Les doctrines protestantes

Après la sainte messe, l'adoration eucharistique et la liturgie des heures, le Rosaire est, sans aucun doute, la prière la plus aimée et promue dans l’Église catholique. Cette belle et simple prière a montré sa puissance et son efficacité. Cependant, certains groupes protestants rejettent cette prière. Les uns accusent les catholiques d'adorer Marie au lieu de Dieu seul. Les autres rappellent l'ordre du Seigneur de ne pas rabâcher lorsque nous prions (Mt 6, 7). Qu'en est-il ?

1. Les catholiques adorent-ils Marie ? L'origine de la dévotion mariale

« Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi » (Dt 5, 7 ; Ex 20, 3). Tel est le premier des 10 commandements que Jésus rappelle au tentateur : « C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte » (Mt 4, 10).

Les catholiques utilisent un vocabulaire différent pour qu'il n'y ait pas de confusion. Dieu seul est digne d'adoration. C'est le seul que les catholiques adorent. Il y a aussi la vénération, qui signifie, montrer un grand respect. Les catholiques vénèrent les saints, ceux qui ont été admis au ciel, en particulier la Très Sainte Vierge Marie. De plus, les catholiques croient à l'intercession des saints, c'est-à-dire, que nous pouvons prier les saints, y compris Marie, pour qu'à leur tour ils prient l'unique Dieu pour nous et avec nous. Cela est expliqué dans cet article : Peut-on prier la Vierge Marie, les anges et les saints ?

L'origine de la vénération de la Très Sainte Vierge Marie est biblique. En effet, elle dit : « Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom » (Lc 1, 48-49). Quoi de plus normal alors pour un chrétien que de proclamer que Marie est bienheureuse, en employant de préférence des expressions sacrées tirées directement de la Bible ? D'abord, la salutation de l'Ange : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28) ! Puis, l'adresse d’Élisabeth sous l'action de l'Esprit Saint : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein » (Lc 1, 42) ! Ces versets constituent la première partie de la prière dite « Je vous salue Marie », qui est la prière la plus répétée lorsqu'on prie le Rosaire.

Si cette prière s'adresse à Marie, elle est aussi et surtout adressée à Jésus qui est mentionné deux fois : « Le Seigneur est avec vous » et « Jésus, le fruit de vos entrailles est béni ». C'est donc en même temps une prière centrée sur le Christ, une prière qui loue la grandeur de notre Seigneur. Marie est bénie parce que Jésus l'est en tout premier lieu. Il est d'usage de dire le Rosaire médité, en se rappelant avant chaque dizaine d'un mystère de la vie de Jésus (sa nativité, sa présentation au Temple, etc.).

2. Les prières répétitives

« Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. N'allez pas faire comme eux ; car votre Père sait bien ce qu'il vous faut, avant que vous le lui demandiez » (Mt 6, 7-8).

Ce que Jésus proscrit, ce sont les pratiques païennes dans lesquelles on croit qu'on est exaucé en disant avec précision certaines paroles et en accomplissant fidèlement certains actes. Cela peut se voir avec les 400 prophètes de Baal : « Ils prirent le taureau et le préparèrent, et ils invoquèrent le nom de Baal, depuis le matin jusqu'à midi, en disant : "O Baal, réponds-nous !" Mais il n'y eut ni voix ni réponse ; et ils dansaient en pliant le genou devant l'autel qu'ils avaient fait. À midi, Élie se moqua d'eux et dit : "Criez plus fort, car c'est un dieu : il a des soucis ou des affaires, ou bien il est en voyage ; peut-être il dort et il se réveillera !" Ils crièrent plus fort et ils se tailladèrent, selon leur coutume, avec des épées et des lances jusqu'à l'effusion du sang » (1 R 18, 26-28).

La Bible n'interdit pas les prières répétitives. On le voit dans l'Apocalypse : « Les quatre Vivants, portant chacun six ailes, sont constellés d'yeux tout autour et en dedans. Ils ne cessent de répéter jour et nuit : "Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, Il était, Il est et Il vient" » (Ap 4, 8). Cela est conforme à la vision du prophète Isaïe : « L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traîne emplissait le sanctuaire. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui, ayant chacun six ailes, deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler. Ils se criaient l'un à l'autre ces paroles : "Saint, saint, saint est Yahvé Sabaot, sa gloire emplit toute la terre" » (Is 6, 1-3). Si Dieu avait en horreur les prières répétitives, comment supporterait-il qu'on lui lance sans fin qu'il est trois fois Saint ?

De plus, on peut bien prier avec les Psaumes comme Jésus l'a fait (Mt 26, 30 ; Mt 27, 46), selon ce qui est écrit : « Chantez à Dieu de tout votre cœur avec reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés » (Col 3, 16 ; Ep 5, 19). Lorsqu'on prie avec le Psaume 136(135), on répète jusqu'à 26 fois l'expression « éternel est son amour ! » Voici les deux premiers versets : « Alléluia ! Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour ! Rendez grâce au Dieu des dieux, car éternel est son amour » !

Le cantique des trois enfants (qui ne se trouve pas dans les bibles protestantes) répète à volonté l'expression « bénissez le Seigneur : chantez-le, exaltez-le éternellement » (Dn 3, 57-88) !

Enfin, c'est parce qu'ils redoublaient d'efforts en criant « Seigneur ! Aie pitié de nous, fils de David ! » que les aveugles de Jéricho furent guéris (Mt 20, 30-31). Jésus lui-même a prié dans le jardin des Oliviers en répétant trois fois ces mêmes paroles : « Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux » (Mt 26, 39-44).

Nous sommes donc invités à prêter attention aux paroles que nous prononçons dans nos prières, en ayant conscience de leur signification et en luttant contre les distractions.

3. Les prières qui composent le Rosaire

Plusieurs prières sont dites dans la récitation du saint Rosaire qui consiste en 4 fois le chapelet :

La première partie de cette prière provient de la Bible et a été développée plus haut. La seconde partie a été ajoutée par l’Église et contient en condensé l'expression de plusieurs doctrines catholiques :

Nous voulons conclure avec ces paroles de Pape Paul VI : « Le Rosaire est une prière excellente, au regard de laquelle le fidèle doit pourtant se sentir sereinement libre, invité à le réciter, en toute quiétude, par sa beauté intrinsèque » (Paul VI, Exhortation apostolique Marialis cultus, n°55).


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)

Cet article est extrait de son livre : La foi catholique face aux doctrines protestantes

Il est aussi l'auteur du livre : Mon corps et l'amour : la Bonne Nouvelle sur la sexualité