Si dans l’Ancien Testament, et ce selon la pédagogie divine, existaient des interdits alimentaires, notamment l’interdiction de manger de la viande du porc, l’enseignement de Jésus, plénitude de la Révélation, a clairement montré que « le règne de Dieu n'est pas affaire de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint » (Rm 14, 17), « car tout ce que Dieu a créé est bon et aucun aliment n'est à proscrire, si on le prend avec action de grâces : la parole de Dieu et la prière le sanctifient » (1 Tm 4, 4-5).

Les interdits alimentaires de l’Ancien Testament

Moïse (environ 1250 ans avant Jésus Christ) a donné ainsi à son peuple des « lois de pureté » (cf. Lv 11-16) : est pur ce qui peut rapprocher de Dieu, est impur ce qui rend inapte à son culte ou en est exclu. Quelques unes de ces règles concernent les aliments :

« Parle aux Israélites, dis-leur : Vous ne mangerez pas de graisse de taureau, de mouton ou de chèvre. La graisse d'une bête morte ou déchirée pourra servir à tout usage, mais vous n'en mangerez point. Quiconque en effet mange la graisse d'un animal dont on offre un mets à Yahvé, celui-là sera retranché de sa race. Où que vous habitiez, vous ne mangerez pas de sang, qu'il s'agisse d'oiseau ou d'animal. Quiconque mange du sang, quel qu'il soit, celui-là sera retranché de sa race » (Lv 7, 23-27).

« Vous tiendrez pour impur : le chameau, le daman, le lièvre, le porc. Vous ne mangerez pas de leur chair ni ne toucherez à leur cadavre, vous les tiendrez pour impurs … Tout ce qui n'a point nageoires et écailles, dans les mers ou dans les fleuves, entre toutes les bestioles des eaux et tous les êtres vivants qui s'y trouvent, vous les tiendrez pour immondes … Voici, parmi les oiseaux, ceux que vous tiendrez pour immondes ; on n'en mangera pas, c'est chose immonde : le vautour-griffon, le gypaète, l'orfraie, le milan noir, les différentes espèces de milan rouge, toutes les espèces de corbeau … Toute bestiole qui grouille sur terre est immonde, on n'en mangera pas … » (cf. Lv 11).

La consommation du sang est interdite car le sang est le principe vital de l’homme et de l’animal. Il sert aux cultes et aux différents rituels : « Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes. Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est-à-dire le sang. Mais je demanderai compte du sang de chacun de vous. J'en demanderai compte à tous les animaux et à l'homme, aux hommes entre eux, je demanderai compte de l'âme de l'homme » (Gn 9, 3-5).

Compte tenu du climat semi-désertique, la graisse et les excréments d’animaux séchés servaient aux hébreux de combustible. Manger de la graisse, c’est priver la société d’un élément important pour allumer le feu.

Le chameau est une bête de somme qui sert aussi de monture (cf. Gn 24). On fabriquait des fourrures avec son poil (cf. l’habit de Jean-Baptiste dans le désert en Mt 3, 4). Il était l’ami de l’homme.

Le hibou et le corbeau dévorent les cadavres humains (cf. Mt 24, 28). Tobie par exemple s’est dévoué à enterrer les morts abandonnés sans sépulture (cf. Tb 1-2). Il ne faut pas oublier non plus que « celui qui touche un cadavre, quel que soit le mort sera impur sept jours » (Nb 19, 11).

L’horreur pour la viande de porc se rencontrait dans tout l’Ancien Orient. Le porc mange n’importe quel aliment. On pourrait se souiller en le mangeant. Le livre des Maccabées rapporte l’héroïsme d’un docteur de la loi (cf. 2 M 6, 18-31), puis d’une femme et de ses sept enfants, fidèles au Seigneur, ayant subi le martyre parce qu’ils ont refusé de manger de la viande de porc (cf. 2 M 7).

Quant au serpent, il est la représentation même du diable (Cf. Gn 3).

Cette règlementation sur la nourriture, qui était un apprentissage de la notion de « pur » et d’ « impur » va évoluer avec l’enseignement de Jésus dans le Nouveau Testament.

L’enseignement de Jésus sur la nourriture

Des pharisiens et des scribes se sont approchés de Jésus pour lui demander pourquoi ses disciples mangeaient sans avoir fait des ablutions. « Et ayant appelé de nouveau la foule près de lui, il leur disait : "Écoutez-moi tous et comprenez ! Il n'est rien d'extérieur à l'homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller, mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende !" Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l'homme ne peut le souiller, parce que cela ne pénètre pas dans le cœur, mais dans le ventre, puis s'en va aux lieux d'aisance" (ainsi il déclarait purs tous les aliments). Il disait : "Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme. Car c'est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l'homme"» (Mc 7, 14-15.18b-23).

Par cet enseignement clair, Jésus annule les interdits alimentaires de l’Ancien Testament qui ne renvoient pas à l’essentiel de la foi. La vraie souillure, le péché, est à rechercher dans le cœur de l’homme.

Pierre eut du mal à se détacher de ces anciennes prescriptions. Dans une vision « il voit le ciel ouvert et un objet, semblable à une grande nappe nouée aux quatre coins, en descendre vers la terre. Et dedans il y avait tous les quadrupèdes et les reptiles, et tous les oiseaux du ciel. Une voix lui dit alors : "Allons, Pierre, immole et mange." Mais Pierre répondit : "Oh non ! Seigneur, car je n'ai jamais rien mangé de souillé ni d'impur !" De nouveau, une seconde fois, la voix lui parle : "Ce que Dieu a purifié, toi, ne le dis pas souillé" » (Ac 10, 11-15).

Saint Paul l’enseigne aux Corinthiens : « Si je prends quelque chose en rendant grâce, pourquoi serais-je blâmé pour ce dont je rends grâce? Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Co 10, 30-31). Toutefois, il met en garde contre la gourmandise : « Car il en est beaucoup, je vous l'ai dit souvent et je le redis aujourd'hui avec larmes, qui se conduisent en ennemis de la croix du Christ : leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre et mettent leur gloire dans leur honte ; ils n'apprécient que les choses de la terre » (Ph 3, 18-19).

Ainsi donc, les chrétiens peuvent manger tous les aliments, y compris la viande de porc. Les contre-indications hygiéniques ou médicales et les goûts personnels ne sont que des options particulières qui relèvent du bon sens et de la liberté individuelle, mais non de Dieu.

Le respect dû aux personnes qui ont des interdits alimentaires

Saint Paul a écrit aux Romains au sujet des chrétiens auxquels une foi insuffisamment éclairée ne donne pas des convictions assez fermes pour agir avec une conscience sûre en matière de nourriture. Son exhortation pourrait s’étendre à toutes les personnes qui observent une quelconque interdiction alimentaire : « Ce n'est pas un aliment, certes, qui nous rapprochera de Dieu. Si nous n'en mangeons pas, nous n'avons rien de moins; et si nous en mangeons, nous n'avons rien de plus » (Rm 8, 8) ... « A celui qui est faible dans la foi, soyez accueillants sans vouloir discuter des opinions. Tel croit pouvoir manger de tout, tandis que le faible ne mange que des légumes : que celui qui mange ne méprise pas l'abstinent et que l'abstinent ne juge pas celui qui mange ; Dieu l'a bien accueilli. Toi, qui es-tu pour juger un serviteur d'autrui ? Qu'il reste debout ou qu'il tombe, cela ne concerne que son maître ; d'ailleurs il restera debout, car le Seigneur a la force de le soutenir. Celui qui mange le fait pour le Seigneur, puisqu'il rend grâce à Dieu. Et celui qui s'abstient le fait pour le Seigneur, et il rend grâce à Dieu.» (Rm 14, 1-4.6b).

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Jésus dira : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jn 4, 34).

Bibliographie : Robert ABELAVA, Les interdits bibliques : une question d’exégèse et de pastorale, Kinshasa-Parakou, Verbum Bible, 2005, 110p.

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