Dans l’Église catholique, la célébration de la sainte messe encore appelée Eucharistie ou sainte Cène tient une place importante. La messe est un vrai sacrifice qui rend présent l'unique sacrifice de Jésus sur la croix. Cela est rejeté par les protestants qui considèrent la cène comme une simple commémoration, un simple souvenir de la mort de Jésus.

1. La messe, une réactualisation du sacrifice de la Croix

Pour bien comprendre l'Eucharistie, il est nécessaire de scruter comment Jésus lui-même l'a instituée : « Or, tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : "Prenez, mangez, ceci est mon corps." Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : "Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. » (Mt 26, 26-28 ; voir aussi : Mc 14, 22-24 ; Lc 22, 19-20 ; 1 Co 11, 23-25)

Ainsi, après la prière de consécration, le pain et le vin deviennent réellement le Corps et le Sang du Christ. Il s'agit du même corps crucifié et du même sang versé sur la croix à cause des paroles de Jésus : « Ceci est mon corps, qui est pour vous » (1 Co 11, 24) ; « Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude. » (Mc 14, 24) Les mentions du corps livré et du sang versé indiquent clairement qu'il s'agit d'un sacrifice. De la sorte, par la prière de consécration, l'unique sacrifice de Jésus sur la croix est actualisé, c'est-à-dire rendu présent de manière non sanglante.

À lire aussi : Pourquoi l'Eucharistie est-elle réellement le Corps et le Sang du Christ ?

2. Le sacrifice du Calvaire n’était-il pas suffisant ?

Un argument souvent avancé contre le caractère sacrificiel de la messe est le fait que le sacrifice de Jésus sur la Croix est suffisant pour nous sauver et nous n'aurions plus besoin d'autres sacrifices. En effet, comparativement aux prêtres de l'Ancien Testament, Jésus « au contraire, ayant offert pour les péchés un unique sacrifice, il s'est assis pour toujours à la droite de Dieu, attendant désormais que ses ennemis soient placés comme un escabeau sous ses pieds. Car par une oblation unique il a rendu parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie. » (He 10, 12-14)

L'unique sacrifice sanglant du Christ sur la croix est un sacrifice parfait, efficace, éternel, qui ne sera jamais répété dans l'histoire de l'humanité. Mais comme nous le verrons par la suite à travers les Écritures, cela ne signifie pas que les hommes ne doivent plus offrir à Dieu des sacrifices d'une manière qui lui plaise. Déjà, saint Paul a écrit : « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église. » (Col 1, 24)

3. Le Christ meure-t-il encore à chaque sacrifice de la messe ?

La lettre aux Hébreux mentionne plusieurs fois que le Christ est mort une fois pour toutes pour nos péchés (He 10, 2 ; etc.). Cet argument est souvent utilisé pour s'opposer au fait que la messe soit un sacrifice parce que cela équivaudrait à dire que le Christ meure à chaque messe.

C'est mal comprendre le sens de sacrifice qui n'implique pas nécessairement la mort. Ainsi, dans la Bible, on voit des levains brûlés comme sacrifice de louange (Am 4, 5), des sacrifices d'actions de grâces (Ps 50(51), 14). De plus, le Psalmiste finit par se rendre compte que le sacrifice qui plaît à Dieu c'est un cœur brisé (Ps 50(51), 19). Au temps de Moïse, les Lévites sont placés devant Aaron et ses fils et sont offerts à Dieu comme sacrifice de présentation sans subir la mort (Nb 8, 13-14), de même qu'à la messe, le Christ est offert en sacrifice au Père sans subir de nouveau la mort. Que l'on se souvienne également qu'avec le baptême, nous sommes ensevelis avec le Christ (Col 2, 12) pour une vie nouvelle sans subir nous-mêmes la mort.

« Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice : c’est une seule et même victime, c’est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s’est offert lui-même alors sur la Croix. Seule la manière d’offrir diffère. Et puisque dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, ce même Christ, qui s’est offert lui-même une fois de manière sanglante sur l’autel de la Croix, est contenu et immolé de manière non sanglante, ce sacrifice est vraiment propitiatoire. » (Catéchisme de l’Église catholique, n°1367).

4. Jésus, prêtre pour l'éternité

Dans l'Apocalypse, Jésus, « l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29) apparaît comme un agneau égorgé : « Alors je vis, debout entre le trône aux quatre Vivants et les Vieillards, un Agneau, comme égorgé, portant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu en mission par toute la terre. » (Ap 5, 6) La vision de Jean a lieu plusieurs années après la mort de Jésus, mais Jésus est vu comme la victime du sacrifice. C'est donc que le Christ s'offre éternellement au Père comme l'agneau du sacrifice. Cela n'est possible qu'à travers le sacrifice de la messe.

De plus, il ne faut pas oublier que Jésus est prêtre pour l’éternité (He 7, 21), et le rôle d'un prêtre, c'est d'offrir des sacrifices. Si la messe n'est pas un sacrifice, il faut alors conclure que le rôle de prêtre de Jésus est fini depuis qu'il est mort sur la croix. Il n'y a donc plus de raison de l'appeler prêtre éternel. Par le sacrifice de la messe, le Christ s'offre lui-même éternellement comme victime au Père intercédant pour nous (Rm 8, 34) et accomplissant son rôle de prêtre pour l'éternité.

5. Jésus, prêtre selon l'ordre de Melchisédech

Le sacrifice de la messe a des préfigurations dans l'Ancien Testament, dès le livre de la Genèse : « Quand Abram revint après avoir battu Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome alla à sa rencontre dans la vallée de Shavé (c'est la vallée du Roi). Melchisédech, roi de Shalem, apporta du pain et du vin ; il était prêtre du Dieu Très-Haut. Il prononça cette bénédiction : "Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut qui créa ciel et terre, et béni soit le Dieu Très-Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains." Et Abram lui donna la dîme de tout. » (Gn 14, 17-20)

Ici, Melchisédech apporte précisément du pain et du vin, non pas pour rafraîchir les hommes d'Abram (ancien nom de Abraham) car ils avaient avec eux tous biens et tous les vivres de Sodome et de Gomorrhe (Gn 14, 11). De plus, il reçoit d'Abram la dîme de tout. Le texte lie l'apport du pain et du vin avec le fait que Melchisédech était prêtre du Dieu Très-Haut (Gn 14, 18). Melchisédech a donc fait une véritable offrande de pain et de vin.

La lettre aux Hébreux déclare le Christ « prêtre pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédech. » (He 5, 6 ; He 7, 1-28). Jésus ressemble plus à Melchisédech par l'institution de l'Eucharistie le jeudi saint avec du pain et du vin que par son sacrifice sur la Croix. En disant : « faites ceci en mémoire de moi » (1 Co 11, 24), Jésus demande de reproduire sans cesse le sacrifice parfait qu'il a offert à Dieu à la dernière Cène quand il offrait du pain et du vin, à l'image du sacrifice de Melchisédech.

6. Le sacrifice offert en tout lieu

Le sacrifice de la messe a été aussi annoncé par le prophète Malachie. Après avoir fait des reproches aux lévites qui offraient des bêtes infirmes et des aliments souillés, Dieu ajoute : « Oh ! Qui d'entre vous fermera les portes pour que vous n'embrasiez pas inutilement mon autel ? Je ne prends nul plaisir en vous, dit Yahvé Sabaot, et n'agrée point les offrandes de vos mains. Mais, du levant au couchant, mon Nom est grand chez les nations, et en tout lieu un sacrifice d'encens est présenté à mon Nom ainsi qu'une offrande pure. Car grand est mon Nom chez les nations ! dit Yahvé Sabaot. » (Ml 1, 10-11)

Ainsi, Dieu annonce un nouveau sacrifice futur qui remplacerait le sacrifice des animaux et serait offert « en tout lieu », « chez les Nations » (c'est-à-dire par les non juifs). Puisqu'il s'agit d'un sacrifice nouveau, il ne s'agit donc pas des autres formes de sacrifices (prière, contrition, action de grâce, etc.) qui sont en vigueur aussi bien dans l'Ancien que le Nouveau Testament. Il ne s'agit pas non plus des sacrifices offerts par les non juifs à leurs dieux car ce genre de sacrifice est proscrit par Dieu (1 Co 10, 20 ; Ex 34, 15 ; 2 Ch 28, 23). Il s'agit plutôt d'une « offrande pure » (Ml 1, 11) qui ne peut être que celle du Christ, victime sans tâche (He 9, 13-14), « offrande pure » qui doit être perpétuée dans le monde entier (Mc 16, 15).

Le sacrifice du Calvaire ayant été réalisé une fois pour toutes, on est contraint de conclure que le sacrifice prophétisé par Malachie se réalise à travers le sacrifice de la messe, par le « faites ceci en mémoire de moi » que Jésus prononce après avoir offert le pain et le vin qui deviennent réellement son corps livré et son sang versé sur la Croix pour la multitude en rémission des péchés.

7. La table du Seigneur et la table des démons

On peut également percevoir le caractère sacrificiel de la messe dans l'enseignement de saint Paul : « La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au corps du Christ ? Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce pain unique. Considérez l'Israël selon la chair. Ceux qui mangent les victimes ne sont-ils pas en communion avec l'autel ? Qu'est-ce à dire ? Que la viande immolée aux idoles soit quelque chose? Ou que l'idole soit quelque chose ? … Mais ce qu'on immole, c'est à des démons et à ce qui n'est pas Dieu qu'on l'immole. Or, je ne veux pas que vous entriez en communion avec les démons. Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à la table des démons. Ou bien voudrions-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Serions-nous plus forts que lui ? » (1 Co 10, 16-22)

On voit clairement que la participation à la table du Seigneur qui est communion à l'autel du Seigneur, doit correspondre à un refus de la participation aux sacrifices faits sur les autels des idoles. La table du Seigneur est bien l'autel pour les sacrifices offerts au Seigneur, selon ce qui est écrit par le prophète Malachie : « C'est que vous offrez sur mon autel des aliments souillés. – Mais vous dites : En quoi t'avons-nous souillé ? – En disant : La table de Yahvé est méprisable » (Ml 1, 7). Le parallélisme entre la table des démons et la table du Seigneur permet de déduire que la messe est un vrai sacrifice.

8. La messe, un mémorial à caractère sacrificiel

Voici ce que dit saint Paul au sujet de l'Eucharistie : « Pour moi, en effet, j'ai reçu du Seigneur ce qu'à mon tour je vous ai transmis: le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit: "Ceci est mon corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de moi." De même, après le repas, il prit la coupe, en disant: "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi." » (1 Co 11, 23-25)

« Faites ceci » … En grec, cela se dit : « τοῦτο ποιεῖτε » (prononciation : touto poieite) qui peut aussi se traduire par « offrez ceci ». Dans dans la traduction grecque de l'Ancien Testament (appelée la Septante), Yahvé commande ceci aux Israélites : « Voici ce que tu offriras sur l'autel : deux agneaux mâles d'un an, chaque jour, à perpétuité » (Ex 29, 38). Il s'agit bien d'offrir ces animaux en sacrifice. Le verbe offrir (poiein) est employé près de 70 fois dans la Septante pour désigner le sacrifice. C'est pourquoi le « faites ceci » ou « offrez ceci » dit dans un contexte juif garde le même sens sacrificiel que dans l'Ancien Testament.

De plus, « en mémoire de moi » se dit en grec « εἰς τὴν ἐμὴν ἀνάμνησιν » (prononciation : eis tèn hemèn anamnèsis). Chaque fois que ce mot est utilisé dans la traduction grecque de l'Ancien Testament, il se rapporte à un sacrifice. Par exemple : « En vos jours de fêtes, solennités ou néoménies, vous sonnerez des trompettes lors de vos holocaustes et sacrifices de communion, et elles vous rappelleront au souvenir (anamnèsis) de votre Dieu. Je suis Yahvé votre Dieu » (Nb 10, 10).

Dans le nouveau testament, anamnèsis est employé 4 fois dont 3 fois pour l'institution de l'Eucharistie. Parlant des sacrifices de l'Ancien Testament, la lettre aux Hébreux dit : « Bien au contraire, par ces sacrifices eux-mêmes, on rappelle (anamnèsis) chaque année le souvenir des péchés. » C'est pourquoi, dans un contexte juif, les paroles de Jésus, « faites ceci en mémoire de moi » n'ont pas d'autre sens qu'une connotation sacrificielle.

La messe est aussi un sacrifice par ce qu'il y a des sacrificateurs, c'est-à-dire des prêtres, ce que rejette le protestantisme : Cela est l'objet d'un autre article.

À lire aussi :

Pin It

Tiktok

Facebook

Parolesdevie.bf

Ce site vous est offert par l'Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso).

Back to Top