Dans les débats sur les causes du coronavirus, un certain langage laisse transparaître que Dieu n’a pas voulu le mal mais l’aurait permis. Dieu aurait donné, exceptionnellement un « laissez-passer » au coronavirus qui ne cesse de se propager dans le monde. Si une telle position marque déjà une avancée par rapport à celle de la culpabilisation de Dieu, elle comporte aussi des faiblesses voire s’avère incohérente dans une perspective chrétienne. Car Dieu, dans son grand amour, ne peut rester insensible au mal, au sort de l’humanité en péril, et encore moins s’en réjouir : il souffre de l’apparition de tout mal dans le monde ;lui comme Jésus son fils, se tient du côté et aux côtés de ceux qui souffrent. En effet, comme le note le théologien orthodoxe Olivier Clément, « Dieu n’a pas créé le mal,…il qu’il ne l’a pas permis »[1].

Le développement du Covid-19 dans le monde ne serait donc pas la conséquence d’une permission divine directe ou indirecte. Dieu, en laissant l’homme jouir de sa liberté, ne lui a pas donné par ricochet la permission de susciter, commettre ou multiplier le mal dans le monde. En effet, qui peut donner une permission ? C’est seulement celui à qui revient par responsabilité la capacité de donner une réponse positive ou négative à une demande, de s’opposer ou d’empêcher la réalisation d’une requête ou d’un projet. En d’autres termes, « une permission ne serait pas une permission si celui qui la donne n’était pas en mesure d’en interdire la teneur à volonté »[2].

Or en méditant sur la relation entre l’amour de Dieu et le respect qu’il a de la liberté de l’homme, notre Dieu, qui est par nature Amour, ne semble plus avoir qu’un choix entre le respect et l’interdiction de la liberté de l’homme : Dieu ne peut pas aimer l’homme tout en le privant de sa liberté. Dieu ne sait qu’aimer et respecter la liberté de l’homme. Dieu est fidèle à son amour et ne peut pas se renier, c’est-à-dire renier sa nature d’amour. Le mauvais usage de la liberté humaine ou le développement du mal dans le monde tel que le Covid-19 ne peut donc pas faire l’objet d’une permission divine. Le Covid-19 serait-il alors un œuvre du Diable ?

 

 

Notes : 

[1] Olivier Clément, Notre Père, Socéval, Paris 1998, p. 52.

[2] Frère Emmanuel de Taizé, Un amour méconnu, au-delà des représentations spontanées de Dieu, Bayard, Paris 2008, p. 30.

 

Abbé Valery SAKOUGRI,
Vicaire à la paroisse de Pabré
BURKINA FASO

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