Les catholiques n'ont pas de complexe à prier devant un crucifix, une image ou une statue. Certaines personnes pensent cependant que c'est de l'idolâtrie. Et pour cause, un passage du livre de l'Exode et un autre du livre du Deutéronome souvent mal interprétés.

1. Dieu a donné l'ordre de faire des représentations

Lorsqu'on lit bien la Bible, on s'aperçoit que Dieu lui-même a ordonné de faire des statues dès l'Ancien Testament. Dieu ne peut pas en même temps interdire les représentations et se contredire en ordonnant qu'on en produise à plusieurs reprises.

  • Dans le livre de l'Exode, on lit : « Tu feras deux chérubins d'or repoussé, tu les feras aux deux extrémités du propitiatoire » (Exode 25, 18).

  • Salomon fit graver des chérubins sur des bandes et les plaça dans le Temple (cf. 1 Rois 7, 36-37).

Il y avait aussi des statues géantes de chérubins dans le Temple, précisément dans le saint des saints :

  • « Les prêtres apportèrent l'arche de l'alliance de Yahvé à sa place, au Debir du Temple, c'est-à-dire au Saint des Saints, sous les ailes des chérubins. En effet, les chérubins étendaient leurs ailes au-dessus de l'emplacement de l'arche et faisaient un abri au-dessus de l'arche et de ses barres » (1 Rois 6, 23-30).

  • « Les prêtres apportèrent l'arche de l'alliance de Yahvé à sa place, au Debir du Temple, c'est-à-dire au Saint des Saints, sous les ailes des chérubins. En effet, les chérubins étendaient leurs ailes au-dessus de l'emplacement de l'arche et faisaient un abri au-dessus de l'arche et de ses barres » (1 Rois 8, 6-7)

Il n'est donc pas interdit de faire des représentations puisque Dieu a commandé d'en faire et que ces représentations trônaient dans une partie très sacrée du haut lieu de prière qu'est le Temple de Jérusalem.

2. L'interdiction des idoles dans l'Exode

Voici le passage du livre de l'Exode, souvent évoqué à tort pour justifier l'interdiction des représentations : « Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi. Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas, car moi Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux » (Exode 20, 3-5 repris dans Deutéronome 5, 8-9).

Si cette injonction devrait être prise à la lettre, aveuglément, sans tenir compte des autres Écritures, il serait même interdit de faire des photos, des dessins, des plans de quoi que ce soit, puisqu'il est écrit : « Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre » (Exode 20, 4).

Ce commandement de Dieu que nous venons de citer interdit plutôt d'avoir des idoles, car il est écrit expressément : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas » (Exode 20, 5). C'est ce qui arrive lorsqu'on prend ces représentations pour Dieu ou pour des divinités. On a une belle illustration à travers l'épisode du veau d'or :

« Quand le peuple vit que Moïse tardait à descendre de la montagne, le peuple s'assembla auprès d'Aaron et lui dit : "Allons, fais-nous un dieu qui aille devant nous, car ce Moïse, l'homme qui nous a fait monter du pays d'Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé... " Aaron reçut l'or de leurs mains, le fit fondre dans un moule et en fit une statue de veau ; alors ils dirent : "Voici ton Dieu, Israël, celui qui t'a fait monter du pays d’Égypte." » (Exode 32, 1.4 ; Cf. Deutéronome 5, 8-9).

Il est erroné de dire que cette statue, ce veau en or, représentait le Dieu d'Israël. En effet, le crime ici, c'est de prendre le veau d'or pour Dieu lui-même, de considérer que la statue est celui-là même qui a fait sortir le peuple d’Égypte, d'attribuer le prodige et la puissance à ce veau en or plutôt qu'à Dieu seul. C'est cela même de l'idolâtrie. C'est pourquoi la colère de Dieu s'est manifestée aussitôt. La condamnation de l’idolâtrie est constante dans la Bible. Saint Paul le synthétise bien : « Mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie ! » (1 Corinthiens 10, 14)

3. La prière devant les représentations

Prier devant des représentations qui élèvent l'esprit vers le Seigneur est bien possible. Cela se voit à travers le récit du serpent de bronze. Dieu a ordonné à Moïse de fabriquer un serpent d'airain et de le mettre sur un mât. Si quelqu'un était mordu par un serpent, il regardait le serpent d'airain et restait en vie (cf. Nombres 21, 1-9). Les gens en regardant le serpent de bronze imploraient la miséricorde de Dieu. C'était clair que la guérison ne venait pas de cette représentation, mais Dieu directement. Ce serpent d'airain fut détruit dès lors que les Israélites commencèrent à lui offrir des sacrifices, ce qui est une pratique idolâtrique (cf. 1 Rois 18, 4).

On voit aussi Josué prier devant l'arche, un objet : « Alors Josué déchira ses vêtements, se prosterna face contre terre devant l'arche de Yahvé jusqu'au soir, ainsi que les anciens d'Israël, et tous répandirent de la poussière sur leur tête. Josué dit : "Hélas, Seigneur Yahvé, pourquoi as-tu tenu à faire passer le Jourdain à ce peuple si c'est pour nous livrer à la main de l'Amorite et nous faire périr ?  » (Jos 7, 6-7)

De plus, David danse devant l'arche (un objet) mais déclare danser devant le Seigneur (cf. 2 Samuel 6, 14-23).

Jésus est l'image du Dieu invisible (cf. Colossiens 1, 15), il est Dieu lui-même fait homme (cf. Jean 1, 14), et de ce fait, peut être représenté.

Dans certaines cultures, on fait la courbette pour se saluer ; dans nos villages, on s'accroupit pour saluer les personnes âgées en signe de respect, mais cela n'est pas considéré comme de l'idolâtrie. De même que l'on ne brûlerait pas le drapeau d'un pays, qu'on ne jetterait pas à la poubelle des photos d'êtres chers, pourquoi les représentations saintes ne pourraient-elles pas être entourées de respect ? S'incliner devant des représentations ou même se prosterner devant eux ne signifie pas qu'on les prend pour les dieux. Plusieurs passages bibliques montrent que ces attitudes sont aussi des signes de respect. Par exemple, pendant la famine, « les fils d'Israël allèrent donc [en Égypte] pour acheter du grain, mêlés aux autres arrivants, car la famine sévissait au pays de Canaan. Joseph - il avait autorité sur le pays - était celui qui vendait le grain à tout le peuple du pays. Les frères de Joseph arrivèrent et se prosternèrent devant lui, la face contre terre » (Genèse 42, 5-6).

Un chrétien peut bien prier à genoux ou dans une autre posture convenable, qu'il y ait ou non une représentation devant lui. Mais il sait qu'il s'adresse, non pas à une représentation, mais à Dieu, le seul qui doit être adoré et qui ne peut être l'ouvrage de nos mains.

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