ? Quelle association entre le fidèle et l'infidèle ? Quel accord entre le temple de Dieu et les idoles ? Or c'est nous qui sommes le temple du Dieu vivant, ainsi que Dieu l'a dit : J'habiterai au milieu d'eux et j'y marcherai ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Sortez donc du milieu de ces gens-là et tenez-vous à l'écart, dit le Seigneur. Ne touchez rien d'impur, et moi, je vous accueillerai » (2 Corinthiens 6, 14-18).

Certains commentateurs reconnaissent que ce passage ne parle pas explicitement du mariage, mais considèrent que le mariage est un attelage par excellence et déduisent que le(la) croyant(e) ne devrait pas se marier avec l'incroyant(e). Or, il arrive souvent qu'après le mariage entre deux croyants, l'un deux arrête de croire ou de pratiquer le christianisme. Dans ce cas, devraient-ils divorcer parce que l'attelage formé est devenu disparate ? Bien sûr que non ! (cf. Mt 19, 6).

Ce passage en question ne veut pas que le fidèle coalise avec l'infidèle pour commettre le péché. Car saint Paul dit par ailleurs qu'on ne pet pas éviter de façon absolue de relations avec les fils des ténèbres : « En vous écrivant, dans ma lettre, de n'avoir pas de relations avec des débauchés, je n'entendais nullement les débauchés de ce monde, ou bien les cupides et les rapaces, ou les idolâtres; car il vous faudrait alors sortir du monde » (1 Corinthiens 5, 9-10).

3. Des exemples de mariages entre croyants et non croyants dans le Nouveau Testament

Dans le Nouveau Testament qu'il est clairement mentionné qu'un chrétien (une chrétienne) puisse épouser un non chrétien (une non chrétienne) : « Si un frère a une femme non croyante qui consente à cohabiter avec lui, qu'il ne la répudie pas. Une femme a-t-elle un mari non croyant qui consente à cohabiter avec elle, qu'elle ne répudie pas son mari » (1 Co 7, 12-13).

Certains esprits trouvent encore comme alibi que ce passage s'applique à ceux qui sont déjà mariés. Or, du temps s'est écoulé entre la mort et la résurrection de Jésus et la rédaction de la lettre aux Corinthiens, temps au cours duquel des chrétiens on pu se marier à des non chrétiens. Si ce type de mariage était interdit, saint Paul aurait explicitement exigé que ceux qui ont contracté mariage après la prédication de Jésus-Christ se séparent, de même manière que sous Esdras, les épouses étrangères furent renvoyées (cf. Esdras 10, 2-3). Au contraire, il déclare : « Le mari non croyant se trouve sanctifié par sa femme, et la femme non croyante se trouve sanctifiée par le mari croyant. Car autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils sont saints ! » (1 Co 7, 14)

Il y a même un exemple concret, Timothée, « fils d'une juive devenue croyante, mais d'un père grec » (Ac 16, 1). On a donc la précision que son père n'était pas croyant. Saint Paul dit en effet : « J'évoque le souvenir de la foi sans détours qui est en toi, foi qui, d'abord, résida dans le cœur de ta grand-mère Loïs et de ta mère Eunice et qui, j'en suis convaincu, réside également en toi » (2 Tm 1, 5).

4. Le mariage dans le Seigneur

« La femme demeure liée à son mari aussi longtemps qu'il vit ; mais si le mari meurt, elle est libre d'épouser qui elle veut, dans le Seigneur seulement » (1 Co 7, 39). Certains voudraient que le mariage « dans le Seigneur seulement » signifie qu'il s'agisse du mariage avec un chrétien. Toutefois, cette expression est maintes fois utilisée dans le Nouveau Testament et n'a pas cette signification.

  • « Saluez Ampliatus qui m'est cher dans le Seigneur » (Rm 16, 8)

  • «  J'arrivai donc à Troas pour l’Évangile du Christ, et bien qu'une porte me fût ouverte dans le Seigneur » (2 Co 2, 12)

  • etc.

Le mariage dans le Seigneur signifie sans aucun doute l'engagement dans le mariage chrétien.

Conclusion

Interdire le mariage entre chrétiens et non-chrétiens est tout sauf conforme aux Saintes Écritures, « inspirées de Dieu et utiles pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice » (2 Tm 3, 16).

Toutefois, au regard des difficultés qui existent concrètement, par exemple les pressions à abandonner la foi chrétienne qui peuvent advenir à tout moment de la vie du couple, il faut bien discerner avant de s'engager dans de telles unions. « Deux hommes vont-ils ensemble sans s'être concertés ? » (Amos 3, 3)

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