Quelques généralités sur le jeûne catholique

« La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. L’Écriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière, l’aumône (cf. Tb 12, 8 ; Mt 6, 1-18), qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyre, ils citent, comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain (cf. Jc 5, 20) l’intercession des saints et la pratique de la charité "qui couvre une multitude de péchés" (1 P 4, 8) » (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1434).

C’est pourquoi « tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s'adonneront d'une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, se renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l'abstinence. […] Les jours et temps de pénitence pour l'Église tout entière sont chaque vendredi de toute l'année et le temps du Carême. […]» (Canons 1249-1250).

Les évêques du Burkina et du Niger ont fixé comme effort minimal de jeûne pendant le temps de carême, de ne prendre qu’un repas par jour le mercredi des cendres et le vendredi saint (cf. Mandement de Carême 2011 de l’archevêque de Ouagadougou). Le coût des repas non consommés est généralement donné aux pauvres.

Le jeûne requiert une certaine discrétion. Jésus donne cet enseignement à ce sujet : « Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites : ils prennent une mine défaite, pour que les hommes voient bien qu'ils jeûnent. En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6, 16-18).

Le jeûne chrétien n’a pas de sens s’il n’est pas vécu dans un esprit de prière et de conversion, dans la discrétion. C’est pourquoi le jeûne rituel (jeûner simplement parce que c’est prescrit, ou jeûner pour faire comme tout le monde), le jeûne esthétique (jeûner en vue de maigrir ou de garder la ligne) ainsi que le jeûne politique (grève de la faim) n’ont pas de valeur spirituelle : « – Pourquoi avons-nous jeûné sans que tu le voies, nous sommes-nous mortifiés sans que tu le saches ? – C'est qu'au jour où vous jeûnez, vous traitez des affaires, et vous opprimez tous vos ouvriers. C'est que vous jeûnez pour vous livrer aux querelles et aux disputes, pour frapper du poing méchamment. Vous ne jeûnerez pas comme aujourd'hui, si vous voulez faire entendre votre voix là-haut ! » (Is 58, 3-4).

Le jeûne, privation volontaire de nourriture

Le jeûne est une privation volontaire de nourriture. La privation n’est pas valable seulement entre le lever et le coucher du soleil. Le Psalmiste fait remarquer que le jour et la nuit sont pareils pour Dieu.

« Où donc aller, loin de ton souffle ?
Où m’enfuir, loin de ta face ?
Je gravis les cieux : tu es là ;
Je descends chez les morts : te voici.

J’avais dit : « Les ténèbres m’écrasent ! »
Mais la nuit devient lumière autour de moi.
Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre,
Et la nuit comme le jour est lumière ! » (Ps 138, 7-8.11-12)

Et l’Écriture rappelle à plusieurs reprises que ce qui est fait dans le secret, même en pleine nuit, est connu de Dieu : « Malheur à ceux qui se terrent pour dissimuler à Yahvé leurs desseins, qui trament dans les ténèbres leurs actions et disent : "Qui nous voit ? Qui nous connaît ?" » (Is 29, 15). Le jeûne chrétien est un jeûne en « esprit et en vérité » (Jn 4, 24) de sorte qu’il n’y a pas à surveiller sa montre, le soleil ou la lune pour commencer ou interrompre le jeûne.

« Jésus, rempli d'Esprit Saint, revint du Jourdain et il était mené par l'Esprit à travers le désert durant 40 jours, tenté par le diable. Il ne mangea rien en ces jours-là et, quand ils furent écoulés, il eut faim » (Lc 4, 1-2). Il est possible que pendant le jeûne, le chrétien éprouve la faim. Toutefois, il ne peut pas, pour limiter la faim, anticiper les repas de la journée avant le lever du jour, ni les rattraper dès le coucher du soleil ou encore manger ce qu’il y a de meilleur et en abondance le soir venu. Il mange à son heure habituelle, se privant des repas qu’il s’est fixés pour son jeûne. Il n’y a donc pas de repas spécial ni de boisson spéciale à apprêter pour rompre son jeûne, car cela est contraire à l’esprit de mortification recherché. Pour cette raison, il ne convient pas d’offrir du sucre aux chrétiens pendant le temps de carême.

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« Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est dans l'esprit et la vérité qu'ils doivent adorer » (Jn 4, 24). Ainsi en est-il pour le jeûne.

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Ce site vous est offert par l'Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso).

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