Les doctrines protestantes

Pour les catholiques, quoi de plus normal que d'appeler Marie, « la mère de Dieu », en grec « Théotokos ». Cette expression est reprise dans la belle prière du « Je vous salue Marie ». Par contre, certaines protestantes ont du mal avec cette appellation qui découle de la Bible.

1. Les sources bibliques

Quand Marie rend visite à Élisabeth, celle-ci, sous l'action de l'Esprit Saint s'écrie : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 42-43). La Bible appelle donc Marie la « mère du Seigneur » et nous disons qu'elle est la « mère de Dieu », car avec l'Apôtre Thomas, nous reconnaissons en Jésus « notre Seigneur et notre Dieu » (Jn 20, 28).

D'ailleurs quand Élisabeth parle de « la mère du Seigneur » (Lc 1, 43), cela peut signifier directement « la mère de Dieu ». En effet, par respect, les juifs ne prononçaient pas le nom de Dieu révélé à Moïse (Ex 3, 14-15) et transcrit en hébreu par les quatre lettres YHYV. Au fil du temps, ils prononçaient « Adonaï » c'est-à-dire « Seigneur », chaque fois qu'ils devaient lire le nom de Dieu. C'est ainsi que dans la traduction grecque de l'Ancien Testament appelée la septante, YHYV a été traduit par « kyrios », ce qui signifie « Seigneur ». Et le Nouveau Testament, entièrement écrit en grec, garde cet héritage.

Jésus a existé évidemment bien avant Marie. Jésus est Dieu, qui s'est fait chair (Jn 1, 1-2) et Marie est sa vraie mère. Si nous reconnaissons que Jésus est vraiment Dieu, il n'y a pas de raisons de refuser à Marie le titre de « Mère de Dieu ».

2. L'origine de l'appellation « Mère de Dieu »

Nestorius (381 – 451), un évêque de Constantinople, a répandu l'erreur selon laquelle Marie est la mère de l'homme Jésus mais pas de la divinité de Jésus, comme si le Christ était divisé : c'est le nestorianisme. Cette hérésie a été condamnée par le Concile d’Éphèse en 431 et le Concile de Calcédoine en 451. En effet, le Christ est vrai Dieu et vrai homme, sa nature divine et sa nature humaine étant unies dans une même personne, Jésus.

Nestorius, et certains protestants se basent sur la lettre aux Hébreux, parlant de Melchisédech « qui est sans père, sans mère, sans généalogie, dont les jours n'ont pas de commencement et dont la vie n'a pas de fin, qui est assimilé au Fils de Dieu, ce Melchisédech demeure prêtre pour toujours. » (He 7, 3) Ils voudraient conclure que puisque Jésus n'a pas de père terrestre, il n'a pas non plus de mère terrestre non plus. Cette déduction est contraire aux Écritures qui appellent expressément Marie, la mère de Jésus (Ac 1, 14). Dans ce passage de la lettre aux Hébreux, l'auteur veut dire simplement que les Écritures ne parlent ni des parents de Melchisédech, ni de sa naissance ni de sa mort. Melchisédech n'est pas Dieu, sans commencement ni fin. Il n'est pas tombé du ciel, il est né d'un père et d'une mère. Seulement, le livre de la Genèse n'en fait pas mention.

La doctrine protestante du « solus Christus », signifiant : « le Christ uniquement », pousse les membres de certaines dénominations à se méfier des titres de Marie, pensant par là qu'elle prendrait plus de place dans la vie du Chrétien au détriment du Christ. C'est ignorer les Écritures qui rapportent ces paroles de Marie : « Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse. » (Lc 1, 48) Il ne nous reste plus qu'à déclarer Marie bienheureuse, en reconnaissant en elle l'insigne honneur qu'elle a reçu de Dieu lui-même d'être la Théotokos, la Mère de Dieu, cela conformément aux Écritures.